J'ai vécu seul. Sans personne avec qui parler véritablement. Jusqu'à une panne dans le désert du Sahara, il y a six ans. Quelque chose s'était cassé dans mon moteur, et comme je n'avais avec moi ni mécanicien, ni passagers, je me préparai à essayer de réussir, tout seul, une réparation difficile. C'était pour moi une question de vie ou de mort. J'avais à peine de l'eau à boire pour huit jours. Le premier soir je me suis donc endormi sur le sable, à mille milles de toute terre habitée. J'étais bien plus isolé qu'un naufragé sur un radeau au milieu de l'océan. Alors vous imaginez ma surprise, au lever du jour, quand une drôle de petite voix m'a réveillé. - S'il vous plaît... ... dessine-moi un mouton. - Hein? - Dessine-moi un mouton! J'ai sauté sur mes pieds comme si j'avais été frappé par la foudre. J'ai bien frotté mes yeux, j'ai bien regardé, et j'ai vu un petit bonhomme tout à fait extraordinaire qui me considérait gravement. Il me semblait ni égaré, ni mort de faim, ni mort de fatigue, ni mort de soif, ni mort de peur. Il n'avait en rien l'apparence d'un enfant perdu au milieu du désert, à mille milles de toute région habitée. - Mais qu'est-ce que tu fais là? - S'il vous plaît... ... dessine-moi un mouton. Quand le mystère est trop impréssionnant, on n'ose pas désobéir. Aussi absurde que cela me semblât, je sortis de ma poche une feuille de papier, un stylographe, et je dessinai. Il regarda attentivement. - Non! Celui-là est déja très malade. Fais-en un autre. Je dessinais un autre mouton. - Tu vois bien... ... ce n'est pas un mouton, c'est un bélier, il a des cornes. Je refis donc encore mon dessin. - Celui-là est trop vieux. Je veux un mouton qui vive longtemps. J'avais hâte de commencer le démontage de mon moteur, je griffonnai une caisse avec trois trous d'aération, et lançai: - Ça, c'est la caisse. Le mouton que tu veux est dedans. - C'est tout à fait comme ça que je le voulais! -Crois-tu qu'il faille beaucoup d'herbe à ce mouton? - Pourquoi? - Parce que chez moi c'est tout petit. - Ça suffira sûrement, je t'ai donné un tout petit mouton. - Pas si petit que ça... -Tiens ! Il s'est endormi. Et c'est ainsi que je fis la connaissance du petit prince. Il me fallut longtemps pour comprendre d'où il venait. Le petit prince, qui me posait beaucoup de questions, ne semblait jamais entendre les miennes. Ce sont des mots prononcés par hasard qui, peu à peu, m'ont tout révélé. Ainsi, quand il aperçut pour la première fois mon avion: - Qu'est-ce que c'est que cette chose-là? - Ce n'est pas une chose. Ça vole. C'est un avion. C'est mon avion. - Comment ! Tu est tombé du ciel ? - Oui. - Ah, ça c'est drôle! Alors toi aussi tu viens du ciel? De quelle planète es-tu? - Tu viens donc d'une autre planète ? - C'est vrai que, là-dessus, tu ne peux pas venir de bien loin... - Et toi, d'où viens-tu mon petit bonhomme ? Hm ? Où est-ce "chez toi" ? Où vas-tu emporter mon mouton ? - Ce qui est bien, avec la caisse que tu m'as donnée, c'est que la nuit, ça lui servira de maison. - Bien sûr. Et si tu es gentil, je te donnerai aussi une corde pour l'attacher pendant le jour, et un piquet. - L'attacher ? Quelle drôle d'idée ! - Si tu ne l'attaches pas, il ira n'importe où ! - Mais où veux-tu qu'il aille ? - N'importe où ! Droit devant lui... - Ça ne fait rien. C'est tellement petit, chez moi ! Droit devant soi on ne peut pas aller bien loin... J'avais ainsi appris une chose très importante: C'est que sa planète d'origine était à peine plus grande qu'une maison. Ah ! Petit prince, j'ai compris, peu à peu, au hasard des réflexions, ta petite vie mélancolique. Tu n'avez eu longtemps pour distraction que la douceur des couchers de soleil. - J'aime bien les couchers de soleil ! Allons voir un coucher de soleil... - Mais il faut attendre... - Attendre quoi ? - Attendre que le soleil se couche! - Je me crois toujours chez moi ! - En effet ! Quand il est midi aux Etats-Unis, le soleil, tout le monde le sait, se couche sur la France. Il suffirait de pouvoir aller en France en une minute pour assister au coucher de soleil. Malheureusement la France est bien trop éloignée. Mais, sur ta si petite planète, il te suffisait de tirer ta chaise de quelques pas. Et tu regardais le crépuscule chaque fois que tu le désirais... - Un jour, j'ai vu le soleil se coucher quarante-trois fois ! Tu sais... quand on est tellement triste, on aime les couchers de soleil... - Le jour des quarante-trois fois, tu était donc tellement triste ? Le cinquième jour j'étais très occupé à essayer de dévisser un boulon trop serré de mon moteur. J'étais très soucieux car ma panne commençait de m'apparaître comme très grave, et l'eau à boire qui s'épuisait me faisait craindre le pire. - Un mouton, ça mange les arbustes ? - Oui. - Et les fleurs ? - Mais un mouton mange tout ce qu'il rencontre. - Même les fleurs qui ont des épines ? - Même les fleurs qui ont des épines. - Alors les épines, à quoi servent-elles ? Les épines, à quoi servent-elles ?! - Les épines, ça ne sert à rien ! C'est de la pure méchanceté de la part des fleurs. - Oh !... Je ne te crois pas. Les fleurs sont faibles. Elles sont naïves. Elle se rassurent comme elles peuvent. Elles se croient terribles avec leurs épines. Et tu crois, toi, que les fleurs... - Mais non ! Mais non ! Je ne crois rien ! J'ai répondu n'importe quoi ! Je m'occupe, moi, de choses sérieuses ! - De choses sérieuses ?! - Oui ! - Tu parles comme les grandes personnes ! Tu confonds tout, tu mélanges tout ! Je connais une planète où il y a un monsieur cramoisi. Il n'a jamais respiré une fleur. Il n'a jamais regardé une étoile. Il n'a jamais aimé personne. Il n'a jamais rien fait d'autre que des additions. Et toute la journée il répète comme toi: « Je suis un homme sérieux ! Je suis un homme sérieux ! » Et ça le fait gonfler d'orgueil. Mais ce n'est pas un homme, c'est un champignon ! - Un quoi ?... - Un champignon ! Il y a des millions d'années que les fleurs fabriquent des épines ! Il y a des millions d'années que les moutons mangent quand même les fleurs. Et ce n'est pas sérieux de chercher à comprendre pourquoi se donnent tant de mal pour se fabriquer des épines qui ne servent jamais à rien ?! Ce n'est pas important la guerre des moutons et des fleurs ?! Ce n'est pas plus sérieux et plus important que les additions d'un gros monsieur rouge ?! Et si je connais, moi, une fleur unique au monde, qui n'existe nulle part, sauf dans ma planète ? Et qu'un petit mouton peut anéantir d'un seul coup, comme ça, un matin, sans se rendre compte de ce qu'il fait, ce n'est pas important, ça ? Si quelqu'un aime une fleur qui n'existe qu'à un exemplaire dans les millions et millions d'étoiles, ça suffit pour qu'il soit hereux quand il les regarde. Il se dit: « Ma fleur est là quelque part... » Mais si le mouton mange la fleur, c'est pour lui comme si, brusquement, toutes les étoiles s'éteignaient ! Et ce n'est pas important ça ?! - Et si... ? La nuit était tombée. J'avais laché mes outils. Je me moquais bien de mon marteau, de mon boulon de la soif, et de la mort... Il y avait, sur une étoile, une planète, la mienne, la Terre, un petit prince à consoler. Je le pris dans les bras. Je le berçais. Je lui disais: « La fleur que tu aimes n'est pas en danger ! Je lui dessinerai une muselière, hm, à ton mouton. Hm ? Je te dessinerai une armure pour ta fleur. Je... » Bof, je ne savais pas trop quoi dire... Je me sentais très maladroit. Je ne savais comment l'atteindre, où le rejoindre. C'est tellement mystérieux, le pays des larmes... J'appris bien vite à mieux connaitre cette fleur. Elle avait germé un jour d'une graine apportée d'on ne sait où. Le petit prince sentait bien qu'il en sortirait une apparition miraculeuse, mais la fleur n'en finissait pas de se préparer à être belle, à l'abri de sa chambre verte. Elle choisissait avec soin ses couleurs, elle s'habillait lentement, elle ajustait un à un ses pétales. Elle ne voulait pas sortir toute frippée comme les coquelicots. Elle ne voulait apparaître que dans le plein rayonnement de sa beauté. Eh oui ! Elle était très coquette. Sa toilette mystérieuse avait donc duré des jours et des jours. Et puis voici qu'un matin, justement à l'heure du lever du soleil, elle s'était montrée. ... - Ah !... Je me réveille à peine... Oh, je vous demande pardon, je suis encore toute décoiffée ! - Que vous êtes belle ! - N'est-ce pas ?... Et je suis née en même temps que le soleil ! - Oui. - Eh-heh... C'est l'heure, je crois, du petit déjeuner. Auriez-vous la bonté de penser à moi ? Et le petit prince, tout confus, ayant été chercher un arrosoir d'eau fraîche, avait servi la fleur. Ainsi l'avait-elle bien vite tourmenté par sa vanité un peu ombrageuse. Un jour, par exemple, parlant de ses quatre épines - Ils peuvent venir, les tigres, avec leurs griffes ! - Mais il n'y a pas de tigres sur ma planète ! Et puis les tigres ne mangent pas d'herbe. - Je ne suis pas une herbe. - Oh ! Pardonnez-moi... - Je ne crains riens des tigres, mais j'ai horreur des courants d'air. Vous n'auriez pas un paravent ? Et puis, le soir, mettez moi sous globe. Il fait très froid chez vous. C'est mal installé. Là d'où je viens... Mais elle s'était interrompue. Elle était venue sous forme de graine. Elle n'avait rien pu connaître des autres mondes. Humiliée de s'être laissée surprendre à préparer un mensonge aussi naïf, elle avait toussé deux ou trois fois pour mettre le petit prince dans son tort. Et le petit prince, malgré la bonne volonté de son amour, avait vite douté d'elle. Il avait pris au sérieux des mots sans importance, et était devenu très malhereux. « J'aurais dû ne pas l'écouter. Il ne faut jamais écouter les fleurs. Il faut les regarder et les respirer. La mienne embaumait ma planète. Mais je ne savais pas m'en réjouir. Elles m'embaumait et m'éclairait ! Je n'aurais jamais dû m'enfuir ! J'aurais dû deviner sa tendresse derrière ses pauvres ruses. Les fleurs sont si contradictoires ! J'étais trop jeune pour savoir l'aimer. » Je crois qu il profita, pour son évasion, d'une migration d'oiseaux sauvages. Il arrosa une dernière fois la fleur, se prépara à la mettre à l'abri sous son globe, et se découvrit l'envie de pleurer. - Adieu... Adieu ! ... J'ai été sotte. Je te demande pardon. Tâche d'être hereux... Je t'aime. Ah oui, je t'aime. Mais oui ! Tu n'en a rien su, par ma faute... Ça n'a aucune importance. Mais tu as été aussi sot que moi. Tâche d'être hereux... Laisse ce globe tranquille, je n'en veux plus. - Mais le vent... - Oh, je ne suis pas si enrhumée que ça... L'air frais de la nuit me ferait du bien. Je suis une fleur. - Mais les bêtes... - Il faut bien que je supporte deux ou trois chenilles si je veux connaître les papillons. Il paraît que c'est tellement beau... Sinon qui me rendra visite ? Tu sera loin, toi. Quant aux grosses bêtes, je ne crains rien, j'ai mes griffes. Ne traîne pas comme ça, c'est agaçant. Tu a décidé de partir, va-t'en ! Le petit prince commença par visiter les planètes voisines pour y chercher une occupation et pour s'instruire. La première était habitée par un roi. La seconde, par un vaniteux. La troisième, par un buveur. La quatrième, par un businessman (le grand monsieur cramoisi de tout à l'heure). Après chaque visite, le petit prince se disait en lui-même que les grandes personnes étainent décidément très, très bizarres. La cinquième planète était fort curieuse. C'était la plus petite de toutes. Il y avait là juste assez de place pour loger un réverbère et un allumeur de réverbères. Le petit prince ne parvenait pas à s'expliquer à quoi pouvait servir, quelque part dans le ciel, sur une planète sans maison ni population, un réverbère et un allumeur de réverbères. « Quand il allume son réverbère, c'est comme s'il faisait naître une étoile de plus. Ou une fleur... Quand il éteint son réverbère ça endort la fleur ou l'étoile. C'est une occupation très jolie. C'est véritablement utile puisque c'est joli. » - Bonjour. Pourquoi viens-tu d'éteindre ton réverbère ? - C'est la consigne. Bonjour. - Qu'est-ce que la consigne ? - C'est d'éteindre mon réverbère. Et bonsoir. - Mais pouquoi viens-tu de le rallumer ? - Eh, c'est la consigne ! - Je ne comprends pas... - Mais il n'y a rien à comprendre ! La consigne c'est la consigne. Bonjour. Je fais là un métier terrible... autrefois c'était raisonnable. J'éteignais le matin et j'allumais le soir. J'avais le reste du jour pour me reposer, le reste de la nuit pour dormir. - Et depuis cette époque, la consigne a changé ? - La consigne n'a pas changé, et c'est bien là le drame ! La planète d'année en année a tourné de plus en plus vite, et la consigne n'a pas changé ! - Alors ? - Alors maintenant qu'elle fait un tour par minute, je n'ai plus une seconde de repos ! J'allume et j'éteins une fois par minute ! - Ça, c'est drôle ! Alors les jours chez toi durent une minute ?! - Ça non, ce n'est pas drôle du tout. Ça fait déja un mois que nous parlons ensemble. - Un mois ?! - Mais oui ! Trente minutes - trente jours ! Et bonsoir ! - Tu sais, je connais un moyen de te reposer quand tu voudras ! - Eh , heuh, je veux toujours !... - Ta planète est tellement petite que tu en fais le tour en trois enjambées. Tu n'a qu'à marcher assez lentement pour rester toujours au soleil. Quand tu voudras te reposer tu marcheras... et le jour durera aussi longtemps que tu voudras. - Ça ne m'avance pas grande chose. Ce que j'aime dans la vie, c'est dormir ! - Ce n'est pas de chance... - Ce n'est pas de chance. Bonjour. ... - C'est le seul dont j'eusse pu faire mon ami... Mais sa planète est vraiment trop petite. Il n'y a pas de place pour deux. Ce que le petit prince n'osait pas s'avouer, c'est qu'il regrettait cette planète bénie à cause, surtout, des mille quatre cent quarante couchers de soleil par vingt-quare heures. La sixième planète était habité par un géographe qui conseillait aux petits princes d'aller visiter la planète terre elle a bonne réputation lui dit-il. la septième planète fût donc la terre le petit prince fût bien surpris de n'y voir personne il avait peur de s'être trompé de planète. quand un anneau couleur de lune remua dans le sable Un serpent! à tout hasard le petit prince lui souhaita bonne nuit Bonne nuit sur quelle planète suis-je tombé sur la Terre, en Afrique ah il n'y avait personne sur la terre Ici c'est le désert, il n'y a personne dans le désert La Terre est grande! Regarde ma planète elle es juste au dessus de nous Elle est belle. Que viens-tu faire ici? j'ai des difficultés avec une fleur - Ah. où sont les hommes? on est un peu seuls dans le désert! On est seul aussi chez les hommes. Tu es une drôle de bête! mince comme un doigt! - Mais je suis plus puissant que le doigt d'un roi. Tu n'es pas bien puissant, Tu n'as même pas de pattes Tu ne peux même pas voyager Je puis t'emporter plus loin qu'un navire. celui que je touche je le rend à la Terre dont il est sorti mais tu es pur et tu viens d'une étoile. tu me fais pitié toi si faible sur cette terre de granit je puis t'aider un jour si tu regrettes trop ta planète je puis... - Oh j'ai très bien compris mais pourquoi parles-tu toujours par énigmes? Je les résous toutes le petit prince ayant longtemps marché à travers les sables, les rocks et les neiges découvrît enfin une route et les routes vont toutes chez les hommes et les hommes ont des jardins fleuris de roses et les roses accueillirent le petit prince Bonjour Qui êtes-vous? Nous sommes les Roses? et combien êtes-vous ici? 4000, 5000... Et moi qui me croyais riche d'une fleur unique! je ne possède qu'une rose ordinaire Il y en a 5000 comme elle toutes semblables dans un seul jardin je ne suis pas un bien grand prince Bonjour! Bonjour, qui es-tu? Tu es bien joli? je suis un renard viens jouer avec moi je suis tellement triste - Je ne puis pas jouer avec toi je ne sais pas apprivoisé! Ah pardon! Qu'est-ce que signifie «apprivoisé» Tu n'est pas d'ici? - Non... Que cherches-tu? Je cherche les hommes. Qu'est-ce que signifie «apprivoisé» Les hommes ils ont des fusils et il chassent C'est bien gênant! il élèvent aussi des poules, c'est leur seul intérêt. Tu cherches des poules? Non, je cherche des amis qu'est-ce que signifie «apprivoisé»? - C'est une chose trop oubliée, ça signifie créer des liens. Créer du liens? Bien sûr! Tu n'es encore pour moi qu'un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons! Et je n'ai pas besoin de toi! Et tu n'as pas besoin de moi non plus. je ne suis pour toi qu'un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m'apprivoise, nous aurons besoin l'un de l'autre, tu seras pour moi unique au monde je serai pour toi unique au monde je commence à comprendre! Il y a une fleur, je crois qu'elle ma apprivoisé. C'est possible on voit sur la terre toutes sortes de choses. Oh, ce n'est pas sur la Terre! - Sur une autre planète? - Oui - y'a des chasseurs sur cette planète? - Non - ça c'est intéressant! et des poules? - Non... Rien n'est parfait, ma vie est monotone je chasse les poulets, les hommes me chassent toutes les poules se ressemblent et tous les hommes se ressemblent je m'ennuie donc un peu! Mais, si tu m'apprivoises ma vie sera comme ensoleillée! Je reconnaîtrais un bruit de pas qui sera différent de tous les autres. les autres pas mon font rentrer sous terre le tien m'appellera hors du terrier, comme une musique et puis regarde tu vois là-bas les champs de blé? - Oui Je ne mange pas de pain le blé pour moi est inutile les champs de blé ne me rappellent rien. Mais ça c'est triste. mais tu as des cheveux couleur d'or alors ce sera merveilleux quand tu m'auras apprivoisé le blé qui est doré me fera souvenir de toi! et j'aimerai le bruit du vent dans le blé S'il te plaît, apprivoise-moi! Je veux bien, mais je n'ai pas beaucoup de temps! j'ai des amis à découvrir et beaucoup de choses à connaître. on ne connaît que les choses que l'on apprivoise! les hommes n'ont plus le temps de rien connaître, ils achètent des choses toutes faites chez les marchands et comme il n'y a point de marchands d'amis les hommes n'ont plus d'amis si tu veux un amis apprivoise-moi! Que faut-il faire? il faut être très patient tu t’assoiras d'abord un peu loin de moi comme ça dans l'herbe je te regarderai du coin de l'œil et tu ne diras rien mais chaque jour tu pourras t'asseoir un peu plus près. Le lendemain revînt le Petit Prince. ils eût mieux valu revenir à la même heure Si tu viens par exemple à quatre heures de l'après-midi dès trois heures je commencerai d'être heureux plus l'heure avancera plus je me sentirai heureux À 4h déjà je m'agiterai et m'inquiéterai je découvrirai le prix du bonheur Mais si tu viens n'importe quand je ne saurais jamais à quelle heur m'habiller le cœur! ainsi le petit prince apprivoisa le renard. et quand l'heure du départ fût proche - Je pleurerai - C'est ta faute, je ne te souhaitais point de mal! mais tu as voulu que je t'apprivoise - Bien sûr... - Mais tu vas pleurer? - Bien sûr! - Alors tu n'y gagnes rien - J'y gagne à cause de la couleur du blé Va revoir les roses tu comprendras que la tienne est unique au monde tu reviendras me dire adieu et je te ferai cadeau d'un secret Le Petit Prince s'en fût revoir les roses, comprît que la sienne est unique au monde puis, il revint vers le renard. - Adieu - Adieu, voici mon secret il est très simple, on ne voit bien qu'avec le cœur, l'essentiel est invisible pour les yeux - L'essentiel est invisible pour les yeux c'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante. c'est le temps que j'ai perdu pour ma rose... tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé. Tu es responsable de ta rose. je suis responsable de ma rose Ah ils sont bien jolis tes souvenirs mais je n'ai pas encore réparé mon avion! et je n'ai plus rien à boire Tu as soif? Cherchons un puits... J'ai soif aussi Il est absurde de chercher un puits, au hasard, dans l'immensité du désert - Enfin, mettons nous en marche Quand nous eûmes marché des heures en silence la nuit tomba et les étoiles commencèrent de s'éclairer - Les étoiles sont belles à cause d'une fleur, que l'on ne voit pas - Bien sûr - Le désert est beau - Ce qui embellit le désert c'est qu'il cache un puits quelque part... Le Petit Prince s'endormait Je le pris dans mes bras, j'étais ému Il me semblait porter un trésor fragile il me semblait même qu'il n'y eut rien de plus fragile sur la Terre... Je regardais, à la lumière de la lune, ce front pale, ces yeux clos, ces mèches de cheveux qui tremblaient au vent et je me disais: - ce que je vois là n'est qu'une écorce. Le plus important est invisible Et marchant ainsi je découvris le puits au lever du jour je croyais rever car.. C'était un puits de village il n'y avait là aucun village - Les yeux sont aveugles - Il faut chercher avec le coeur - Tu tiendras ta promesse? - Quelle promesse? - Tu sais... une muselière pour mon mouton - Je suis responsable de ma rose - Je te la dessinerai.. - Tout de suite s'il te plaît - Tout de suite? - Tu sais, ma chute sur la terre c'en sera demain l'anniversaire - J'étais tombé tout près d'ici... - Alors, ce n'est pas par hasard que, le matin où je t'ai connu, il y a huit jours tu te promenais comme ça, tout seul, à mille milles de toutes les régions habitées! - Mmm? Tu retournais vers le point de ta chute? à cause peut-être de l'anniversaire?... - Tu dois maintenant travailler -Tu dois repartir vers ta machine - Je t'attends ici - Reviens demain soir! Je repartis en me souvenant du renard On risque de pleurer un peu si l'on s'est laissé apprivoiser Le lendemain soir, lorsqu je revins de mon travail, j'aperçus de loin mon Petit Prince assis à côté du puits sur une ruine de vieux murs de pierre A qui parlait-il? - Tu ne t'en souviens donc pas? - Si! Si! C'est bien le jour mais ce n'est pas ici l'endroit... - Bien sûr - Tu verras où commence ma trace dans le sable - Tu n'as qu'a m'y attendre. J'y serai cette nuit - Tu as du bon venin? - Tu es sur de ne pas me faire souffrire longtemps? - Maintenant va t-en! Va t-en... je veux redescendre! - Alors j'ai baissé les yeux vers le pied du mur et je fis un bond il était là, dressé vers le Petit Prince un de ces serpents jaunes qui vous exécutent en trente secondes Au bruit que je fis, il disparut Mon petit bonhomme de prince c'était pale comme la neige Son coeur battait comme celui de l'oiseau qui meurt quand on a tiré à la carabine - Petit bonhomme, n'est-ce pas que c'était un reve cette histoire de serpent et de rendez-vous et d'étoile... - Ce qui est important ça ne se voit pas... - Bien sur - C'est comme pour la fleur: si tu aimes une fleur qui se trouve dans une étoile c'est doux, la nuit, de regarder le ciel - Toutes les étoiles sont fleuries - Bien sûr - Tu regarderas la nuit les étoiles - C'est trop petit chez moi pour que je montre où se trouve la mienne C'est mieux comme ça - Mon étoile ça sera pour toi une des étoiles - Alors toutes les étoiles, tu aimeras les regarder... Elles seront toutes tes amies Et puis je vais te faire un cadeau - Ah! Petit bonhomme Petit bonhomme, j'aime entendre ce rire! - Justement ce sera mon cadeau... - Que veux tu dire? - Toi, tu auras des étoiles comme personne n'en a... - Mais comment? - Quand tu regarderas ciel. - oui - la nuit - puisque j'habiterai dans l'une d'elles, puisque je rirai dans l'une d'elles alors ce sera pour toi comme si riaient toutes les étoiles - Tu auras, toi, des étoiles qui savent rire! - Et quand tu seras console (on se console toujours) - tu seras content de m'avoir connu - Tu seras toujours mon ami et tu auras envie de rire avec moi - Et tu ouvriras parfois la fenêtre, comme ça, pour le plaisir. - Et tes amis seront bien étonnés de te voir rire en regardant le ciel - Alors tu leur diras: "Oui, les étoiles ça me fait toujours rire! - Et ils te croiront fou - Je t'aurai joué un bien vilain tour... - Ce sera comme si je t'avais donné, au lieu des étoiles des tas de petits grelots qui savent rire... - Cette nuit... tu sais... ne vient pas - Je ne te quitterai pas - J'aurais l'air d'avoir mal - J'aurai un peu l'air de mourir - C'est comme ça - Ne vient pas voir ça, ce n'est pas la peine... - Je ne te quitterai pas - Je te dis ça... - C'est à cause aussi du serpent - Il ne faut pas qu'il te morde - Les serpents, c'est méchant... - ça peut mordre pour le plaisir... - C'est vrai qu'ils n'ont plus de venin pour la seconde morsure... Cette nuit-là je ne le vis pas se mettre en route Il s'était évade sans bruit Quand je réussis à le rejoindre il marchait, décidé, d'un pas rapide - Tu es là? - Tu as tort - Tu auras de la peine - j'aurais l'air d'etre mort et ce ne sera pas vrai... - Tu comprends? - C'est trop loin - Je ne peux pas emporter ce corps-là - C'est trop lourd - Mais ce sera comme une vieille écorce abandonnée - Ce n'est pas triste les vieilles écorces - Ce sera tellement amusant! - Tu auras 500 millions de grelots - Tu sais, ma fleur... - J'en suis responsable - elle est tellement faible et... - elle est tellement naive - Elle a quatre épines de rien du tout pour la protéger contre le monde - Voilà... C'est tout... Il n'y eut rien qu'un éclair jaune près de sa cheville Il demeura un instant immobile Il ne cria pas Il tomba doucement comme tombe un arbre, ça ne fit meme pas de bruit, à cause du sable. ça fait six ans déjà Si vous voyagez un jour en afrique dans le désert, et si vous arrive de passer par cet endroit où je tombais en panne, je vous en supplie ne vous pressez pas Attendez un peu Si alors un enfant vient à vous, s'il rit, s'il a les cheveux d'or, s'il ne répond pas quand on l'interroge, vous devinerez bien qui il est Alors soyez gentils! Ne me laissez pas tellement triste: écrivez-moi vite qu'il est revenu...