Je vous remercie
de me donner l'opportunité
de parler d'une chose
qui me passionne réellement :
le bonheur.
Je dirige une équipe de recherche
à l'Université de Colombie-Britannique
qui étudie la science du bonheur.
Mener une équipe de recherche,
n'est-ce pas un peu arrogant ?
Voici ce que je fais réellement.
Je travaille en réalité
avec de brillants étudiants,
diplômés, professeurs,
qui font un travail formidable pour lequel
je m'attribue le crédit sans honte.
Et ce que je vais faire maintenant
en est un autre exemple.
Et cela fait plus de dix ans
que je fais ça.
Durant les dix dernières années,
j'ai identifié trois mots.
Trois mots qui vont changer votre vie
en accroissant votre bonheur.
Mais, comme dans un viager,
(Rires)
vous allez devoir attendre jusqu'à
la toute fin pour avoir la récompense,
qui sont ces trois mots.
(Rires)
Lorsque j'ai vu le thème
de cette conférence,
« Ce que je veux être
quand je serai grand »,
j'ai pensé que c'était parfait,
vraiment parfait.
Parce que pour la plupart d'entre nous,
proche du haut de la liste,
au sommet de la liste :
nous voulons être heureux.
Et cela me rappelle une histoire -
une histoire de John Lennon,
l'ancien membre des Beatles.
John Lennon a raconté
que lorsqu'il était petit,
sa mère lui a dit :
« John, la chose la plus importante
dans la vie,
la chose la plus importante,
c'est d'être heureux. »
Alors, lorsque John était à l'école,
l'enseignant a donné un devoir à la classe
et a posé à tous les enfants une question.
Et la question était :
« Que veux-tu faire
quand tu seras grand ? »
Et John Lennon a répondu :
« Je veux être heureux ! »
Et l'enseignant lui a dit : « Non, John.
Tu n'as pas compris la question. »
Et John Lennon de répondre : « Non,
c'est vous qui ne comprenez pas la vie. »
(Rires)
Et je pense que cette critique que
John a adressée à son professeur
est une critique qui peut être adressée
aux chercheurs en santé
et aux professionnels de la santé.
Elle peut être adressée
à des gens comme moi.
Parce que nous passons
à côté de ce qu'est la vie,
le bonheur.
Laissez-moi vous le démontrer
grâce à la citation suivante.
« Vous trouverez grand avantage,
en cas de réussite,
à transformer votre misère
hystérique en malheur banal. »
Vraiment ?
Je déteste cette citation.
Et si je déteste cette citation,
c'est avant tout qu'elle est fausse.
Nous avons à présent mesuré le bonheur
chez des milliers et des milliers
d'enfants, d'adolescents et d'adultes.
Nous avons mesuré le bonheur
chez des personnes
de la Zambie à New Delhi,
de Dubaï à l'Ouest canadien.
Et ce que nous avons découvert,
c'est que le bonheur est banal,
pas le malheur.
Et la deuxième raison pour laquelle
je n'aime pas cette citation
est qu'elle place la barre
trop bas pour nous.
Elle dit que nous réussissons si nous
prenons la lie émotionnelle des gens
et si nous l'élevons un peu
au-dessus du malheur.
Vraiment ?
Nous pouvons faire plus que ça,
et nous pouvons faire mieux que ça.
Et une façon de faire plus et mieux
est ces trois mots qui peuvent
changer votre vie.
C'est en fait une citation
de Sigmund Freud,
le père de la psychologie théorique.
Il nous parle des racines
de la psychologie
à travers un spectre négatif,
et pas seulement des racines
de la psychologie,
mais de la psychologie actuelle.
J'ai dans mon bureau un dictionnaire.
C'est un grand dictionnaire contenant tous
les mots utilisés par les psychologues.
Alors j'ai pris ce dictionnaire
et j'ai regardé le mot « dépression » :
il y a 18 définitions différentes
pour la dépression.
Nous avons beaucoup de connaissances
sur la dépression.
Puis j'ai regardé « bonheur ».
18 définitions pour la dépression,
et pour le bonheur ?
Il n'était pas dans le dictionnaire,
comme si ça ne faisait pas partie
du vocabulaire des psychologues,
et ce n'est pas juste une critique
de la psychologie.
La psychologie, la médecine,
la psychiatrie et la neuroscience ;
ces disciplines se sont
traditionnellement concentrées
sur ce qui ne va pas chez vous
et comment y remédier,
c'est-à-dire les déficiences,
les maladies et les dysfonctionnements.
Et c'est vraiment une bonne chose.
C'est une bonne chose.
Grâce à ça, nous avons
de nouvelles approches
et façons d'identifier et d'aider les gens
en termes de santé mentale et physique.
C'est vraiment une bonne chose.
Mais je ne pense pas
que ce soit la seule chose.
Encore une fois, nous pouvons faire
plus que ça,
et nous pouvons faire mieux que ça.
Une façon de faire plus et mieux est une
nouvelle discipline de la psychologie -
une discipline appelée
la psychologie positive.
La psychologie positive
ne se concentre pas sur ce qui ne va pas
chez vous et comment régler ça.
La psychologie positive
se concentre sur ce qui va bien
et comment nous pouvons l'encourager.
Ce qui va bien chez vous -
ce qui va bien chez vous,
c'est votre capacité à aimer
et à être aimé des autres.
C'est votre gentillesse.
C'est votre gratitude.
C'est votre force, votre courage,
votre audace.
C'est ce qui contribue à votre prospérité
et votre épanouissement.
C'est ce qui fait que la vie
vaut la peine d'être vécue
et bien sûr, ça inclut votre bonheur.
Une des choses que la recherche
en psychologie positive nous a montré
ces vingt dernières années,
c'est qu'il n'y a pas de modèle unique
qui convienne à tout le monde.
Ce qui me rend heureux est bien différent
de ce qui vous rend heureux.
Et ce qui vous rend heureux maintenant
est différent de ce qui vous rendait
heureux il y a dix ans ou dans vingt ans.
Il n'y a pas de recette unique
qui accroîtra votre bonheur
à chaque époque et pour chaque personne.
Mais l'autre chose que la psychologie
positive nous a montré,
c'est que les gens heureux partagent
une chose en commun.
Ils ont des relations personnelles
fortes et de haute qualité.
C'est vraiment difficile de trouver
quelqu'un d'heureux
sans de bonnes amitiés personnelles
et / ou sans des relations
amoureuses satisfaisantes.
Alors, qui bénéficie
de ces relations personnelles ?
La littérature et la science
sont pleines d'exemples sur comment
les adultes sont plus heureux
s'ils ont des relations personnelles.
Dans notre propre travail,
nous avons étudié des enfants
et nous avons découvert
que les enfants sont heureux
s'ils ont développé des amitiés
et s'ils voient souvent leurs amis.
De fait, même les amis imaginaires
sont utiles.
Les enfants qui ont des amis imaginaires
sont plus heureux.
Ils rient plus, ils sourient plus ;
ils sont plus heureux.
Et ce n'est pas seulement des gens
en général.
Nous avons aussi étudié des personnes
dans des populations vulnérables.
Par exemple, nous avons étudié des gens
avec des traumatismes crâniens,
des gens qui ont eu des lésions cérébrales
suite à un accident de voiture
ou une crise cardiaque.
Et ils ne sont pas aussi heureux.
Pas tous, certains restent heureux.
Et ceux qui sont restés heureux
avec les lésions cérébrales,
ceux qui sont en quelque sorte
prémunis ou immunisés
contre les déficits ou les problèmes
liés à des lésions cérébrales,
sont ceux avec des relations sociales
de grande qualité ;
celles-ci les protègent du malheur.
Nous avons étudié des personnes
avec des troubles émotionnels.
L'un d'entre eux est l'alexithymie.
L'alexithymie est un trouble
à cause duquel les personnes ont du mal
à identifier et à communiquer
leurs émotions aux autres.
SI vous sortiez avec une personne
souffrant d'alexithymie,
et que vous disiez :
« Comment tu te sens ? »
Elle répondrait : « Je vais aller
au magasin tout à l'heure. »
Et vous penserez :
« Quelque chose cloche ».
Alors vous dites : « Quoi ? Non,
je veux dire, à l'intérieur,
comment tu te sens réellement ? »
Et elle dirait sûrement :
« Eh bien, j'ai un peu faim. »
Elle n'a pas conscience du monde
émotionnel et est malheureuse.
Et son malheur s'explique en partie
par ses relations sociales médiocres.
Et nous avons étudié la psychopathie
et le bonheur.
Les psychopathes sont les Ted Bundy
de nos sociétés.
Ce ne sont pas des gens bien.
Ils sont manipulateurs. Ils trichent.
Ils utilisent les autres.
Ils ne ressentent pas de remords.
Ils ne ressentent pas d'empathie.
Ils utilisent les gens.
Je pensais que peut-être les psychopathes
étaient peut-être vraiment heureux.
Après tout, ils ont ce qu'ils veulent.
Et ils ne s'en font pas pour ça,
dans le fait d'utiliser les autres.
Mais je pensais que peut-être
ils étaient vraiment malheureux.
Après tout, ils avaient des relations
sociales médiocres,
caractérisées par la manipulation
des autres.
Il se trouve en réalité que les
psychopathes sont vraiment malheureux,
et que leur malheur s'explique par
leurs relations sociales médiocres.
Voici comment nous voyons
normalement les choses.
Nous voyons que les relations personnelles
nous rendent heureux.
Et oui, c'est ce que la recherche
nous dit.
Et l'inverse est vrai aussi, le bonheur
améliore nos relations.
Étant donné la connexion étroite
entre nos relations personnelles
et notre bonheur,
nous devrions regarder le bonheur
lorsque nous développons des relations.
Si vous courtisez quelqu'un,
si vous faites la cour à quelqu'un,
si vous allez sur des sites de rencontre,
et si vous voyez un profil
d'une personne attirante,
vous vous dites :
« Waouh ! Ajouter au panier. »
(Rires)
Lorsque vous faites ces choses,
nous devons prendre en compte le bonheur.
Une étude a ainsi été menée
chez des étudiants,
et nous leur avons demandé :
« Que recherchez-vous dans
une relation avec un partenaire,
un petit ami, une relation durable ? »
Ils sont étudiants.
Vous devez donc leur expliquer.
Vous dites -
Les étudiants diront :
« Une relation durable ?
Vous voulez dire,
pour tout le week-end ? »
Et ce n'est pas ce que nous voulons dire,
nous voulons dire une relation durable
dans laquelle vous pensez avoir
des enfants avec ce partenaire,
avec qui vous pensez passer
le reste de votre vie. »
Et voici ce que répondraient les étudiants
lorsqu'ils auraient compris :
53 % disent que l'amour est important.
Pour 32 %, la compagnie est importante.
4 % reconnaissent le romantisme,
2 % reconnaissent la sécurité financière,
et 1 % - seulement 1 % - répond le sexe.
Et ces résultats sont importants
pour deux raisons.
La première chose qu'ils nous montrent,
c'est que seulement 1 %
des étudiants sont honnêtes.
(Rires)
(Applaudissements)
Merci.
Et la deuxième chose qu'ils nous montrent,
c'est que nous faisions fausse route.
Un des meilleurs indicateurs
de votre bonheur
est le bonheur de votre partenaire.
Les autres personnes comptent.
Je sais ce que vous pensez maintenant.
Je peux en fait lire dans vos pensées -
c'est grâce à la psychologie.
Vous vous dites :
« Ouais, les relations et le bonheur
sont interconnectées. »
Et vous êtes chanceux.
Vous êtes chanceux parce que
vous avez 6 318 amis sur Facebook.
Mais ce n'est pas ce que
nous voulons dire.
C'est la qualité des relations
qui compte, pas le nombre.
Pensez au superbe proverbe écossais
qui dit :
dans votre vie, vous pouvez compter
vos vrais amis
sur les doigts d'une seule main.
Et c'est ce à quoi nous faisons référence.
Il y a 25 ans, lorsqu'on demandait
aux gens :
« Faites la liste de vos amis,
les amis sur lesquels vous pouvez compter
en cas de vrai problème,
comme par exemple si vous aviez
une maladie mentale.
À qui pourriez-vous parler ? »
Il y a 25 ans,
les gens listaient trois amis.
Mais aujourd'hui, c'est différent.
Maintenant nous avons Facebook, Snapchat,
Twitter, les tweets et les emails.
Et d'à peine trois amis, il y a 25 ans,
nous sommes passés à un ami et demi.
Nous sommes allés
dans la mauvaise direction.
Vous savez que sur Facebook
vous postez, sur Twitter vous tweetez,
et sur eHarmony, vous mentez.
(Rires)
Mais je ne pense pas que ce soit
un si grand effort pour nous
de reconnaître que les réseaux sociaux
peuvent de fait se mettre en travers
de notre communication,
qui est essentielle à nos relations,
comme illustré ici.
(Rires)
Alors, étant donnée l'importance
des relations personnelles,
comment faisons-nous pour les nourrir ?
Qu'est-ce que la science
nous dit à ce propos ?
Eh bien, finalement...
C'est le moment où les trois mots
qui vont changer votre vie entrent en jeu.
Ces trois mots ont été développés lors
d'entretiens avec des personnes atteintes
de diabète chronique.
Ces sont des patients d'hôpital.
Les chercheurs sont allés voir
ces patients,
et en utilisant simplement ces trois mots,
les patients se sentent plus connectés,
plus attachés,
et plus liés aux chercheurs,
avec seulement trois mots.
Et ces trois mots sont :
« Dites-m'en plus. »
Lorsque, dans une relation personnelle,
vous parlez à quelqu'un,
que vous vous penchez en avant,
que vous le regardez dans les yeux,
et que vous dites : « Dites-m'en plus »,
ça veut dire : « Je ne vais pas basculer
sur ma propre histoire.
Je ne vais pas t'interrompre.
Ton histoire est légitime.
Elle signifie quelque chose pour moi.
Dis-m'en plus. »
Et ça vient de la valeur de l'écoute.
Lorsque je demande à mes étudiants :
« Pourquoi écoutez-vous
une conversation ? »
Ils parlent de la valeur
de celui qui écoute.
Ils disent qu'on écoute quelqu'un
pour avoir des informations.
Et ils ont raison. C'est une bonne raison.
Mais si c'est la seule raison
pour laquelle vous écoutez,
quand vous avez obtenu cette information,
lorsque vous pensez savoir
ce que la personne va dire,
vous arrêtez d'écouter
et vous l'interrompez.
Mais il y a aussi de la valeur dans celui
qui parle lorsque nous écoutons.
Lorsque nous écoutons quelqu'un parler,
ça lui donne une chance d'exprimer
ses pensées et ses sentiments.
Lorsque nous écoutons,
ça valide l'orateur qui leur dit
que son histoire est importante.
Lorsque nous écoutons,
ça donne une chance à l'orateur de trouver
des solutions, juste en parlant.
Lorsque nous écoutons, ça nous permet
de célébrer la réussite de l'orateur
et nous permet de le consoler
lorsqu'il subit des revers.
Dites-m'en plus.
« Dites-m'en plus » est une façon
pour vous de valoriser l'orateur.
Et il y a trois mots bonus.
C'est une bonne chose que
vous soyez ici cet après-midi
car nous n'avons pas toute la journée.
(Rires)
Il existe quatre mots supplémentaires.
Qu'est-il arrivé ensuite ?
Ça a le même effet, valider l'orateur.
Dites-m'en plus.
Qu'est-il arrivé ensuite ?
Deux phrases, composées
de trois et quatre mots simples.
Quelques mots simples
qui vont changer votre vie.
Ils vont changer votre vie
en améliorant vos relations personnelles.
Ils vont changer votre vie
en vous rendant plus heureux.
Quelques mots simples.
« Dites-m'en plus. »
« Qu'est-il arrivé ensuite ? »
sont quelques mots simples
que vous pouvez utiliser pour améliorer
vos relations avec des étrangers,
des gens qui ne sont pas encore vos amis.
Pour améliorer les relations
avec vos enfants,
avec vos collègues, votre famille,
vos proches, vos amis.
Quelques mots simples
qui amélioreront vos relations,
vous rendront plus heureux.
Trois mots simples que
vous pouvez dire dès à présent.
Vous pouvez donc faire plus
et vous pouvez faire mieux.
Merci beaucoup !
(Applaudissements)