Mon oncle est arrivé au Brésil en 1972, portant cette valise-là. C'était tout ce qu'il avait. Et, dans cette valise, il avait plus de livres que d'habits. C'est drôle, mais, pour son projet, cela faisait totalement sens, parce qu'il est venu au Brésil avec un objectif clair en tête : « Je vais au Brésil pour étudier et réussir ma vie grâce à mes études ». C'est pour ça qu'il avait ces livres dans sa valise. Après son arrivée, toute ma famille est aussi venue, et parmi eux est arrivé ma mère pour faire pareil que mon oncle : « Je vais au Brésil étudier et faire ma carrière là-bas. » Toute cette histoire a eu lieu avant que je naisse. Quand je suis né, cette valise était déjà là. Le projet de la valise a très bien marché pour mon oncle et pour ma mère ils avaient étudié et réussi leur vie. Donc, par la logique naturelle des choses, un projet qui a marché pour mon oncle et pour ma mère devrait marcher pour moi aussi. Seulement, quand je suis allé à l'école, je ne m'y suis pas épanoui, ça ne s'est pas bien passé. Et, très tôt, j'ai commencé à souffrir du syndrome du dimanche soir, qui était un fantôme désespérant qui apparaissait le dimanche pour dire : « Oh, demain c'est lundi et tu vas devoir faire quelque chose que tu n'aimes pas faire. Tu vas devoir porter une valise que tu ne veux pas porter ». J'ai souffert de ce syndrome presque toute ma scolarité et une bonne partie de ma vie professionelle aussi. Pour que vous ayez une idée, sur dix personnes, sept souffrent du syndrome du dimanche soir. Il est fort probable que vous souffriez de ce syndrome aussi. Et, si vous souffrez de ce syndrome, c'est parce que le lundi, vous faites une chose que vous n'aimez pas faire, portant une valise que vous ne voulez pas porter. La première fois que je me suis libéré de ce syndrome, ce fut par le plus grand hasard. Une professeure est arrivée dans mon école et elle a mis tout le monde à faire ce que chacun préférait le plus faire, et c'était vraiment génial parce que j'ai commencé à aimer le lundi. Mais, j'ai grandi, je suis entré sur le marché du travail, je suis devenu publicitaire et, plus tard, le syndrome est revenu m’incommoder, seulement cette fois-ci c'était bien pire, parce que j'avais une carrière établie, j'avais un enfant à élever et j'avais un tas de factures à payer. J'avais la profession que je voulais, le poste que je voulais, le salaire que je voulais, mais je n'étais pas bien. Et à vrai dire c'est ainsi : peu importe sa profession, son poste, son salaire. A vrai dire, si vous souffrez du syndrome, c'est parce que vous portez une valise que vous ne voulez pas et vous continuez à le faire parce que vous avez des factures à payer. J'aimerais que vous vous arrêtiez et réfléchissiez un instant : et si vous n'aviez pas de factures à payer ? Que feriez-vous de votre vie ? Certains diront : « Mon dieu, je ne peux pas m'arrêter pour y penser. J'ai tant de factures à payer...» (Rires) Ou alors : « Non, je ne ferai rien. J'irais voyager ou regarder Netflix toute la journée, je ne sais pas ». Mais réfléchissez un peu maintenant, vraiment : vous voudriez utiliser votre temps et votre énergie à quoi faire ? Si la réponse vous est venue à l'esprit, votre solution est là. Vous arrêterez de souffrir du syndrome du dimanche soir quand vous commencerez à mettre ça en pratique. Et, ainsi, si la réponse ne vous est pas venue à l'esprit, si la réponse n'a pas surgi à cet instant, vous devez chercher parce que c'est très important. En vérité, c'est très important. Probablement, quand vous trouverez ce que vous voulez faire de votre vie, vous ne saurez pas comment faire et peut-être vous voudriez vider toute votre valise d'un seul coup et la remplir d'un seul coup aussi. Mais ce n'est pas comme ça que vous ferez un changement si important dans votre vie. On change ce qu'il y a dans notre valise petit à petit. Par exemple, si vous aimez la photo, vous voulez être photographe, vous avez besoin d'un appareil photo dans votre valise. Evidemment, vous n'avez pas besoin d'un studio de photographie complet. Vous avez besoin d'introduire la photo dans votre vie. Si vous aimez cuisiner, commencez par tester quelques recettes avec vos amis, commencez par le faire gratuitement au début, commencez par expérimenter au début, introduisez la cuisine dans votre vie. Sans vous en rendre compte, votre valise sera pleine de choses que vous avez décidé de porter, de choses que vous avez choisies, de choses qui ont du sens pour vous et qui ont une utilité pour les autres personnes aussi. Ma valise est légère et facile à porter. Ce que je porte dans ma valise, c'est un projet que j'ai choisi Ce n'est pas un projet de mon oncle, de ma mère, de publicité. C'est un projet que j'ai choisi, qui est d'aider les gens à découvrir ce qu'ils aiment faire et comment ils peuvent trouver une manière d'en vivre. Dimanche soir, vous vous souviendrez de cette présentation TED d'aujourd'hui. Vous vous sentirez peut-être bien avec l'arrivée du lundi ; tranquille parce que vous faites une chose que vous aimez, ou peut-être que le syndrome du dimanche soir vous incommodera. Si c'est à cause du syndrome, faites votre valise. Merci. (Applaudissements)