Bonjour ! Comment était le hamburger de Venlo ? Bon ? Quelques questions personnelles : lesquels d'entre vous sont en couple ? Levez la main, s'il vous plaît ! (Rires) Je ne suis pas en train de vous draguer. Faites-moi confiance, non ! Lesquels d'entre vous sont assez chanceux pour avoir quelques amis ? Encore une fois, beaucoup ! Je devrais en conclure que vous êtes tous très bien entourés. Donc, qui connaît quelqu'un qui souffre de détresse psychologique, ou même d'un trouble mental ? C'est beaucoup plus difficile de lever la main maintenant, n'est-ce pas ? Une personne sur quatre aux Pays-Bas souffre de détresse psychologique et une sur dix souffre d'une condition qu'on pourrait diagnostiquer comme « maladie mentale ». Regardez autour de vous ! Mon discours vous concerne vous et votre entourage. Je voudrais vous montrer comment nos problèmes mentaux relativement bénins, peuvent empirer très rapidement, et comment nous créons, souvent, ces situations nous-mêmes. Je souhaite aussi vous montrer comment notre système de santé n'arrive pas à traiter les problèmes complexes, et comment nous pouvons utiliser le pouvoir de la souffrance pour évoluer. Je veux vous présenter Jane. Nous connaissons tous Jane. Elle pourrait être votre voisine, votre proche, la collègue d'à côté... Jane est une femme de 40 ans. Elle est mariée, a deux enfants, - un fils et une fille -, et elle est secrétaire dans une grande société. Un jour, Jane ne se présente pas au travail. Elle se sentait fatiguée depuis quelque temps, alors... elle en parle à son médecin de famille qui lui conseille de bien se reposer. Donc, c'est ce qu'elle fait : elle rentre et se repose, et ce repos prend jusqu'à quatre semaines. Après quatre semaines, elle retourne au travail. Six mois après, elle s'absente de nouveau : mêmes symptômes mais pires. Elle en parle de nouveau à son médecin de famille, qui diagnostique l'épuisement. Il lui prescrit des antidépresseurs et lui conseille, de nouveau, de bien se reposer. Cette fois-ci, ce repos prend jusqu'à quatre mois. Après ces quatre mois, elle retourne au travail, encore sous traitement. Deux mois après, elle s'absente encore, la troisième fois en un an. Dépression sévère. On la réfère aux services de santé mentale, pour un traitement très intensif et, après un an de traitement intensif, elle se retrouve chez elle, au chômage, toujours en dépression. Donc, que se passe-t-il ? Pourquoi son traitement ne marche-t-il pas ? Pourquoi la thérapie ne marche-t-elle pas ? Le vrai problème de Jane, c'est qu'elle a un fils qui a une addiction qui la vole tous les jours, la manipule chaque jour, lui ment, la menace. Chaque fois que son médecin de famille la renvoyait chez elle pour prendre du repos, elle était envoyée directement en enfer. La question se pose : pourquoi Jane n'a-t-elle pas parlé de son fils, à son médecin de famille ? Elle lui a seulement demandé de l'aider avec sa dépression. Mais, d'un autre côté, le médecin de famille connaît son fils. En fait, il connaît toute la famille et sait que son fils a une addiction. Comment se fait-il qu'il ne se concentre que sur les symptômes présentés par Jane ? Et comment se fait-il que les services spécialisés de santé mentale font exactement la même chose ? C'est parce qu'ils font leur travail. Le médecin de famille fait bien son travail en se concentrant sur les symptômes de sa patiente, et en les traitant, en les échelonnant, tout comme le font les services de santé mentale, en suivant le protocole et en la soignant par le traitement de la dite « médecine factuelle ». Cependant, c'est le système qui ne leur permet pas de se concentrer sur la principale source du problème. Le système ne fonctionne pas. C'est le système qui ne répond pas aux situations complexes comme celle de Jane, de façon adéquate. Cette faille du système m'a amené, en tant que professionnel en santé mentale, à élaborer un changement complet dans la façon dont nous aidons les gens comme Jane. Et donc, je veux vous présenter l'approche de M.A.D. M.A.D., c'est pour : Diagramme d'Analyse de la Motivation et M.A.D. se fonde sur le principe que le niveau de souffrance influence notre motivation à prendre en charge notre propre guérison, et que cette prise en charge est l'élément fondamental de tout traitement efficace. Afin de vous montrer qu'il s'agit d'un vrai diagramme, voilà à quoi il ressemble. Mais, ce serait aller trop loin que de tenter de l'expliquer en détail. Je vais juste vous montrer ses principes-clés. Le premier principe de l'approche de M.A.D., c'est que le degré de souffrance influence la motivation. Comme vous pouvez l'imaginer, si mon niveau de souffrance est trop bas, je n'aurais probablement pas la motivation de changer mon comportement ou de faire d'autres choix. À l'inverse, si mon niveau de souffrance est trop élevé, il est probable que je ne sois pas capable de changer, car la souffrance ou la pression sont trop grandes. Donc, si je peux influencer votre niveau de souffrance alors, je peux aussi influencer votre comportement. Dans le cas de Jane, le médecin de famille et les services de santé mentale ont baissé le niveau de souffrance en traitant ses symptômes, mais ce faisant, ils ont, aussi, réduit sa motivation à s'attaquer à la source principale du problème. Donc, influencer le niveau de souffrance est un élément-clé de l'approche M.A.D. Le deuxième principe essentiel est que le M.A.D. se concentre sur la source principale du problème, et non sur les symptômes présentés. Encore une fois, dans le cas de Jane, nous avons arrêté son traitement. Nous avons aussi arrêté sa prise de médicaments. Nous avons seulement fait un suivi. Nous avons seulement contrôlé que son niveau de souffrance augmente de nouveau. Finalement, elle a fini par s'ouvrir. Elle nous a parlé de son fils. Donc, ce que nous avons fait, c'est traiter l'addiction de son fils, nous lui avons donné l'attention et les soins dont il avait besoin, et nous lui avons aussi donné un autre endroit où vivre. En quatre mois, les symptômes de Jane ont disparu sans traitement supplémentaire. L'approche de M.A.D. s'est avérée efficace, ces trois dernières années, dans ma société et, en comparaison, jusqu'à 85% des personnes traitées de façon classique pour leurs addictions vont faire une rechute durant la première année. 85% feront une rechute ! En utilisant l'approche M.A.D., nous sommes capables de réduire cette rechute à 10%, et imaginez les bénéfices personnels pour nos patients ! Imaginez les bénéfices sociaux... ou même les bénéfices financiers ! Ma mission personnelle dans les années qui viennent est de faire que cette approche soit enseignée et donc, soit accessible à tout professionnel de la santé. Mais vous aussi, pouvez commencer à utiliser l'approche M.A.D. aujourd'hui, aidez les membres de votre famille, ceux que vous aimez, ou vos collègues. Et pour ce faire, j'ai trois recommandations à vous donner. La première : repérez la souffrance. Pour ce faire, continuez à poser des questions. Ce n'est pas sorcier, mais, essayez de trouver ce qui se passe vraiment, au lieu de tirer des conclusions hâtives ! Essayez de détecter la source principale du problème ! La deuxième : arrêtez de vous concentrer sur ce que veulent les gens ! Concentrez-vous plutôt sur ce dont ils ont vraiment besoin. Ce sont deux choses bien différentes. La troisième : personne n'aime souffrir, ça fait mal. Mais, au lieu de réduire la pression, utilisez-la plutôt comme un outil puissant qui vous permette de vous développer. Alors la prochaine fois, demain ou lundi au travail... La prochaine fois que vous voyez votre Jane, je souhaite que vous vous souveniez de ces recommandations... Je vous remercie de votre écoute. (Applaudissements)