Bonjour, je suis M. Anderson et ma salle de classe est un jeu vidéo. Rien de mieux pour commencer une histoire qu'Alice qui tombe dans le terrier du lapin et qui trouve une bouteille avec une étiquette disant « bois moi » . Je suis professeur, et j'ai voulu recréer ça dans ma classe. Donc j'ai laissé mon ordinateur dans ma classe, Angry Birds était ouvert dessus, et j'ai posé une carte à côté avec seulement le mot « Jouez » , et je suis parti. J'ai laissé ma webcam allumée parce que je voulais voir ce qu'il se passait. Donc j'ai une petite vidéo des enfants entrant dans la classe. Est-ce que vous voulez la voir ? Public : oui ! Oui... Vous n'avez pas le choix. Alors... J'aime bien le fait qu'ils jouent chacun leur tour. Et j'adore les yeux de Jackson. Regardez. Oui ! Gagné ! Ce regard passionné, qui montre qu'on apprend, on essaye un truc nouveau, on échoue et on essaye encore, c'est ce qu'on voudrait voir dans les yeux de nos élèves. Mais non, la plupart du temps, c'est plutôt un regard vide ! Alors j'ai voulu appliquer certaines dynamiques à ma classe. J'ai grandi dans les années 80, je jouais aux jeux vidéos, et ça m'a appris des choses qu'on pourrait appliquer à l'école aujourd'hui. La première chose, c'est que c'est amusant. Aller à l'école devrait l'être aussi. Mais la plupart des enfants ne trouvent pas ça sympa. Il y a bien des choses que tous les élèves aiment à l'école : voir leurs amis et apprendre. Mais ils passent plutôt leurs journées assis face à moi, à écouter passivement ce que j'enseigne. L'école devrait être plus amusante. J'ai aussi appris qu'on a le droit de faire des erreurs. Si vous devez recommencer 80 fois pour passer le 3e niveau de Donkey Kong, pas de problème. Faire des erreurs, c'est inhérent à l'apprentissage. Pourtant, à l'école, on a tendance à stigmatiser les erreurs. On ne recommence pas un questionnaire plusieurs fois, jusqu'à ce qu'on l'ait enfin réussi. En fait, l'échec des individus et l'échec à l'école sont très stigmatisés. Il faut rappeler qu'on a le droit à l'erreur ! La troisième chose que j'ai apprise, c'est l'importance des niveaux. On pourrait l'appliquer à l'école de 2 façons : quand le professeur avance à un rythme spécifique, c'est adapté à certains élèves, mais d'autres s'ennuieront, et d'autres encore seront embrouillés. Pour moi, les élèves devraient pouvoir avancer à leur rythme, selon leur niveau. Quand ils maîtrisent un niveau, ils peuvent passer au suivant et être ainsi plus performants grâce à ce qu'ils apprennent en classe. Je pense aussi qu'on ne dit pas ce qu'il faut au début de l'année. Normalement, au premier cours, je disais : « Vous partez tous de 20/20, et vous tomberez jusqu'à votre note finale » . Aucun jeu ne fonctionne comme ça. Alors, un des avantages d'être prof, c'est les vacances d'été. Elles permettent de se couper de l'école et on peut aussi réinventer nos cours, d'innover. Si on essaie de le faire dans l'année, les élèves sont déboussolés. Mais si on le fait pendant l'été, même des changements radicaux, ils ne sauront pas ce qui leur arrive. Donc, je rêvais de transformer ma classe en un jeu vidéo mais je ne voulais pas que mes élèves restent assis face à un jeu comme Adibou ou même Lapin Malin. Je voulais prendre les éléments les plus motivants des jeux vidéo et les appliquer à l'enseignement. Après beaucoup de travail, j'ai créé une classe appelée « Biohazard 5 » . Il y a un narrateur, une histoire, tous les élèves s'y rassemblent. J'ai créé une centaine de capsules vidéos avec le contenu des cours. Quand ils en arrivent là, ils ont appris quelque chose. On fait des activités en classe, pour que les élèves mettre en œuvre réellement ce qu'ils ont appris. J'organise des activités en labo, comme ici sur la photosynthèse. Vous voyez que mes élèves sont captivés. (Rires) Ils étudient la photosynthèse sur des feuilles qu'ils ont coupées. J'ai développé des centaines de questions sur des sujets que je maîtrise. Les élèves peuvent passer les tests plusieurs fois jusqu'à les réussir. J'ai un système de classement : ils partent avec 0 point d'expérience au début de l'année. C'est une idée de Lee Sheldon de l'Université de l'Indiana. Donc, ils arrivent le premier jour. Le premier niveau est basé sur la soupe primordiale, je suis prof de biologie. Ils gagnent des points d'expérience et monter jusqu'aux niveaux « pieuvre dumbo » ou « gorille des montagnes » , et peut-être finir grand maître. Il y a aussi un classement général et ils peuvent voir comment ils s'en sortent dans la classe, où ils en sont par rapport aux autres. C'est l'outil le plus populaire, les élèves sont tout le temps connectés pour suivre leur niveau. J'ai pu aussi utiliser des iPads en classe pour que les élèves aient toujours un appareil connecté à Internet. Enfin, l'été s'est terminé et c'était la rentrée. Comme ça, apparemment. (Rires) Et j'ai dit : « Bonjour, je suis M. Anderson et mon cours est un jeu vidéo, donc ce que je veux que vous fassiez, c'est prendre un iPad et vous connecter sur Biohazard 5. Je veux que vous regardiez une vidéo, que vous lisiez des textes. Vous ferez un exercice, puis vous irez dans la classe. Si j'avais fait ça avec leurs parents, c'aurait été le jour le plus frustrant de ma vie mais les enfants ont grandi avec cette technologie. Et aujourd'hui, la technologie ça marche. Donc je les ai laissés faire tout seuls.. Dans ma classe, les élèves apprennent. Si vous y entrez, vous les verrez en train de lire, regarder des vidéos, appliquer, faire des activités spéciales, résoudre des problèmes seuls ou à plusieurs. J'ai fait venir un prof, on a discuté pendant le cours, il m'a dit « tu as créé un atelier » , il en gérait un avant. il a dit. Quand on gère un atelier, on enseigne des compétences qu'ils appliquent. Donc, c'est pareil. Je continuerais bien à dire en quoi c'est si bien, que les résultats semblent augmenter, et que les enfants apprennent à travailler en autonomie. Mais je suis prof de sciences, et ce n'est pas ce qu'on aime. En sciences, ce qu'on aime, c'est découvrir de nouvelles choses. Donc je veux vous parler de 3 choses que j'ai mal faites. La première : une classe traditionnelle est comme un bus scolaire, tous les élèves sont réunis et montent dans le bus et le prof est comme le conducteur, il conduit d'un point A à un point B. On s'assure qu'ils l'atteignent tous. Ce que j'ai fait, c'est que je leur ai donné, à chacun, une voiture neuve, les clés, et je leur ai dit « conduis » . Certains ont calé, certains sont partis à fond, et d'autres ont foncé dans un mur. Donc il faut que je mette en place plus d'aide l'an prochain. Deuxième chose : l'importance de la lecture. Ils ont eu des difficultés à lire quand je les ai rendus plus indépendants. J'aurais dû m'y attendre car c'est le meilleur indicateur du succès. Je pense que je ne m'y attendais pas car je n'arrêtais pas de parler, comme tout bon prof. On lit les livres, puis on trouve de bons exemples, puis on les présente de façon dynamique, et les élèves restent assis et apprennent. Pourquoi iraient-ils lire le livre ? On le fait pour eux. Donc quand je leur ai fait lire le livre beaucoup ont eu des difficultés et c'est à travailler. La dernière chose : nous ne sommes pas des Vulcains. Dans le dernier Star Trek, le jeune Spock est assis dans un module, entouré d'écrans et l'ordinateur n'arrête pas de lui poser des questions en philosophie ou relativité Et c'est à quoi ressemble sa journée d'école, rester dans un module. Beaucoup de gens pensent qu'ils peuvent changer l'éducation grâce à des vidéos ou en automatisant l'apprentissage. Ça craint, qui voudrait passer ses journées comme ça ? Les enfants vont à l'école pour voir les autres, donc j'ai rendu mes cours plus interactifs pour qu'ils soient plus intéressants. C'est un TED talk, et tous les TED talks finissent par un appel à l'action, donc qu'est-ce que vous pouvez faire ? Pour moi, les écoles doivent passer d'un environnement passif, centré sur le prof, à un environnement actif, centré sur les élèves. C'est ce que j'ai fait. j'étais sur le côté, je ne faisais que les conseiller. Alors, comment fait-on ? Si vous êtes un élève, faites des retours à vos profs. Tout ce que je fais est basé sur les retours de mes élèves. Si vous êtes parent d'élève, vous envoyez un email si vous voulez changer l'école. Je ne reçois des emails que lorsqu'ils se plaignent des notes de leurs enfants. Je n'ai jamais reçu « mon enfant a eu 20 dans votre cours, mais j'ai un problème avec la philosophie de votre cours » . Ça n'arrive jamais, donc ce que vous dites aux profs, c'est que seules les notes comptent. Mais peut-être que vous n'êtes ni parent, ni élève, mais vous êtes humain. Quelle leçon en tirer ? Qu'y a-t-il dans la bouteille ? Il y a votre passion, la seule chose que vous voulez faire. Vous savez quelle est ma passion ? J'aime ma famille, et j'aime enseigner. Si vous pouvez boire cette bouteille, et vous souvenir de vous tromper, d'apprendre et de recommencer, alors votre vie en vaudra le coup. Merci. (Applaudissements)