Nos grands-parents ont créé
un excellent système
de canaux et de réservoirs
qui nous a permis
de vivre dans des zones
où il n'y avait pas beaucoup d'eau.
Par exemple,
pendant la Crise de 1929,
ils ont créé le barrage Hoover
qui a généré le lac Mead,
ce qui a permis
aux villes de Las Vegas, Phoenix
et Los Angeles de fournir de l'eau
aux populations de zones très sèches.
Au cours du XXe siècle,
nous avons dépensé des milliards
pour construire des infrastructures
pour acheminer l'eau vers nos villes.
En terme de développement économique,
c'était un très bon investissement.
Mais au cours des 10 dernières années,
nous avons vu les effets combinés
du changement climatique, de l'expansion
démographique et de la guerre pour l'eau
menacer ces liens vitaux
et les ressources en eau.
Ce graphique vous montre le changement
du niveau des eaux du lac Mead
au cours des 15 dernières années.
Vous pouvez voir
qu'aux environs de l'année 2000,
le niveau de l'eau a commencé à chuter.
Et il a chuté si vite
que Las Vegas aurait pu se retrouver
sans une goutte d'eau potable.
Le problème est devenu
si inquiétant pour la ville
qu'elle a récemment construit
une nouvelle structure
pour puiser de l'eau
appelée « la Troisième Paille »,
qui puise de l'eau
au plus profond du lac.
Les défis associés à l'approvisionnement
en eau d'une ville moderne
ne sont pas limités seulement
au sud-ouest des États-Unis.
En 2007, Brisbane,
3ème plus grande ville australienne,
en est arrivée à n'avoir
plus que 6 mois d'eau potable.
Au Brésil, São Paulo est en train
de vivre le même drame aujourd'hui,
le réservoir principal de la ville
est passé de complètement plein en 2010,
à presque vide aujourd'hui
alors que la ville s'apprête à accueillir
les les Jeux Olympiques de 2016.
Ceux d'entre nous qui ont la chance
de vivre dans une
des plus grandes villes du monde
n'ont jamais vraiment vécu les effets
d'une sécheresse catastrophique.
Nous nous plaignons de devoir
raccourcir nos douches.
Nous montrons nos voitures sales
et nos pelouses brunies.
Mais nous n'avons jamais pensé qu'un jour,
on tournerait le robinet
et qu'il n'en sortirait rien.
C'est parce qu'à chaque fois que
les choses ont mal tourné,
nous avons toujours pu
agrandir un réservoir
ou creuser quelques puits supplémentaires.
Toutes les ressources en eau
sont maintenant utilisées.
Nous ne pouvons plus compter
sur cette bonne vieille façon
d'obtenir notre eau.
Certains pensent résoudre
le problème de l'eau en ville
en prenant l'eau
de nos voisins à la campagne.
Mais c'est une approche remplie
de risques politiques, légaux et sociaux.
Même si nous réussissions
à prendre l'eau de nos voisins,
nous ne faisons que transférer le problème
sur quelqu'un d'autre
et il y a beaucoup de chances
que cela se retourne contre nous :
un prix alimentaire plus élevé
et des dégâts sur l'écosystème marin
qui a besoin de cette eau.
Je pense qu'il existe un meilleur moyen
pour régler la crise de l'eau en ville
et je pense que c'est d'ouvrir
4 nouvelles sources locales d'eau
que je compare à des robinets.
Si nous arrivons à investir
intelligemment dans ces nouvelles sources
dans les années qui arrivent,
nous pourrons résoudre
notre problème d'eau en ville
et réduire le risque de devoir un jour
faire face aux conséquences
d'une sécheresse catastrophique.
Il y a 20 ans, si vous m'aviez dit
qu'une ville moderne
pourrait exister sans importer d'eau,
je vous aurais pris pour
un rêveur irréaliste et mal informé.
Mais mon expérience
de ces dernières décennies
à travailler avec certaines
des villes les plus sèches du monde
m'a montré que nous avons
les technologies et les connaissances
pour réellement en finir
avec l'eau importée
et c'est de cela
dont je veux vous parler ce soir.
La 1ère source d'eau locale
que nous devons développer
pour régler ce problème
vient de l'eau de pluie
qui tombe sur nos villes.
L'une des plus grandes tragédies
du développement urbain
est que, lorsque nos villes ont grandi,
nous avons recouvert le sol
de béton et d'asphalte.
Ensuite, nous avons dû
construire des égouts
pour évacuer l'eau de pluie
qui tombait sur les villes
pour empêcher les inondations.
C'est un gâchis d'une ressource
d'eau vitale et précieuse.
Prenez cet exemple :
ce graphique représente le volume d'eau
que la ville de San Jose
pourrait collecter
si elle récupérait l'eau de pluie
tombée sur son territoire.
L'intersection de la ligne bleue
et des pointillés noirs indique
que si San Jose récupérait seulement
la moitié de l'eau de pluie de sa ville,
la ville aurait assez d'eau
pour une année complète.
Certains d'entre vous
se disent probablement :
« La réponse à notre problème
est de commencer
à construire de gros réservoirs
et de les attacher
aux descentes de gouttières
pour récolter l'eau de pluie. »
Cette idée pourrait fonctionner
à certains endroits.
Mais dans les villes,
où il pleut majoritairement en hiver
et où la plupart
de la demande en eau est en été,
ce n'est pas un moyen très économique
pour résoudre notre problème en eau.
Et dans le cas d'une sécheresse
qui dure depuis des années,
comme c'est le cas
en ce moment en Californie,
aucun réservoir ne sera assez grand
pour résoudre le problème.
Il existe une solution bien plus pratique
pour collecter les eaux de pluie
qui tombent sur nos villes.
Il s'agit de la collecter
et de la laisser s'infiltrer dans le sol.
La plupart de nos villes sont situées
au dessus d'un réservoir naturel d'eau
capable d'accueillir
d'énormes volumes d'eau.
Historiquement, Los Angeles obtenait
un tiers de son eau d'un énorme aquifère
situé sous la vallée de San Fernando.
Imaginez l'eau qui tombe de votre toit,
coule sur votre pelouse
et dans vos gouttières,
vous vous dites peut-être : « Est-ce que
j'ai vraiment envie de boire ça ? »
La réponse, c'est que
vous ne devriez pas la boire
tant qu'elle n'a pas été traitée.
Donc le défi
de la collecte d'eau en ville
est de la collecter, de la traiter,
et de l'acheminer sous terre.
C'est exactement ce que Los Angeles
est en train de faire
avec un nouveau projet
qui se construit à Burbank, en Californie.
Voici le complexe de réservoirs
qu'ils sont en train de construire
en connectant des égouts
et systèmes d'évacuation d'eaux pluviales
pour diriger cette eau
vers une carrière abandonnée.
L'eau collectée dans cette carrière
passe lentement dans des zones humides
créées par l'homme
puis elle arrive dans un terrain
où elle s'infiltre dans le sol
et remplit l'aquifère
d'eau potable de la ville.
Lorsque l'eau passe dans la zone humide
et s'infiltre dans le sol,
elle rencontre des microbes
qui vivent à la surface des plantes
et à la surface du sol,
ce qui purifie l'eau.
Et si l'eau n'est pas encore
tout à fait potable
après être passée
par ce procédé de traitement naturel,
la ville peut la traiter à nouveau
lorsqu'elle la pompe de l'aquifère,
avant de la rendre disponible au public.
Le 2ème robinet que nous devons ouvrir
pour résoudre notre problème d'eau
en ville est celui des eaux usées
qui proviennent des stations d'épuration.
Beaucoup d'entre vous connaissent
le concept d'eau recyclée.
Vous avez probablement
déjà vu ces panneaux
indiquant que les massifs,
les terre-pleins d'autoroute
et le terrain de golf
sont irrigués avec de l'eau
provenant d'une station d'épuration.
On utilise ce procédé depuis 20 ans déjà.
Mais l'expérience nous a appris
que cette approche est beaucoup
plus onéreuse que ce qui était prévu.
Car une fois construits
les premiers systèmes de recyclage d'eau
près des stations d'épuration,
la tuyauterie doit s'étendre elle aussi
pour amener l'eau à destination.
Et le coût devient prohibitif.
Nous avons découvert
qu'il est bien plus rentable
et pratique de transformer
l'eau des stations d'épuration
en eau potable,
en suivant deux étapes.
Première étape :
mettre l'eau sous pression
et la faire passer à travers
une membrane d'osmose inverse,
une membrane plastique
fine et perméable
qui laisse passer les molécules d'eau
et filtre les sels, virus
et autres produits organiques
potentiellement présents
dans les eaux usées.
La deuxième étape du procédé :
on ajoute une petite quantité
de peroxyde d'hydrogène
et on passe l'eau
à la lumière ultraviolette.
La lumière ultraviolette dissocie
le peroxyde d'hydrogène
en deux parties
appelées radicaux hydroxyles.
Et ces radicaux hydroxyles sont
une forme très puissante d'oxygène,
capables de dissoudre la plupart
des produits chimiques organiques.
Après avoir suivi ces deux étapes,
l'eau devient potable.
J'en connais un rayon,
j'ai étudié l'eau recyclée
en utilisant toutes les techniques
de mesure connues
pendant les 15 dernières années.
On a découvert certains composés
qui peuvent passer
la première étape du procédé,
mais après la seconde,
le procédé d'oxydation avancée,
les produits chimiques résistent rarement.
C'est très différent des réserves d'eau
que l'on tient pour acquises
et d'où l'on boit quotidiennement.
Il existe une autre méthode
pour recycler de l'eau.
Voici une zone de recyclage
récemment construite près de la rivière
Santa Ana, en Californie du sud.
Cette zone de recyclage reçoit de l'eau
d'une partie de la rivière Santa Ana
qui, pendant l'été, n'est presque
que des eaux usées
qui proviennent d'autres villes
comme Riverside et San Bernardino.
L'eau arrive dans la zone de traitement,
elle est exposée au soleil et aux algues,
ces algues cassent
les produits chimiques organiques,
retirent les nutriments et désactivent
les agents pathogènes flottants.
L'eau retourne ensuite
dans la rivière Santa Ana,
et coule jusqu'à Anaheim,
pour y être prélevée
et s'infiltrer dans le sol
pour devenir l'eau potable de Anaheim,
terminant son voyage
depuis les égouts de Riverside County
jusqu'aux réserves d'eau potable
d'Orange County.
Vous pensez peut-être que cette idée
de boire l'eau recyclée des eaux usées
est un fantasme futuriste
ou que c'est peu courant.
En Californie, on recycle déjà
près de 150 milliards
de litres d'eau usées
selon le processus en deux étapes
dont j'ai parlé.
C'est une quantité suffisante
pour subvenir aux besoins
d'un million de personnes
sans autre accès à l'eau.
Le 3ème robinet que nous devons ouvrir
n'est pas un robinet du tout.
C'est un genre de robinet virtuel,
il s'agit juste d'économiser l'eau.
Nous devons économiser plus d'eau,
en particulier en extérieur,
car en Californie
et dans d'autres villes américaines,
près de la moitié de notre consommation
d'eau a lieu à l'extérieur.
Avec la sécheresse actuelle,
nous avons vu qu'il était possible
que nos pelouses et nos jardins
survivent avec moitié moins d'eau.
Donc pas besoin de se mettre
à peindre le béton en vert,
ni de tout recouvrir de gazon artificiel
ou d'acheter des cactus.
On peut avoir un paysage
adapté à la Californie
avec des détecteurs d'humidité du sol
et des systèmes d'irrigation intelligents
et avoir de beaux espaces verts
dans nos villes.
Le 4ème et dernier robinet
que nous devons ouvrir
pour résoudre
notre problème d'eau en ville
consiste à dessaler l'eau de mer.
Je sais ce que vous avez
déjà dû entendre à ce sujet :
« C'est génial si on a
des tonnes de pétrole, pas beaucoup d'eau
et peu de scrupules vis-à-vis
du réchauffement climatique. »
Dessaler l'eau de mer est très énergivore,
quelle que soit la méthode adoptée.
Mais dire que cette pratique est vouée
à l'échec est une critique obsolète.
Nous avons fait d'énormes progrès
sur le dessalement de l'eau de mer
ces 20 dernières années.
Cette image montre
la plus grosse usine occidentale
de dessalement,
actuellement en construction
au nord de San Diego.
Comparée à l'usine de Santa Barbara
construite il y a 25 ans,
cette usine utilisera environ
la moitié de l'énergie de l'ancienne
pour produire un litre d'eau.
Mais ce n'est pas parce que cette méthode
est devenue moins énergivore
qu'il faut construire
ce genre d'usines partout.
Parmi les solutions à notre disposition,
c'est probablement
la plus gourmande en énergie
et potentiellement la plus polluante
de toutes les options
pour créer des réserves en eaux locales.
Alors voilà,
grâce à ces 4 sources d'eau,
nous pouvons arrêter
de dépendre de l'eau importée.
En modifiant la manière dont
nous aménageons notre urbanisme,
nous pouvons réduire notre consommation
d'eau en extérieur de 50 %
et ainsi augmenter
nos réserves en eau de 25 %.
Nous pouvons recycler l'eau des égouts
et ainsi augmenter
nos réserves en eau de 40 %.
Et nous pouvons trouver la différence
avec une combinaison
de récolte de l'eau de pluie
et de dessalement.
Ensemble, créons nos réserves d'eau
pour qu'elles puissent faire face
aux défis du réchauffement climatique
des années à venir.
Faisons en sorte que nos réserves
en eau soient alimentées localement,
laissent assez d'eau pour l'environnement,
les poissons et l'agriculture.
Créons un réseau hydraulique
respectant nos valeurs environnementales.
Faisons-le pour nos enfants
et nos petits-enfants
et disons-leur que c'est le système
dont ils doivent prendre soin
car c'est notre dernière chance
de réinventer notre rapport à l'eau.
Merci de votre attention.
(Applaudissements)