(Sur un pot-pourri de musiques et de fragments parlés: "Musiq'académies - Pascale Vanlerberghe")
(Pascale Vanlerberghe) Bienvenue dans Musiq'académies.
Ravie de vous retrouver pour une nouvelle émission
consacrée cette fois-ci -- c'est presque comme la semaine passée, d'ailleurs -- au quatuor à cordes,
mais pas n'importe quel quatuor à corde, puisque ils sont,
je dirais presque tout beaux tout neufs dans le domaine.
Il s'agit du Quatuor Waelbroeck, le vrai nom, c'est "Waelbroeck Quartet", j'insiste
et j'ai déjà les musiciens qui me font des GRANDS yeux autour de moi,
le Waelbroeck Quartet, composé d'Anne-Sylvie Primo et Caroline Poncelet aux violons,
Dominica Eyckmans à l'alto, et Thomas Engelen au violoncelle.
Nous allons découvrir ce Waelbroeck Quartet, ainsi que le compositeur,
Jean-Pierre Waelbroeck, dont le quatuor a pris le nom.
Etonnant, on en saura plus dans quelques instants.
Bonjour, Jean-Pierre Waelbroeck.
(Jean-Pierre Waelbroeck) Bonjour, Madame.
(PV) Alors, bonjour à vous, Mesdemoiselles, puisque en fait,
il nous manque un membre du quatuor, le violoncelliste.
Et avant de parler du compositeur que vous êtes, Jean-Pierre Waelbroeck,
et de parler de la naissance de ce quatuor, je vous propose d'écouter un extrait du Quatuor No 1
de Jean-Pierre Waelbroeck, compositeur ici présent,
nous en écoutons le deuxième mouvement par le Waelbroeck Quartet.
♫ J-P Waelbroeck, Quatuor No 1, 2ème mvt ♫
(8:35 PV) Nous venons d'entendre un extrait, le deuxième mouvement, exactement,
du Quatuor No 1 de Jean-Pierre Waelbroeck, par le Waebroeck Quartet.
Alors il est évident, nous allons un peu approfondir la question,
puisque c'est la première fois que nous avons la chance d'avoir le compositeur avec nous,
ce qui est quand même assez rare,
et puis, c'est la naissance d'un jeune quatuor ici présent.
Ça aussi, c'est assez rare de recevoir en première la naissance de ce jeune quatuor --
enfin, "naissance", vous n'êtes pas nouveaux-nés, hein, Anne-Sylvie Primo:
vous êtes la violoniste, une des violonistes de ce quatuor.
Dites-moi, Anne-Sylvie: c'est vous qui m'avez contactée.
On vous connaît dans Musiq'Académies,
(Anne-Sylvie Primo) Oui
(PV) mais pour différentes choses, différents ensembles.
Chaque fois que vous m'avez contactée ici, c'est la naissance d'un quatuor.
Expliquez-nous un peu ce qu'est le Waelbroeck Quartet.
On a compris qu'il avait le nom du compositeur, mais ce que j'aimerais savoir, c'est pourquoi.
(ASP) Donc, on a choisi de porter le nom de M. Waelbroeck,
parce qu'on a envie de mettre à l'honneur la création.
Et comme on joue sa musique entre autres, on s'est dit que ce serait vraiment bien
de prendre son nom, s'il était d'accord,
pour pouvoir faire de la musique d'aujourd'hui avec des créateurs d'aujourd'hui, et donc...
(PV) Et belges, en plus.
(ASP) Et belges, oui.
(PV) Et vous, Dominica, la création, ça vous intéresse?
(Dominica Eyckmans) Ça m'intéresse, bien sûr,
et moi, je suis en plein dedans, presque tout le temps.
Je fais beaucoup de musique contemporaine, presque principalement, musique contemporaine,
et beaucoup de création.
(PV) Donc, Dominica Eyckmans, elle est l'altiste de ce quatuor.
Mais c'est avec vous, Jean-Pierre Waelbroeck, que je veux faire connaissance, aussi, maintenant,
puisque vous êtes le compositeur attitré presque, enfin, attitré...
Disons qu'ils jouent pas mal de vos oeuvres, en tout cas pour commencer.
Vous êtes belge, quoique,
il y a des origines disparates dans votre histoire, Jean-Pierre Waelbroeck.
Racontez-nous un peu.
(JPW) Donc, mon père est belge, d'origine gantoise
et ma mère est d'origine danoise, toute sa famille est danoise, voilà.
(PV) On peut dire le nom de votre mère, quand même?
(JPW) Oui: Hartman, Ellen.
(PV) Et Hartman, évidemment, dans l'histoire de la musique ...
(JPW) ... de la famille Hartman qui étaient des compositeurs au 18e et 19e siècles.
(PV) Oui, parce qu'il y en a pas mal, de Hartman.
(JPW) Il y a quatre générations,
quatre générations qui se suivent.
Il y a eu d'abord Johann, ou Johann-Ernst.
On l'appelle généralement Johann-Ernst, mais il paraît que le vrai nom, c'est Johann.
Et puis, il y a eu son fils August-Wilhelm qui était violoniste à la cour,
son petit-fils Johann-Peter-Emilius Hartman,
qui est celui qui est devenu le plus célèbre de la famille - c'est relatif, évidemment. (il rit)
(PV) Bien sûr.
(JPW) Et encore son fils Emil Hartman,
qui était compositeur et chef d'orchestre et violoniste,
et le fils d'Emil Hartman, lui, il a changé, il était original,
et il est devenu horticulteur.
(PV) Il y a de la poésie, là dedans.
(JPW) Voilà. (ils rient)
(JPW) Et en temps qu'horticulteur, il a trouvé que la terre en Belgique était tellement bonne
qu'il s'est installé à Gand, voilà, et c'est là qu'il a fait son horticulture.
(PV) Alors vous, vraiment, vous avez des ondes musicales
qui vous atteignent de partout, dans votre cerveau, avec une descendance pareille?
(JPW) Oui, disons que c'est une chance, voilà, c'est une chance.
Pour moi, ça me permet d'un peu connaître ces ancêtres
plus facilement que s'ils n'avaient rien écrit, voilà.
(PV) Alors, parlez-nous de vous: vous n'êtes en fait pas musicien à la base,
vous êtes juriste de formation
(JPW) Oui
(PV) Alors, qu'est-ce qui vous a amené à la musique?
Par famille? Qu'est-ce qui s'est passé dans votre vie?
(JPW) C'est... j'ai ça dans le sang, je pense,
c'est-à-dire que je m'y suis mis de plus en plus
et j'ai énormément étudié des partitions, des livres de composition,
mais je suis autodidacte, donc je n'ai pas eu de professeur de composition, voilà.
(PV) Non, mais vous savez bien la musique, vous savez écrire les notes?
(JPW) Ah, certainement! (ils rient)
Ça serait bien embarrassant, je ne sais pas comment
(PV) Si, on peut faire des accords
et les enregistrer
(JPW) Evidemment, évidemment.
Oui, alors je dois dire que je suis très reconnaissant à tous mes interprètes,
en ce compris ceux qui sont présents ici,
parce que le fait d'entendre ce que l'on a écrit,
ça aide à repérer aussi ce qu'on peut améliorer, donc je suis...
(PV) ... très heureux, on peut le dire.
(JPW) ... très heureux.
(PV) Ecoutez, je vais tout de suite diffuser un autre extrait de vos oeuvres, si je puis me permettre.
C'est le troisième mouvement du Duo pour violon et alto.
Au violon, Anne-Sylvie Primo et à l'alto, Dominica Eyckmans.
C'est signé bien sûr Jean-Pierre Waelbroeck et ce sont évidemment, vous l'avez compris,
deux musiciennes issues de ce Quatuor Waelbroeck,
ce Waelbroeck Quartet, ce qui n'est vraiment pas facile à prononcer
quand on doit dire "Waelbroeck Quartet",
sinon chaque fois, je me fais gronder par les yeux des musiciennes.
On écoute tout de suite cet extrait musical. (13:36)
♫ JP Waelbroeck: Duo pour violon et alto
3e mvt ♫
(16:59 PV) Extrait du Duo pour violon et alto, 3e mouvement, de Jean-Pierre Waelbroeck:
Anne-Sylvie Primo, violon, Dominica Eyckmans à l'alto.
Dominica, vous me disiez quelque chose de très intéressant, off micro.
Maintenant, vous allez pouvoir le dire au micro.
C'est-à-dire que tout à l'heure, Jean-Pierre Waelbroeck nous disait
que c'était très important d'entendre sa musique.
Vous, vous servez aussi le compositeur en tant que quatuor.
Expliquez-nous un peu cette...
(Dominica Eyckmans) Voilà, c'est un peu comme ça, même, que le quatuor est né,
parce que moi je me suis mis comme tâche, à un moment donné, vraiment,
enfin je veux jouer sa musique bien avant,
pour lui donner la possibilité d'évoluer dans sa recherche et dans sa composition.
Et alors, à un moment donné, il a écrit un quatuor et alors il m'a demandé:
"Est-ce que tu peux rassembler des musiciens pour jouer ce quatuor,
pour que j'aie une idée de ce que j'ai fait, pour voir si ça va, si c'est bon."
Et comme à l'époque, comme par hasard, ..... (check) qui n'existait pas,
mais je jouais justement avec Anne-Sylvie et avec Thomas Engelen, donc,
dans un autre projet, en trio, je me suis dit,
ça tombe bien, parce que justement, je joue dans un trio à cordes,
il suffit d'ajouter un violon à ces violons ....... (check) et voilà.
Et c'est comme ça qu'on a joué le quatuor, on a pris le goût et on s'est dit:
"Mais voilà, et on continue." Et ça a une vocation, en fait.
(PV) Alors, qui a eu l'idée du Quatuor Waelbroeck, qui a découvert Jean-Pierre Waelbroeck?
C'est vous, Dominica?
(DE) C'est moi, oui.
(PV) D'accord.
(DE) Je jouais avec un pianiste à l'époque, [Frédéric Roene -check]
qui connaissait déjà la famille, et alors on a joué notre premier concert, on a joué chez eux,
un concert de famille, et là j'ai fait connaissance avec toute la famille, et voilà.
La balle a commencé à rouler et petit à petit, j'ai fait plein, plein, plein de....
(PV) Mais qu'est-ce qui vous a séduite dans la musique de Jean-Pierre Waelbroeck?
(DE) Mais moi, ce que j'aime beaucoup, c'est la musique contemporaine,
elle est écrite maintenant, en même temps elle parle, elle est très parlante et accessible et...
(PV) et mélodique.
(DE) Mélodique et voilà.
Et en plus, on peut être très créatif comme interprète, pour,
enfin on découvre plein de choses.
Si on cherche, on découvre plein de choses dedans, on peut...
et il nous donne la liberté aussi d'ajouter des couleurs, de vraiment mettre notre âme dedans.
Et moi j'ai eu la -- j'ai l'expérience, chaque fois que j'ai joué la musique de Jean-Pierre
lors d'un récital, soit solo ou avec piano ou autre,
que les gens, en général, ils viennent surtout pour -- enfin après, ils viennent me dire:
"Ah, cette oeuvre-là, c'était quoi, c'était qui?"
Ça leur parle, voilà.
(PV) Anne-Sylvie Primo, comment vous avez formé le quatuor?
C'est-à-dire, comment les musiciens se sont-ils choisis?
(ASP) Donc, on se connaissait déjà avec Dominica et Thomas,
parce qu'on a tourné plus d'un an avec un spectacle,
et moi, j'ai déjà joué en quatuor avec Mlle Poncelet,
Caroline de son prénom
(PV) Caroline de son prénom,
(ASP et PV) qui est violoniste et pianiste.
(PV) Elle a plus d'une corde à son arc, elle.
(ASP) Oui, oui, c'est une musicienne, pour moi, extraordinaire, et le reste aussi, donc, voilà.
(PV) Moi, je me souviens de toi, Anne-Sylvie,
tu sortais du Conservatoire de Liège.
Est-ce que tous les musiciens présents sortent de Liège?
(Qui? check) Non, pas moi, en tout cas.
(PV) Non. Plus ou moins, Caroline me dit.
(Qui? ASP? check) Caroline, elle avait 11 ans, qu'elle avait son diplôme supérieur.
(rires)
(ASP? check) Il faut dire, elle a un parcours assez atypique.
(PV) Ben ça, Caroline, tu vas nous raconter.
(CP) Mon parcours? Ben mon parcours...
(PV) Oui. Tu as quel âge, maintenant, Caroline?
(CP) J'ai 31 ans.
(PV) Oh, ça fait très longtemps que tu fais de la musique, alors, toi!
(CP) Ça fait très, très longtemps.
J'ai commencé la musique, que j'avais deux ans et demi, avec le piano, en fait.
Donc j'ai commencé vraiment très très très très tôt.
(PV) Mais qu'est-ce qu'on peut faire à deux ans et demi?
(CP) Et ben, euh, je ne sais pas moi-même, mais j'en ai les preuves sur vidéo,
je jouais réellement du piano...
(PV) Réellement, tu jouais?
(CP) Oui oui, je jouais vraiment du piano, j'ai appris à deux ans et demi
et j'ai commencé à faire des petits concerts par ci par là
(CP) A trois ans.
(PV) A quel âge?
(CP) A trois ans.
(PV) Ah oui, d'accord.
(CP) Donc voilà, ma vie a été un peu spéciale, mais..
(PV) Un peu orientée, carrément, on peut le dire, puisque tu t'es --
c'est même pas une découverte, c'est carrément un don qui t'es tombé dessus!
(CP) Ben, c'est moi qui ai voulu, en fait, depuis toute petite, j'ai toujours voulu
et mes parents ont suivi, et ils ont toujours trouvé les personnes autour d'eux
qui pouvaient m'aider pour continuer dans ce chemin-là.
Donc je -- oui, je suis tombée dedans, et j'en ai toujours fait, j'ai toujours fait de la musique.
(PV) C'est ce qu'on appelle une, une surdouée?
(CP) Bon, j'irais pas jusque là
(PV) "Oui, oui, oui" me dit Anne-Sylvie
Evidemment, c'est pas toi qui vas le dire,
mais il y a quand même un appel et un don qui sont arrivés...
(CP) Il y avait un piano chez moi et je voulais en jouer,
et chaque fois qu'on m'y mettait, les gens jouaient à ma place et du coup je tapais,
je disais: "Non, c'est moi, c'est moi" et bon, du coup, voilà..
(PV) Et autoritaire, en plus
(CP) Un petit peu, oui, quand même.
(PV) Et tu as fait deux instruments, alors'
(CP) J'ai fait deux instruments, donc j'ai commencé par le piano,
un peu de violon, aussi, mais ma maman ne s'en sortait plus avec sa fille de trois ans
qui essayait de faire deux instruments, là, c'était un peu la folie
et donc du coup, elle a caché le violon qui est réapparu dans ma vie
vers 7 ans et demi, huit ans, quelque chose comme ça,
où j'ai repris sérieusement le violon, et j'ai continué le piano pendant toutes ces années-là.
(PV) C'est ça, et tu as fait ton conservatoire...
(CP) j'ai fait mon conservatoire dans les deux...
(PV) Dans les deux?
(CP) dans les deux instruments, avec un petit bémol:
c'est que je n'ai pas totalement fini le dernier diplôme de piano
et il a fallu à ce moment-là que je choisisse entre les deux instruments et...
(PV) Et c'est le violon qui te parlait?
(CP) Voilà, par plein de raisons à ce moment-là dans ma vie, j'ai choisi le violon
et voilà, je ne regrette pas, et en même temps, ben, je joue encore du piano de temps en temps.
(PV) Tu n'en veux pas à ta maman de t'avoir caché le violon pendant des années?
(CP) Non, non, pas trop, pas trop, ça va.
(PV) Quel parcours étonnant!
J'adore cette émission, on découvre plein de gens formidables.
Dominica Eyckmans, vous, votre parcours musical, c'est?
(DE) C'est assez particulier aussi.
(PV) Au, allons-y, alors.
(DE) Parce que moi aussi en fait, comme Caroline, j'ai commencé aussi avec le piano,
aussi quand j'avais plus ou moins trois ans ou quatre ans, je ne sais plus.
Et alors, comme moi, je voulais faire du violon au début,
mais c'était interdit, par ma maman aussi... (elle rit)
(PV) Pourquoi, ça grinçait trop?
(CE) Oui (elles rient).
Elle trouvait ça insupportable.
(PV) C'est ........ (check) tout à fait normal de la part des parents, me semble-t-il.
(CE) Voilà. Et comme mon grand-père était musicien, il y avait un piano à la maison,
donc on m'a dit: "Ben, commence avec le piano et après, on verra bien."
Voilà: donc j'ai commencé avec le piano et j'ai fait des études avec Chantal Brouwaerts (check),
grande chance, parce que je la remercie toujours, en fait,
pour tout ce qu'elle m'a appris sur la musique, pas seulement sur le piano.
Et là j'étais dans le sens, j'allais devenir pianiste concertante, quoi, voilà.
(CE) Mais à douze ans, j'en avais marre, marre, marre, j'en voulais plus,
parce que c'était forcé, et moi, j'avais toujours cet instrument, l'autre, enfin le violon
qui me restait en tête.
Et alors, bon, moi, dans mon parcours, ce n'était pas possible à ce moment-là,
puis j'ai pris un peu de flûte traversière.
C'était une petite folie dans ma jeunesse, et puis bon, ce n'était pas ça non plus,
et alors à 17 ans, je suis tombée sur l'alto, par hasard, voilà, et...
(PV) Parce que c'est aussi particulier comme parcours.
(DE) C'est assez particulier aussi et là, c'était vraiment mon instrument à moi,
donc moi je voulais le faire, mais vraiment à 100%, alors que c'était beaucoup trop tard,
tout le monde m'a dit: "C'est plus possible, c'est pas possible"
et moi, je n'avais plus en tête non plus de le faire professionnellement,
c'était juste, je voulais en jouer, c'est tout.
Et puis, je suis tombée sur quelqu'un qui m'a dit:
"Attends, tu joues combien de temps?" "Eh bien, deux ans."
"Ah, tu viens chez moi en cours privé et tu vas au Conservatoire."
Pas possible... mais non, je l'ai fait, voilà.
(PV) Et c'était qui, le prof?
(DE) A ce moment-là, c'était Peter Pieters (check)
qui jouait à l'Orchestre National pour l'instant.
Et alors, il m'a présenté à, chez Erwin Schiffer (check) au Conservatoire à Bruxelles, à l'époque,
qui lui aussi a dit: "Ah, intéressant, votre parcours." Voilà.
(PV) Et qu'est-ce qui vous plaît dans l'alto?
C'est vrai que c'est une autre sonorité que, par rapport au violon.
(DE) Oui, c'est vrai, parce que moi, après je me suis dit...
(PV) En fait, il n'y a pas, vous l'avez dit tout à l'heure
-- je voulais vous interrompre, excusez-moi --
Il n'y a pas de hasard.
(DE) Non, il n'y a pas de hasard,
parce que c'est vrai que quand j'ai vu qu'il y avait les cours d'alto
à l'Académie de Musique à Saint-Tron (check)
je ne connaissais même pas consciemment un alto.
Mai je me suis dit, tiens, un alto, ça doit être plus bas qu'un violon,
parce qu'il y a le soprano, alto et c'est avec ça que j'ai convaincu ma mère, en disant:
"Mais un alto, c'est moins haut, ça va moins grincer, et je vais étudier au grenier,
je vais étudier dans la cave," et voilà.
Et alors là, à un moment donné, elle a dit: "Alors bon, va-y," voilà.
Et après, je me suis dit, maintenant je remercie ma mère, parce que c'est vrai que je me suis dit,
si j'avais commencé avec le violon, je n'aurai peut-être pas changé, je ne sais pas.
Mais là, j'ai découvert l'alto et je me suis dit, mais c'est beaucoup plus mon instrument,
à cause de la couleur, de la fonction aussi dans l'harmonie.
Moi, j'ai aussi étudié la fugue et ça m'intéresse d'être le ventre de la musique.
Moi, ça me passionne et en plus...
(PV) C'est vrai que dans un quatuor,
l'alto a un rôle particulier.
(DE) Tout à fait et c'est très physique, aussi,
et ça, j'aime beaucoup, aussi, c'est beaucoup plus physique que le violon.
Maintenant, quand je prends un petit violon en main, je me dis:
"Mais comment est-ce qu'ils font, enfin, c'est trop petit..." (rires)
Donc, je suis très contente, et le fait d'avoir étudié le piano, ça m'aide aussi en lecture de musique,
enfin, en compréhension de musique, voilà.
(PV) Alors, Anne-Sylvie, toi, ton parcours, on le connaît, hein?
Mais ce que je veux savoir, c'est que, puisque on a fait connaissance avec nos deux musiciennes,
toi, où en es-tu maintenant dans ta vie, puisque après le Conservatoire de Liège,
qu'est-ce qui s'est passé?
(ASP) Donc j'ai fait ma vie de musicienne, donc dans plein d'ensembles,
et j'ai repris des études de management et de production de concerts à l'IAD (check),
que j'ai terminées et réussies.
(PV) Bravo, félicitations.
(ASP) Voilà. Et donc, ça me permet quoi? De rajouter à ma vie...
(PV) une corde à ton arc,
(ASP) Une corde à mon arc, j'osais pas le dire.
(PV) à ton violon, je dirais presque (elles rient).
(ASP) Ça me permet de m'occuper aussi d'autres groupes pour les produire,
parce que j'aime interpréter, j'aime jouer de mon instrument,
mais j'aime aussi permettre aux autres de le faire.
Et voilà, c'est un métier qui me plaît aussi.
(PV) Et tu as des possibilités là-dedans, dans le management?
(ASP) Et j'en ai, oui, voilà.
(PV) Super! Que de bonnes nouvelles, en fait.
(ASP) Ça ouvre plus d'horizons, on va dire ça comme ça.
(PV) Et bien je vous propose d'écouter,
avant de continuer avec Jean-Pierre Waelbroeck, notre compositeur ici présent,
encore un extrait de sa Sonate No 3 pour violon et piano.
Nous écoutons le troisième mouvement par toi, Anne-Sylvie, au violon et Caroline Poncelet,
qui est ici au piano. (26:52)
♫ JP Waelbroeck - Sonate No 3 - 3ème mvt ♫
(PV 32:47) Extrait de la Sonate No 3 pour violon et piano, le troisième mouvement:
Anne-Sylvie Primo au violon, Caroline Poncelet, ici, au piano.
Je vous rappelle donc qu'aujourd'hui, l'émission Musiq'académies
est consacrée au Waelbroeck Quartet et au compositeur dont le quartet a pris le nom,
Jean-Pierre Waelbroeck, qui est avec nous, ce qui est quand même assez rare,
d'avoir le compositeur en présence du quatuor.
Il nous manque un membre du quatuor, Thomas Engelen,
tant pis pour lui, qui était au violoncelle, voilà --
qui l'est toujours, mais qui n'est pas à notre micro. (33:16)