0:00:05.922,0:00:10.558 Vous voilà, coincé sur une île déserte [br]avec un autre naufragé, 0:00:10.558,0:00:13.270 à jouer la dernière banane aux dés. 0:00:13.270,0:00:15.604 Vous vous êtes mis d’accord [br]sur ces règles : 0:00:15.604,0:00:17.146 vous lancerez deux dés, 0:00:17.146,0:00:21.069 et si le plus grand chiffre [br]est un, deux, trois ou quatre, 0:00:21.069,0:00:23.353 le joueur un l’emporte. 0:00:23.353,0:00:27.650 Si le plus grand chiffre est cinq [br]ou six, c’est le joueur deux qui gagne. 0:00:27.650,0:00:29.317 Essayons à nouveau deux fois. 0:00:29.317,0:00:32.724 Ici, c’est le joueur un qui gagne, 0:00:32.724,0:00:35.157 et là, le joueur deux. 0:00:35.157,0:00:37.941 Alors, lequel voulez-vous être ? 0:00:37.941,0:00:41.931 À première vue, il semblerait [br]que le joueur un soit avantagé, 0:00:41.931,0:00:45.757 elle gagnera si n’importe lequel [br]des quatre chiffres est le plus élevé, 0:00:45.757,0:00:47.092 mais en réalité, 0:00:47.092,0:00:52.919 le joueur deux a environ [br]56% de chances de gagner chaque partie. 0:00:52.919,0:00:54.528 On peut le visualiser 0:00:54.528,0:00:57.767 en faisant la liste [br]de toutes les combinaisons possibles 0:00:57.767,0:00:59.337 obtenues en lançant deux dés, 0:00:59.337,0:01:02.674 puis de compter celles [br]que remporte chaque joueur. 0:01:02.674,0:01:05.308 Voici les possibilités pour le dé jaune. 0:01:05.308,0:01:07.784 Et les possibilités pour le dé bleu. 0:01:07.784,0:01:10.279 Chaque case du tableau [br]correspond à une combinaison possible 0:01:10.279,0:01:12.774 lorsqu’on lance les deux dés. 0:01:12.774,0:01:14.749 En obtenant un quatre puis un cinq, 0:01:14.749,0:01:17.775 on y inscrit[br]que la victoire est pour le joueur deux. 0:01:17.775,0:01:22.496 Avec trois et un, [br]c’est une victoire pour le joueur un. 0:01:22.496,0:01:24.817 Il y a en tout 36 combinaisons possibles, 0:01:24.817,0:01:27.781 et chacune a exactement [br]les mêmes chances de se produire. 0:01:27.781,0:01:31.236 C'est ce que les mathématiciens [br]appellent les événements équiprobables. 0:01:31.236,0:01:34.801 On comprend alors pourquoi [br]la première impression était fausse. 0:01:34.801,0:01:37.466 Bien que le joueur un [br]ait quatre chiffres gagnants, 0:01:37.466,0:01:39.560 et l'autre joueur deux seulement, 0:01:39.560,0:01:43.704 les chances pour que chaque chiffre [br]soit le plus élevé ne sont pas les mêmes. 0:01:43.704,0:01:48.681 Il n'y a qu'une chance sur 36 [br]que le un soit le plus grand chiffre. 0:01:48.681,0:01:52.857 Mais il y a 11 chances sur 36 [br]que le six soit le plus élevé. 0:01:52.857,0:01:55.586 Ainsi, si n’importe laquelle [br]de ces combinaisons sort, 0:01:55.586,0:01:57.473 c’est le joueur un qui gagne. 0:01:57.473,0:01:59.668 Et si c’est l’une de ces combinaisons, 0:01:59.668,0:02:01.397 le joueur deux l’emporte. 0:02:01.397,0:02:03.719 Parmi les 36 combinaisons possibles, 0:02:03.719,0:02:09.819 16 donnent la victoire au joueur un, [br]et 20 au joueur deux. 0:02:09.819,0:02:12.163 On peut y réfléchir différemment. 0:02:12.163,0:02:14.359 La seule manière de gagner [br]pour le joueur un 0:02:14.359,0:02:18.639 est que les deux dés [br]fassent un, deux, trois ou quatre. 0:02:18.639,0:02:21.596 Si un cinq ou un six sort, [br]le joueur deux l'emporte. 0:02:21.596,0:02:24.582 La probabilité qu’un dé tombe [br]sur un, deux, trois ou quatre 0:02:24.582,0:02:27.568 est de quatre sur six. 0:02:27.568,0:02:30.556 Le résultat de chaque lancer [br]est indépendant de l’autre. 0:02:30.556,0:02:33.869 Or on peut calculer la probabilité [br]commune d’événements indépendants 0:02:33.869,0:02:36.386 en multipliant leurs probabilités. 0:02:36.386,0:02:40.822 Ainsi, les chances d’obtenir [br]un, deux, trois ou quatre sur les deux dés 0:02:40.822,0:02:46.279 sont de 4 sur 6 [br]fois 4 sur 6, soit 16 sur 36. 0:02:46.279,0:02:48.467 Puisqu’il faut un gagnant, 0:02:48.467,0:02:54.502 les chances que ça soit le joueur deux [br]sont de 36 sur 36 moins 16 sur 36, 0:02:54.502,0:02:57.303 ou 20 sur 36. 0:02:57.303,0:03:01.229 Ce sont exactement les mêmes probabilités [br]que celles obtenues grâce au tableau. 0:03:01.229,0:03:04.235 Pourtant, cela ne signifie pas [br]que le joueur deux va gagner. 0:03:04.235,0:03:07.504 ni même que si vous lanciez 36 fois[br]les dés en étant le joueur deux, 0:03:07.504,0:03:09.503 vous remporteriez 20 parties. 0:03:09.503,0:03:11.809 C’est bien pour cela que [br]dans des situations 0:03:11.809,0:03:13.855 comme le lancer de dés, [br]on parle de hasard. 0:03:13.855,0:03:16.773 Malgré la possibilité de calculer [br]une probabilité théorique 0:03:16.773,0:03:17.985 pour chaque résultat, 0:03:17.985,0:03:20.415 on n'obtiendra pas les résultats attendus[br] 0:03:20.415,0:03:22.995 en observant quelques parties seulement. 0:03:22.995,0:03:25.729 Par contre, si l’on reproduisait [br]ces lancers aléatoires 0:03:25.729,0:03:27.513 un très, très grand nombre de fois, 0:03:27.513,0:03:30.747 la fréquence de victoire [br]pour le joueur deux, 0:03:30.747,0:03:33.418 se rapprocherait [br]de sa probabilité théorique, 0:03:33.418,0:03:36.372 cette valeur obtenue [br]en écrivant toutes les possibilités 0:03:36.372,0:03:39.039 et en calculant celles de chaque résultat. 0:03:39.039,0:03:41.663 Ainsi, si l’on s’asseyait [br]sur cette île déserte 0:03:41.663,0:03:43.827 en y jouant indéfiniment aux dés, 0:03:43.827,0:03:47.263 le joueur deux finirait effectivement [br]par gagner 56% des parties, 0:03:47.263,0:03:49.995 et le joueur un, 44%. 0:03:49.995,0:03:54.024 Mais d'ici là, bien entendu, [br]la banane aura disparu depuis longtemps.