Return to Video

Leslie Morgan Steiner : Pourquoi les victimes de violence conjugales ne partent pas

  • 0:01 - 0:04
    Je suis ici aujourd'hui pour vous parler
    d'une question qui dérange,
  • 0:04 - 0:08
    et dont la réponse est tout aussi dérangeante.
  • 0:08 - 0:11
    Mon sujet : les secrets de la violence conjugale,
  • 0:11 - 0:14
    et la question à laquelle je vais m'attaquer
  • 0:14 - 0:18
    est la question que tout le monde pose :
  • 0:18 - 0:19
    Pourquoi reste-t-elle ?
  • 0:19 - 0:23
    Pourquoi une femme resterait
    avec un homme qui la bat ?
  • 0:23 - 0:26
    Je ne suis ni psychiatre, ni assistante sociale
  • 0:26 - 0:29
    ni experte en violence conjugale.
  • 0:29 - 0:32
    Je suis juste une femme avec une histoire à raconter.
  • 0:32 - 0:36
    J'avais 22 ans.
    Je venais juste d'être diplômée de Harvard.
  • 0:36 - 0:39
    Je venais d'emménager à New-York
    pour mon premier emploi
  • 0:39 - 0:42
    en tant qu'auteur et rédacteur
    pour le magazine Seventeen.
  • 0:42 - 0:44
    J'avais mon premier appartement,
  • 0:44 - 0:48
    ma première carte de crédit American Express,
  • 0:48 - 0:51
    et j'avais un très lourd secret.
  • 0:51 - 0:54
    Mon secret était que j'avais ce pistolet
  • 0:54 - 0:58
    chargé de balles à têtes creuses pointé sur ma tête
  • 0:58 - 1:00
    par l'homme que je croyais être mon âme soeur,
  • 1:00 - 1:04
    de très très nombreuses fois.
  • 1:04 - 1:07
    L'homme que j'aimais plus que quiconque au monde
  • 1:07 - 1:11
    a pointé un pistolet sur ma tête
    et a menacé de me tuer
  • 1:11 - 1:15
    plus souvent que je ne peux me le rappeler.
  • 1:15 - 1:17
    Je suis ici pour vous raconter
    l'histoire d'un amour de folie,
  • 1:17 - 1:20
    d'un piège psychologique camouflé
    sous forme d'amour,
  • 1:20 - 1:23
    celui dans lequel tombent des millions de femmes
  • 1:23 - 1:26
    et même quelques hommes chaque année.
  • 1:26 - 1:28
    Ça pourrait même être votre histoire.
  • 1:28 - 1:32
    Je ne ressemble pas
    à la typique survivante de violences conjugales.
  • 1:32 - 1:34
    J'ai une licence d'anglais de l'université de Harvard,
  • 1:34 - 1:36
    un MBA en marketing de la Wharton Business School.
  • 1:36 - 1:39
    J'ai passé la plus grande partie de ma carrière à travailler pour des entreprises du Fortune 500,
  • 1:39 - 1:44
    comme Johnson &Johnson, Leo Burnett
    et le Washington Post.
  • 1:44 - 1:48
    J'ai été mariée pendant plus de 20 ans
    à mon second mari
  • 1:48 - 1:50
    et nous avons trois enfants ensemble.
  • 1:50 - 1:55
    Mon chien est un labrador noir
    et je conduis un monospace Honda Odyssey.
  • 1:55 - 1:57
    (Rires)
  • 1:57 - 2:00
    Donc le premier message que je veux vous adresser c'est que
  • 2:00 - 2:02
    les violences conjugales concernent tout le monde -
  • 2:02 - 2:06
    toutes les races, toutes les religions,
    tous les revenus, tous les niveaux d'études.
  • 2:06 - 2:08
    On en trouve partout.
  • 2:08 - 2:11
    Et mon deuxième message
    c'est que tout le monde pense que
  • 2:11 - 2:13
    les violences conjugales n'arrivent qu'aux femmes,
  • 2:13 - 2:15
    que c'est un problème de femmes.
  • 2:15 - 2:17
    Pas exactement.
  • 2:17 - 2:21
    Plus de 85% des auteurs de violences conjugales sont des hommes, et ces violences
  • 2:21 - 2:27
    ont uniquement lieu dans le cadre de relations privées, interdépendantes, et à long terme,
  • 2:27 - 2:30
    en d'autres termes, dans des familles,
  • 2:30 - 2:33
    le dernier endroit où nous voudrions ou supposerions y trouver de la violence,
  • 2:33 - 2:38
    ce qui constitue une des raisons pour lesquelles
    les violences conjugales sont si perturbantes.
  • 2:38 - 2:41
    Je vous aurais moi-même dit
    que j'êtais la dernière personne sur Terre
  • 2:41 - 2:44
    à rester avec un homme qui me bat,
  • 2:44 - 2:47
    mais en fait, j'étais une victime typique
    à cause de mon âge.
  • 2:47 - 2:51
    J'avais 22 ans, et aux Etat-Unis,
  • 2:51 - 2:54
    les femmes âgées de 16 à 24 ans
    ont trois fois plus de risque
  • 2:54 - 2:57
    d'être victimes de violences conjugales
  • 2:57 - 3:00
    que les femmes d'un autre âge,
  • 3:00 - 3:03
    Et plus de 500 femmes ou filles de cet âge
  • 3:03 - 3:07
    sont tuées chaque année par des partenaires abusifs,
  • 3:07 - 3:11
    petits-amis et maris, aux Etats-Unis.
  • 3:11 - 3:15
    J'étais aussi une victime typique
    du fait de mon ignorance
  • 3:15 - 3:19
    sur les violences conjugales, ses signaux d'alerte
    ou ses schémas.
  • 3:19 - 3:24
    J'ai rencontré Conor lors d'une nuit froide et pluvieuse de janvier.
  • 3:24 - 3:27
    Il s'est assis à côté de moi dans le métro à New York,
  • 3:27 - 3:29
    et il a engagé la conversation.
  • 3:29 - 3:31
    Il m'a dit deux choses.
  • 3:31 - 3:35
    La première était qu'il venait aussi d'être diplômé d'une école de la Ivy League,
  • 3:35 - 3:39
    et qu'il travaillait pour
    une banque très importante de Wall Street.
  • 3:39 - 3:43
    Mais ce qui a eu la plus forte impression sur moi
    lors de cette première rencontre
  • 3:43 - 3:46
    était qu'il était intelligent et amusant
  • 3:46 - 3:48
    et qu'il avait l'air d'un garçon de ferme.
  • 3:48 - 3:50
    Il avait ces bonnes joues, ces bonnes joues pleines
  • 3:50 - 3:52
    et ces cheveux blonds couleur de blé
  • 3:52 - 3:55
    et il avait l'air si adorable.
  • 3:55 - 3:59
    Une des choses les plus intelligentes
    que Conor ait fait, dès le départ,
  • 3:59 - 4:04
    était de créer l'illusion que j'étais le partenaire dominant dans cette relation.
  • 4:04 - 4:07
    Il l'a fait spécialement au début
  • 4:07 - 4:09
    en m'idolâtrant.
  • 4:09 - 4:13
    Nous avons commencé à sortir ensemble
    et il aimait tout à propos de moi,
  • 4:13 - 4:14
    que j'étais intelligente, que j'étais allée à Harvard,
  • 4:14 - 4:17
    que j'étais passionée dans mon job,
    pour aider des adolescentes.
  • 4:17 - 4:20
    Il voulait tout connaître de ma famille,
  • 4:20 - 4:23
    de mon enfance, de mes espoirs et rêves.
  • 4:23 - 4:26
    Conor avait foi en moi
    comme écrivain et comme femme
  • 4:26 - 4:30
    d'une manière que personne n'avait eu auparavant.
  • 4:30 - 4:34
    Et il a aussi créé une atmosphère magique de confiance entre nous
  • 4:34 - 4:37
    en confessant son secret,
  • 4:37 - 4:41
    qui était que dès l'âge de quatre ans
  • 4:41 - 4:44
    il avait été abusé sauvagement et de façon répétée
  • 4:44 - 4:46
    par son beau-père,
  • 4:46 - 4:50
    et que les abus avaient été si loin
    qu'il avait dû quitter l'école en 4ème
  • 4:50 - 4:52
    même s'il était très intelligent,
  • 4:52 - 4:56
    et qu'il avait passé près de 20 ans
    à reconstruire sa vie.
  • 4:56 - 4:59
    C'est pourquoi ce diplôme d'une école Ivy League
  • 4:59 - 5:02
    et le job à Wall Street
    ainsi que son futur si prometteur
  • 5:02 - 5:04
    représentaient tant pour lui.
  • 5:04 - 5:06
    Si vous m'aviez dit
  • 5:06 - 5:12
    que cet homme intelligent, amusant, sensible
    qui m'adorait
  • 5:12 - 5:16
    allait un jour régir le fait que je porte ou non du maquillage,
  • 5:16 - 5:18
    la longueur de mes jupes,
  • 5:18 - 5:20
    l'endroit où je vivrai, les jobs que je prendrai,
  • 5:20 - 5:23
    qui sont mes amis et où je passerai Noël,
  • 5:23 - 5:25
    je vous aurai ri au nez
  • 5:25 - 5:28
    parce qu'il n'y avait pas la moindre trace
    de violence ou de contrôle
  • 5:28 - 5:32
    ou de colère en Conor au début.
  • 5:32 - 5:35
    Je ne savais pas que la première étape
  • 5:35 - 5:37
    dans toute relation avec violence conjugale
  • 5:37 - 5:41
    est de séduire et de charmer la victime.
  • 5:41 - 5:46
    Je ne savais pas non plus que la deuxième étape
    est d'isoler la victime.
  • 5:46 - 5:50
    Ok, Conor n'est pas rentré à la maison un jour
    en annonçant :
  • 5:50 - 5:53
    « Tu sais, toute cette histoire de Romeo et Juliette a été bien sympa
  • 5:53 - 5:55
    mais je dois passer à l'étape d'après
  • 5:55 - 5:59
    où je t'isole et j'abuse de toi » -- (Rires) --
  • 5:59 - 6:01
    « donc je dois te sortir de cet appartement
  • 6:01 - 6:02
    où les voisins peuvent entendre tes cris
  • 6:02 - 6:05
    et de cette ville où tu as tes amis et ta famille
  • 6:05 - 6:08
    ainsi que tes collègues qui peuvent voir tes bleus. »
  • 6:08 - 6:12
    Au contraire, Conor est rentré à la maison
    un vendredi soir
  • 6:12 - 6:15
    et il m'a annoncé qu'il venait de quitter son job,
  • 6:15 - 6:17
    le job de ses rêves,
  • 6:17 - 6:22
    et il a dit qu'il avait quitté son job à cause de moi,
  • 6:22 - 6:25
    parce que je l'avais fait se sentir si protégé et aimé
  • 6:25 - 6:28
    qu'il n'avait plus besoin
    de prouver quoique ce soit à Wall Street,
  • 6:28 - 6:30
    et qu'il voulait juste quitter la ville,
  • 6:30 - 6:33
    mettre de la distance avec sa famille abusive et dysfonctionnelle,
  • 6:33 - 6:36
    et déménager
    dans une petite ville de la Nouvelle Angleterre
  • 6:36 - 6:40
    où il pourrait recommencer sa vie
    avec moi à ses côtés.
  • 6:40 - 6:44
    La dernière chose que je voulais
    était de quitter New York,
  • 6:44 - 6:48
    et le job de mes rêves,
  • 6:48 - 6:50
    mais j'ai pensé que l'on fait des sacrifices
    pour son âme soeur,
  • 6:50 - 6:54
    j'ai donc accepté, j'ai quitté mon job,
  • 6:54 - 6:56
    et Conor et moi sommes partis de Manhattan ensemble.
  • 6:56 - 7:01
    Je n'avais pas idée
    que je tombais dans un amour de folie,
  • 7:01 - 7:04
    que je fonçais la tête la première dans un piège
  • 7:04 - 7:09
    physique, financier et psychologique
    soigneusement préparé.
  • 7:09 - 7:11
    L'étape suivante du schéma de violence conjugale
  • 7:11 - 7:16
    est d'introduire la menace de violence
  • 7:16 - 7:18
    et de voir comment elle réagit.
  • 7:18 - 7:21
    Et c'est à ce moment que les pistolets entrent en jeu.
  • 7:21 - 7:24
    Dès que nous avons emménagé
    en Nouvelle Angleterre -- vous savez
  • 7:24 - 7:26
    cet endroit où Conor était supposé
    se sentir en sécurité --
  • 7:26 - 7:29
    il a acheté trois pistolets.
  • 7:29 - 7:32
    Il en gardait un dans la boîte à gants de notre voiture.
  • 7:32 - 7:35
    Il en gardait un sous les oreillers de notre lit,
  • 7:35 - 7:38
    et il gardait le troisième dans sa poche tout le temps.
  • 7:38 - 7:40
    Et il disait qu'il avait besoin de ces armes
  • 7:40 - 7:43
    à cause du traumatisme qu'il avait vécu étant enfant.
  • 7:43 - 7:46
    Il en avait besoin pour se sentir protégé.
  • 7:46 - 7:49
    Mais ces pistolets étaient en fait
    un message pour moi,
  • 7:49 - 7:51
    et même s'il n'avait pas levé la main sur moi,
  • 7:51 - 7:57
    ma vie était déjà en grand danger
    chaque minute de chaque jour.
  • 7:57 - 8:01
    La première fois que Conor m'a attaquée physiquement,
  • 8:01 - 8:03
    c'était cinq jours avant notre mariage.
  • 8:03 - 8:08
    Il était 7h du matin,
    je portais encore ma chemise de nuit.
  • 8:08 - 8:12
    Je travaillais sur mon ordinateur
    pour finir un article pour une mission freelance,
  • 8:12 - 8:14
    et j'étais frustrée,
  • 8:14 - 8:17
    et Conor a utilisé ma colère comme excuse
  • 8:17 - 8:20
    pour placer ses deux mains autour de mon cou
  • 8:20 - 8:24
    et serrer si fort que je ne pouvais ni respirer ni crier,
  • 8:24 - 8:26
    et il a utilisé la prise
  • 8:26 - 8:30
    pour frapper ma tête plusieurs fois contre le mur.
  • 8:30 - 8:35
    Cinq jours plus tard, les dix marques sur mon cou venaient juste de disparaître,
  • 8:35 - 8:38
    et j'ai enfilé la robe de mariée de ma mère,
  • 8:38 - 8:40
    et je l'ai épousé.
  • 8:40 - 8:42
    Malgré ce qui s'était produit,
  • 8:42 - 8:46
    j'étais certaine que nous allions vivre
    heureux pour toujours
  • 8:46 - 8:50
    parce que je l'aimais et qu'il m'aimait tellement.
  • 8:50 - 8:53
    Et il était vraiment, vraiment désolé.
  • 8:53 - 8:57
    Il avait juste été terriblement stressé par le mariage
  • 8:57 - 8:59
    et par le fait de fonder une famille avec moi.
  • 8:59 - 9:00
    C'était un incident isolé,
  • 9:00 - 9:04
    et il n'allait jamais me faire du mal à nouveau.
  • 9:04 - 9:07
    Cela s'est reproduit deux fois
    durant notre voyage de noces.
  • 9:07 - 9:10
    La première fois,
    je conduisais pour trouver une plage secrète
  • 9:10 - 9:12
    et je me suis perdue,
  • 9:12 - 9:15
    et il m'a cognée sur le côté de la tête tellement fort
  • 9:15 - 9:18
    que l'autre côté de ma tête a heurté plusieurs fois
  • 9:18 - 9:20
    la fenêtre côté conducteur.
  • 9:20 - 9:23
    Et ensuite, quelques jours plus tard,
    en rentrant de notre lune de miel,
  • 9:23 - 9:26
    il était frustré par le trafic
  • 9:26 - 9:29
    et il m'a jeté un Big Mac froid en pleine tête.
  • 9:29 - 9:32
    Conor prit l'habitude de me battre
    une ou deux fois par semaine
  • 9:32 - 9:35
    durant les deux années et demie de notre mariage.
  • 9:35 - 9:38
    Je me suis trompée en pensant que j'étais unique
  • 9:38 - 9:41
    et seule dans cette situation.
  • 9:41 - 9:43
    En Amérique, une femme sur trois
  • 9:43 - 9:47
    est victime de violence conjugale ou de harcèlement
    à un moment de sa vie,
  • 9:47 - 9:51
    et le CDC rapporte que 15 millions d'enfants
  • 9:51 - 9:54
    sont abusés chaque année, 15 millions.
  • 9:54 - 9:59
    Donc en fait, j'étais en très bonne compagnie.
  • 9:59 - 10:01
    Revenons à ma question :
  • 10:01 - 10:03
    Pourquoi suis-je restée ?
  • 10:03 - 10:06
    La réponse est simple.
  • 10:06 - 10:09
    Je ne savais pas qu'il abusait de moi.
  • 10:09 - 10:13
    Même lorsqu'il pointait
    ces armes chargées contre ma tête,
  • 10:13 - 10:15
    me poussait dans les escaliers,
  • 10:15 - 10:16
    menaçait de tuer notre chien,
  • 10:16 - 10:20
    ôtait la clé de la voiture
    alors que je roulais sur l'autoroute,
  • 10:20 - 10:23
    versait du marc de café sur ma tête
  • 10:23 - 10:25
    alors que je m'habillais pour un entretien d'embauche,
  • 10:25 - 10:29
    je n'ai jamais pensé de moi
    que j'étais une femme battue.
  • 10:29 - 10:33
    Au contraire, j'étais une femme très forte
  • 10:33 - 10:35
    amoureuse d'un homme profondément troublé,
  • 10:35 - 10:37
    et j'étais la seule personne sur Terre
  • 10:37 - 10:41
    qui pouvait aider Conor à faire face à ses démons.
  • 10:41 - 10:45
    L'autre question que tout le monde se pose :
  • 10:45 - 10:47
    pourquoi n'est-elle pas simplement partie ?
  • 10:47 - 10:51
    Pourquoi ne suis-je pas partie ?
    J'aurais pu le faire n'importe quand.
  • 10:51 - 10:56
    Pour moi, c'est la question la plus triste
    et la plus douloureuse que l'on puisse poser,
  • 10:56 - 10:59
    parce que nous, victimes, savont quelque chose
    que vous ne savez généralement pas :
  • 10:59 - 11:03
    il est incroyablement dangereux
    de quitter un abuseur.
  • 11:03 - 11:06
    Car la dernière étape
    du schéma de violences conjugales
  • 11:06 - 11:09
    est de la tuer.
  • 11:09 - 11:12
    Plus de 70% des meurtres de violences conjugales
  • 11:12 - 11:16
    se produisent après que la victime
    ait mis fin à cette relation,
  • 11:16 - 11:18
    après qu'elle soit partie,
  • 11:18 - 11:21
    parce qu'alors l'abuseur n'a plus rien à perdre.
  • 11:21 - 11:24
    D'autres conséquences incluent
    le harcèlement à long terme,
  • 11:24 - 11:27
    même après que l'abuseur se soit remarié,
  • 11:27 - 11:29
    le déni de ressources financières,
  • 11:29 - 11:32
    et la manipulation du système de tribunal familial
  • 11:32 - 11:34
    pour terrifier la victime et ses enfants
  • 11:34 - 11:39
    qui sont régulièrement forcés par les juges des tribunaux familiaux
  • 11:39 - 11:41
    de passer du temps sans surveillance
  • 11:41 - 11:45
    avec l'homme qui battait leur mère.
  • 11:45 - 11:49
    Et pourtant nous demandons,
    pourquoi n'est-elle pas juste partie ?
  • 11:49 - 11:51
    J'étais capable de partir,
  • 11:51 - 11:54
    à cause d'un raclée finale et sadique
  • 11:54 - 11:57
    qui a brisé mon deni.
  • 11:57 - 12:00
    J'ai réalisé que l'homme que j'aimais si fort
  • 12:00 - 12:03
    allait me tuer si je le laissais faire.
  • 12:03 - 12:06
    Alors j'ai rompu le silence.
  • 12:06 - 12:08
    Je l'ai dit à tout le monde :
  • 12:08 - 12:12
    la police, mes voisins,
  • 12:12 - 12:16
    mes amis et ma famille, de parfaits étrangers,
  • 12:16 - 12:23
    et je suis ici aujourd'hui
    parce vous m'avez tous aidée.
  • 12:23 - 12:25
    Nous avons tendance à stéréotyper les victimes
  • 12:25 - 12:29
    en titres macabres,
  • 12:29 - 12:32
    en femmes auto-destructrices
    ou en filles endommagées.
  • 12:32 - 12:35
    La question, « Pourquoi reste-t-elle ? »
  • 12:35 - 12:40
    est un code pour certains pour dire
    « C'est sa faute car elle reste »
  • 12:40 - 12:44
    comme si les victimes choisissaient intentionnellement de tomber amoureuses d'hommes
  • 12:44 - 12:46
    qui ont l'intention de les détruire.
  • 12:46 - 12:49
    Mais depuis la publication de « Crazy Love » [Amour de Folie],
  • 12:49 - 12:52
    j'ai entendu des centaines d'histoires
    d'hommes et de femmes
  • 12:52 - 12:55
    qui s'en sont aussi sortis,
  • 12:55 - 12:59
    qui ont appris une leçon de vie inestimable
    de ce qui s'est passé,
  • 12:59 - 13:03
    et qui ont reconstruit leur vie
    -- joyeuse et heureuse --
  • 13:03 - 13:06
    comme employées, épouses et mères,
  • 13:06 - 13:10
    des vies sans aucune violence, comme moi.
  • 13:10 - 13:15
    Parce qu'en fait, je suis réellement
    une victime tout à fait typique de violences conjugales
  • 13:15 - 13:18
    et une survivante typique de violences conjugales.
  • 13:18 - 13:22
    Je me suis remariée à un homme gentil et doux,
  • 13:22 - 13:24
    et nous avons ces trois enfants.
  • 13:24 - 13:28
    J'ai ce labrador noir et ce minivan.
  • 13:28 - 13:31
    Ce que je n'aurai plus jamais,
  • 13:31 - 13:34
    jamais,
  • 13:34 - 13:36
    c'est un pistolet chargé sur ma tempe
  • 13:36 - 13:40
    par quelqu'un qui dit m'aimer.
  • 13:40 - 13:43
    Maintenant, vous pensez peut-être
  • 13:43 - 13:44
    « Wow, c'est fascinant »,
  • 13:44 - 13:48
    ou alors « Wow, ce qu'elle a été stupide »,
  • 13:48 - 13:54
    mais durant tout ce temps, j'ai surtout parlé de vous.
  • 13:54 - 13:57
    Je vous promets qu'il y a plusieurs personnes
  • 13:57 - 13:59
    qui m'écoutent en ce moment
  • 13:59 - 14:02
    qui sont actuellement abusées
  • 14:02 - 14:04
    ou qui ont été abusées étant enfant
  • 14:04 - 14:08
    ou qui sont eux-mêmes des abuseurs.
  • 14:08 - 14:10
    Les abus peuvent affecter votre fille,
  • 14:10 - 14:15
    votre soeur, votre meilleure amie en ce moment même.
  • 14:15 - 14:18
    J'ai été capable de mettre un terme
    à mon histoire d'amour de folie
  • 14:18 - 14:21
    en rompant le silence.
  • 14:21 - 14:23
    Je romps encore le silence aujourd'hui.
  • 14:23 - 14:27
    C'est ma façon d'aider d'autres victimes,
  • 14:27 - 14:30
    et c'est ma requête finale pour vous.
  • 14:30 - 14:33
    Parlez de ce que vous avez entendu ici.
  • 14:33 - 14:36
    Les abus prospèrent avec le silence.
  • 14:36 - 14:40
    Vous avez le pouvoir de mettre fin
    à des violences conjugales
  • 14:40 - 14:44
    simplement en les mettant en lumière.
  • 14:44 - 14:47
    Nous, les victimes, avons besoin de tout le monde.
  • 14:47 - 14:51
    Nous avons besoin que chacun de vous comprenne
  • 14:51 - 14:55
    les secrets de la violence conjugale.
  • 14:55 - 14:58
    Mettez l'abus au grand jour en parlant
  • 14:58 - 15:00
    à vos enfants, vos collègues,
  • 15:00 - 15:02
    vos amis et votre famille.
  • 15:02 - 15:05
    Changez la vision des survivants
    en personnes merveilleuses et sympathiques
  • 15:05 - 15:08
    avec de vrais futurs.
  • 15:08 - 15:11
    Reconnaissez les prémisses de la violence
  • 15:11 - 15:14
    et intervenez consciencieusement,
  • 15:14 - 15:18
    désamorcez-la, montrez une issue sûre aux victimes.
  • 15:18 - 15:22
    Ensemble, nous pouvons créer
  • 15:22 - 15:26
    un oasis de paix autour de nos lits,
  • 15:26 - 15:29
    de nos tables et de nos familles, comme il se doit.
  • 15:29 - 15:31
    Merci.
  • 15:31 - 15:39
    (Applaudissements)
Title:
Leslie Morgan Steiner : Pourquoi les victimes de violence conjugales ne partent pas
Speaker:
Leslie Morgan Steiner
Description:

Leslie Morgan Steiner a vécu un “crazy love” -- c'est-à-dire être éperdument amoureuse d'un homme qui abusait d'elle régulièrement et menaçait sa vie. Steiner nous raconte la sombre histoire de sa relation, corrigeant les idées fausses à propos des victimes de violences conjugales et expliquant comment nous pouvons tous aider à rompre le silence. (Filmé à TEDxRainier.)

more » « less
Video Language:
English
Team:
closed TED
Project:
TEDTalks
Duration:
15:59

French subtitles

Revisions