Du nouveau dans la psychanalyse au XXIe siècle | Patrick Roux | TEDxToulon 2013
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0:05 - 0:09Je vais vous parler d'une initiative
qui me semble importante -
0:09 - 0:11dans le champ de la psychanalyse
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0:11 - 0:16qui sont les Centres Psychanalytiques
de Consultation et de Traitement. -
0:17 - 0:22Donc, après la réalité virtuelle,
la réalité psychique, -
0:22 - 0:25qui nous offre également
beaucoup de surprises -
0:25 - 0:28pour autant qu'on y prête l'oreille.
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0:29 - 0:31J'ai construit un exposé,
comme nous le faisons -
0:31 - 0:34dans nos rencontres entre psychanalystes.
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0:34 - 0:35Je vais vous le présenter.
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0:35 - 0:37C'est donc un travail construit,
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0:37 - 0:44que je vais vous lire, qui a le mérite
d'être publiable et consultable. -
0:46 - 0:50Les CPCT sont destinés à faciliter
l'accès à la psychanalyse -
0:50 - 0:52à des sujets en souffrance psychique,
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0:52 - 0:56quel que soit leur niveau
social ou professionnel. -
0:56 - 0:57C'est l'idée de base.
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0:58 - 1:04Ce lieu accueille, traite et oriente
toute personne qui en fait la demande. -
1:04 - 1:09Les traitements sont gratuits
et limités à quatre mois, -
1:09 - 1:12soit 16 séances au maximum.
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1:12 - 1:14Ça peut s'arrêter avant.
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1:15 - 1:17Les psychanalystes impliqués,
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1:17 - 1:21qui sont psychiatres ou psychologues
de formation, y sont bénévoles. -
1:21 - 1:25Tous sans exception se réfèrent
à l'enseignement de Lacan. -
1:25 - 1:32C'est un point important à souligner,
pour autant que l'action analytique -
1:32 - 1:35dépend de la théorie
à laquelle on se réfère. -
1:35 - 1:40Même si on n'a pas de théorie,
on fonctionne avec des a priori au fond. -
1:41 - 1:45Le concept de CPCT est une initiative
de l'École de la Cause freudienne -
1:45 - 1:48qui est une association
reconnue d'utilité publique. -
1:49 - 1:52Les CPCT sont implantés
dans les grandes villes, -
1:53 - 1:55et en général, subventionnés
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1:55 - 1:58par les conseils généraux
ou les municipalités. -
1:59 - 2:04Ils répondent à trois enjeux
que je liste rapidement, -
2:04 - 2:08ensuite, je passerai à une partie
un peu plus clinique -
2:08 - 2:11pour que vous ayez
une idée du travail qui s'y fait. -
2:12 - 2:15D'abord, des enjeux cliniques :
plusieurs centaines de patients -
2:15 - 2:16nous sont adressés chaque année,
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2:16 - 2:20soit par les structures sociales,
soit par les structures associatives, -
2:21 - 2:23donc il y a un partenariat qui se fait.
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2:23 - 2:27C'est vraiment l'idée d'implanter
la psychanalyse dans la cité, -
2:27 - 2:30et non pas la laisser,
comme souvent on l'imagine, -
2:30 - 2:34dans une tour d'ivoire
ou réservée à certains. -
2:35 - 2:38Premier enjeu, enjeu clinique :
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2:38 - 2:41mettre la psychanalyse
à la portée du tutti quanti. -
2:41 - 2:46Deuxième enjeu : enjeu de recherche.
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2:46 - 2:49Au fond, la question
qu'on s'est posée en 2007, -
2:49 - 2:54c'est : que devient l'acte analytique
à partir du moment où on fait sauter -
2:54 - 2:58les standards habituels
qui sont le paiement et la durée ? -
2:58 - 3:02La durée qui est posée,
au départ, comme illimitée, -
3:02 - 3:05alors que là, on a un traitement
qui est limité dans le temps. -
3:05 - 3:08Donc on fait sauter ces deux standards,
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3:08 - 3:10qu'est-ce qui reste de l'acte analytique ?
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3:11 - 3:15Ces résultats de recherche
sont mis régulièrement à ciel ouvert -
3:16 - 3:21au cours de conférences publiques
qu'on appelle des rendez-vous cliniques. -
3:21 - 3:25C'est une façon de restituer
les produits du travail. -
3:26 - 3:32Il y a également des enjeux politiques
dont vous avez peut-être entendu parler, -
3:32 - 3:34c'est-à-dire dans le débat,
qui parfois tourne au combat, -
3:34 - 3:37entre la psychanalyse
et d'autres méthodes. -
3:38 - 3:45C'est au fond ne pas déserter
le terrain des traitements courts. -
3:45 - 3:47Il y a des enjeux aussi.
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3:48 - 3:50Le dispositif est le suivant :
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3:50 - 3:54la personne est reçue par un consultant
dans un premier temps, -
3:54 - 3:56pour déterminer
l'opportunité du traitement -
3:56 - 4:00et, point important,
dégager les enjeux d'un travail, -
4:00 - 4:03ce qu'on ne fait pas
dans une cure classique. -
4:03 - 4:07On n'essaye pas de serrer
une question ou un objectif a priori. -
4:10 - 4:14Le traitement est ensuite
assuré par un autre clinicien. -
4:15 - 4:18Il n'est pas question
de psychanalyse en modèle réduit, -
4:18 - 4:19vous l'entendez,
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4:19 - 4:22il s'agit de sensibiliser
à la relation analytique -
4:22 - 4:27en mettant en œuvre de façon preste,
pragmatique, les concepts. -
4:27 - 4:32Au fond, on se rend compte que parfois,
la levée d'un seul refoulement -
4:32 - 4:36permet au sujet de rebondir
ou de sortir d'une impasse subjective. -
4:36 - 4:42Sans engager vraiment un travail de fond,
ça permet de débloquer les choses. -
4:45 - 4:48Les deux moments cruciaux de l'analyse,
vous le savez peut-être, -
4:48 - 4:53sont, comme aux échecs,
le début de partie et la fin de partie. -
4:54 - 4:58J'ai donc choisi de vous faire part
de quelques entretiens préalables -
4:58 - 5:01où se repère l'ouverture à l'inconscient.
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5:01 - 5:03Tous ces sujets dont je vais vous parler -
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5:03 - 5:06rapidement bien entendu,
on appelle ça des vignettes cliniques - -
5:06 - 5:09tous ces sujets sont aux prises,
vous allez le voir, -
5:09 - 5:11avec la question de la solitude,
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5:11 - 5:14mais il y a une vérité cynique
de la psychanalyse -
5:14 - 5:16qu'il faut rappeler de façon
un peu laconique, là : -
5:17 - 5:18on est seul, au fond,
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5:18 - 5:21quand on est enfermé
dans sa prison de fantasmes, -
5:21 - 5:24de nostalgie, d'ennui, de haine, etc.
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5:25 - 5:28C'est une solitude psychique d'abord.
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5:29 - 5:32Derrière tout ça, il y a souvent
une insatisfaction secrète. -
5:33 - 5:37Freud espérait que chaque sujet
puisse traduire dans sa langue -
5:37 - 5:43cette part secrète, obscure, de l'être,
pour rentrer dans un lien à l'autre. -
5:43 - 5:46C'est un peu cette tâche qu'on poursuit.
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5:47 - 5:51Comment sortir d'abord
de sa propre solitude ? -
5:52 - 5:56Voici quelques vignettes assez rapides
que j'ai construites de façon resserrée -
5:57 - 6:01puisque je reçois en première intention
depuis deux ans maintenant. -
6:02 - 6:05La première vignette
que j'ai appelée « l'amoureuse ». -
6:05 - 6:09Avec cette patiente,
la consultation a été ultra-rapide -
6:09 - 6:10parce qu'elle était en retard
-
6:10 - 6:13mais surtout parce que
la teneur de l'entretien -
6:13 - 6:17a permis de conclure très vite
et dire oui au traitement. -
6:18 - 6:20Madame B est une femme de la quarantaine.
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6:20 - 6:23Elle est, en arrivant, sur un petit nuage.
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6:23 - 6:28Heureuse, gaie, souriante,
elle est amoureuse et ravie de l'être. -
6:29 - 6:32Le problème est que l'homme
qu'elle aime et dont elle est aimée, -
6:32 - 6:35n'est pas son mari
mais un collègue de travail. -
6:36 - 6:37Elle est dans l'embarras.
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6:38 - 6:42Nous lui disons : « Vous ne demandez
tout de même pas au CPCT -
6:42 - 6:44de vous guérir de l'amour ? »
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6:46 - 6:49« Eh bien, c'est
tout à fait ça ! » dit-elle. -
6:49 - 6:53Elle dépeint l'homme que je crois être
son amant dans un premier temps, -
6:53 - 6:57comme l'opposé de son mari :
il est attentif, il est charmant, -
6:57 - 7:01il lui fait des compliments
et surtout, il lui parle beaucoup. -
7:02 - 7:07Treize ans de vie commune ont usé
son couple, le désir a disparu. -
7:08 - 7:10Le mari se doute de quelque chose,
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7:10 - 7:12il la harcèle,
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7:12 - 7:14mais quand elle veut parler,
dit-elle, plus personne. -
7:15 - 7:20Au fond, elle a son idée sur la manière
de résoudre le conflit. -
7:24 - 7:29Quelle est cette façon qu'elle imagine,
-
7:29 - 7:31surprenante, de résoudre les choses ?
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7:31 - 7:35Il faudrait qu'on l'aide, dit-elle,
à « transposer » - -
7:35 - 7:37c'est vraiment son mot -
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7:37 - 7:40ce nouvel amour sur son mari.
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7:41 - 7:44Autrement dit, elle voudrait
faire revenir les couleurs d'origine, -
7:44 - 7:46comme dit Souchon.
-
7:46 - 7:49Cet amour nouveau lui fait
du bien mais la rend coupable. -
7:50 - 7:54Nous lui demandons explicitement
ce qu'il en est de sa sexualité. -
7:56 - 7:59Il n'y en a pas,
la relation est platonique. -
8:00 - 8:02S'est-elle refusée ?
-
8:02 - 8:05Non, l'homme ne l'a pas proposé.
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8:05 - 8:08Voudrait-elle de cette aventure ?
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8:08 - 8:09C'est toujours non.
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8:10 - 8:15Au fond, avec les deux partenaires,
elle se prive de l'orgasme. -
8:15 - 8:17La solitude de ce sujet est sexuelle.
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8:18 - 8:23L'analyste lui dit :
« Ces deux hommes que tout oppose -
8:23 - 8:27ne sont pas si différents pour vous,
de ce point de vue. -
8:27 - 8:29Elle n'a jamais vu ça comme ça.
-
8:30 - 8:33La surprise signe
la mobilisation de l'inconscient -
8:33 - 8:36et permet l'ouverture
du travail psychique. -
8:37 - 8:40Le ton de l'entretien
n'est plus du tout à la légèreté. -
8:40 - 8:44Faire surgir le désir,
fût-ce par son absence, -
8:44 - 8:50sous le voile trompeur de l'amour -
ou idéalisant, on peut dire, de l'amour - -
8:50 - 8:53permet d'arrêter l'entretien
sur un instant de voir -
8:53 - 8:55et d'ouvrir le temps du traitement.
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8:55 - 8:57Sa question est remise à l'endroit.
-
8:57 - 9:01Voilà un petit peu comment
s'est amorcé pour ce sujet -
9:02 - 9:05le travail dans un temps très court
de dix minutes, un quart d'heure. -
9:06 - 9:10Deuxième vignette, « le chouchou »,
je l'ai appelé le chouchou. -
9:10 - 9:12Ce sujet est dans l'urgence.
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9:12 - 9:14Sans travail depuis deux ans,
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9:14 - 9:17il voit sa vie de couple
se dégrader une fois de plus. -
9:18 - 9:21Il a dégagé le cycle infernal
dans lequel il est pris. -
9:21 - 9:24Il met en place des choses
et ne les assume pas. -
9:25 - 9:27Il traîne cela depuis l'adolescence.
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9:28 - 9:31Au lycée, il ne travaillait pas,
à l'université non plus. -
9:32 - 9:35Il se plaint de ne pas savoir se battre.
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9:35 - 9:37Il a beaucoup démissionné de ses emplois
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9:37 - 9:40et dans sa vie de couple,
il a toujours fui. -
9:42 - 9:45Nous remarquons : « C'est embêtant,
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9:45 - 9:47le CPCT exige un certain travail.
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9:48 - 9:52Nous ne vous demandons pas d'argent,
mais un travail psychique. » -
9:54 - 9:55Quelle est son hypothèse ?
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9:55 - 9:57Que s'est-il passé à l'adolescence ?
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9:58 - 10:01Il s'est renfermé, dit-il,
il faisait la gueule. -
10:02 - 10:04Sa mère d'ailleurs l'appelait « l'ours ».
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10:05 - 10:07Ours est le nom de solitude de ce sujet.
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10:08 - 10:10Il rejetait la société et ses standards :
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10:10 - 10:13être bon, rapide, performant.
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10:14 - 10:16Il se sentait décalé
même avec ses copains. -
10:16 - 10:20« Rien n'a duré, dit-il,
et aujourd'hui je suis seul. » -
10:20 - 10:23Dans cette famille nombreuse,
il était déjà seul. -
10:23 - 10:26Et aujourd'hui encore, il n'arrive
même plus à parler à sa femme. -
10:27 - 10:31Nous insistons, que s'est-il
passé à l'adolescence ? -
10:32 - 10:38« Dans la fratrie des six enfants,
étonnamment, c'était moi le chouchou. -
10:39 - 10:41J'ai toujours entendu :
''Tu es le plus beau, -
10:41 - 10:44le plus gentil, le plus intelligent." »
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10:45 - 10:47Mais c'est un bon début dans la vie, ça !
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10:47 - 10:52Lui, songeur : « Et j'ai tout fait
pour gâcher ça. » -
10:53 - 10:57L'analyste interprète :
« Non, je ne crois pas. -
10:58 - 11:01Je pense au contraire que vous faites tout
pour rester le chouchou. -
11:02 - 11:06Vous êtes toujours dans cette position,
l'autre vous doit tout -
11:06 - 11:11et vous n'avez aucun effort à faire,
et d'ailleurs, vous n'en faites pas. » -
11:12 - 11:14Ce renversement de perspective
le fait sourire, -
11:14 - 11:16mais ne l'étonne pas vraiment.
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11:16 - 11:20Nous arrêtons l'entretien ;
voilà une bonne piste de travail. -
11:21 - 11:25Ici, le surgissement
de l'identification au chouchou - -
11:25 - 11:28identification ancienne
mais toujours active -
11:28 - 11:30qui immobilise le sujet,
vous l'avez entendu, -
11:30 - 11:32l'autre versant de l'ours -
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11:32 - 11:37laisse entrevoir le point secret
de jouissance qui fait sa solitude : -
11:37 - 11:41il ne travaille pas, il attend
que l'autre travaille pour lui. -
11:42 - 11:45C'est le point secret de sa solitude.
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11:45 - 11:47Vraie ou fausse, l'hypothèse a le mérite
-
11:47 - 11:51d'amorcer le travail psychique
et de lui donner une orientation. -
11:51 - 11:59Donc, voilà encore une ouverture
et un démarrage de travail. -
11:59 - 12:03Troisième vignette, que j'ai appelée
« le mari de la sorcière ». -
12:04 - 12:07Chez ce sujet, au contraire,
la solitude est inassumée -
12:07 - 12:11et niée au point de constituer
une objection au traitement. -
12:12 - 12:16La consultation produit
une pseudo-hystérisation -
12:16 - 12:19mais cela ne suffit pas pour faire
une demande de traitement recevable. -
12:20 - 12:24Le sujet sera invité à reprendre
un rendez-vous ultérieurement, -
12:24 - 12:26ce qu'il ne fera pas.
-
12:26 - 12:30Le problème est mis en scène
d'emblée de façon théâtrale -
12:30 - 12:31chez ce jeune comédien,
-
12:31 - 12:34il commence en disant :
« J'ai combien de temps ? » -
12:35 - 12:37Puis il décrit avec force détails
-
12:37 - 12:42de violentes scènes de ménage
où sa compagne, dépeinte comme une folle, -
12:42 - 12:46menace de le poignarder,
menace de se jeter par la fenêtre. -
12:47 - 12:50Le couple se bat, s'insulte,
s'envoie des objets à la figure, -
12:50 - 12:54et tout cela devant
deux enfants en bas âge. -
12:54 - 12:59M. M met tout sur le compte
de la maladie mentale de sa compagne. -
12:59 - 13:02Il l'a même suivie chez sa psychanalyste
-
13:02 - 13:06qu'il a appelée par la suite pour dénoncer
les comportements de sa femme -
13:06 - 13:08et s'assurer qu'elle ait bien dit
ce qu'il fallait dire. -
13:09 - 13:14Depuis peu, ayant appris
qu'elle avait pris rendez-vous au CPCT, -
13:14 - 13:16il fait au fond la même démarche
-
13:16 - 13:19en espérant qu'on l'aiderait
à comprendre cette furie. -
13:20 - 13:24Il méconnaît totalement qu'à se faire
témoin des crises de cette femme, -
13:24 - 13:28il alimente une jouissance
à deux démesurée, -
13:28 - 13:31jouissance qu'il tente ici
de faire partager au clinicien. -
13:32 - 13:34L'analyste finit par lui dire :
-
13:35 - 13:37« C'est un vrai psychodrame,
votre vie de couple ! » -
13:38 - 13:40Il ne se démonte pas.
-
13:41 - 13:44« Pourquoi cela vous arrive-t-il à vous ?
-
13:44 - 13:47- C'est une sorcière, » dit-il,
mais il aime cette femme. -
13:48 - 13:53Il attend du CPCT l'opération même
qu'il met en oeuvre dans la consultation - -
13:53 - 13:57il répète plusieurs fois,
« il s'agit de vider un trop-plein » - -
13:57 - 14:01soit se délecter de la narration
de disputes qui dégénèrent. -
14:01 - 14:04Entrevoit-il une causalité à tout cela ?
-
14:04 - 14:07C'est parce qu'elle a arrêté
sa psychothérapie. -
14:08 - 14:11Nous l'incitons à tenir ses deux enfants
à l'écart des combats. -
14:11 - 14:16En revanche, nous estimons qu'il n'est pas
prêt pour engager un travail de parole. -
14:17 - 14:22Aucune ouverture ne s'est faite
pendant ce travail préliminaire, -
14:22 - 14:25aucun bougé ne s'est avéré possible.
-
14:25 - 14:29Il ne repère pas l'usage de jouissance
qu'il fait de sa parole. -
14:29 - 14:34Mieux vaut dire non à son idée
que le CPCT s'occuperait de son couple. -
14:35 - 14:40Au fond, il est venu alerter le centre
de la dangerosité de sa femme -
14:40 - 14:44comme il l'a fait par téléphone
avec la psychanalyste de celle-ci. -
14:45 - 14:49Là, c'est un non, le sujet est invité
à réfléchir, à reprendre rendez-vous, -
14:50 - 14:56ça fait une scansion, il n'insistera pas.
-
14:57 - 15:02Dernière petite vignette,
« la jeune fille au petit cadre ». -
15:03 - 15:06C'est un cas pour lequel
j'ai hésité à dire oui au traitement, -
15:06 - 15:08j'ai donc demandé
à la patiente de revenir. -
15:09 - 15:12Il s'agit d'une étudiante
qui se dit déboussolée. -
15:12 - 15:16Elle sort d'une relation homosexuelle
qui a été très dure pour elle. -
15:16 - 15:19Elle a dépassé ses limites
pour garder sa partenaire. -
15:19 - 15:22C'est dans le fil d'une vie décousue
-
15:22 - 15:25qu'elle mène en collant
à la demande de l'autre. -
15:26 - 15:30Elle peut rester trois jours
chez un hôte qui l'a invitée pour un soir -
15:30 - 15:33sans tenir compte aucun
de son cursus universitaire. -
15:34 - 15:38En découvrant peu à peu
sa pente à la soumission, -
15:38 - 15:38elle a pris peur,
-
15:38 - 15:40c'est ce qui motive sa demande.
-
15:41 - 15:44Elle est attirée, dit-elle,
par les grandes méchantes. -
15:44 - 15:48Avec sa copine, elle se laissait faire
au point de disparaître. -
15:49 - 15:52Autre point important, elle a noué
une relation amoureuse -
15:52 - 15:56avec sa psychothérapeute quelque temps
après l'arrêt des séances -
15:57 - 16:00de sa dernière psychothérapie.
-
16:00 - 16:04Des éléments laissent planer
un doute sur la gravité du cas : -
16:04 - 16:07des bizarreries de langage,
de la confusion, -
16:07 - 16:09presque rien sur son histoire familiale
-
16:09 - 16:12et une ambiguïté
sur l'orientation sexuelle. -
16:13 - 16:15Je décide de la faire revenir.
-
16:15 - 16:17Au second rendez-vous, elle est absente
-
16:17 - 16:18mais elle téléphone :
-
16:18 - 16:21elle s'est endormie, dit-elle,
-
16:21 - 16:24et saisit l'occasion de me questionner,
un peu suspicieuse, -
16:24 - 16:26sur la raison de ce deuxième entretien.
-
16:28 - 16:31Je prends le temps au téléphone
de lui expliquer que j'ai besoin -
16:31 - 16:34de mieux la connaître pour décider
d'une orientation de travail. -
16:35 - 16:38Au deuxième rendez-vous,
elle est alors beaucoup plus précise, -
16:38 - 16:39beaucoup plus déterminée
-
16:39 - 16:43et à la fin, me demande
explicitement de la recevoir, -
16:43 - 16:45que ce soit moi
le consultant qui la reçoive. -
16:46 - 16:49esquissant déjà
son savoir-y-faire avec l'autre. -
16:50 - 16:53Son problème, dit-elle, est qu'elle se met
dans des situations limites. -
16:54 - 16:57Par exemple, elle est toujours en retard
et perd énormément de temps. -
16:58 - 17:01« J'ai besoin
d'un petit cadre », dira-t-elle. -
17:02 - 17:05Eh bien au CPCT, vous aurez à faire
à un petit cadre, justement. -
17:06 - 17:12Nous lui rappelons rapidement
le cadre de travail. -
17:12 - 17:16Enfin, elle amène des éléments
sur son histoire : -
17:16 - 17:20un père violent, qui impose
durement les choses, -
17:20 - 17:23et qui la lâche brutalement
à l'âge de 13 ans. -
17:23 - 17:27Elle séjourne de plus en plus longuement
chez une grand-mère trop laxiste -
17:27 - 17:32puis finit par y habiter ;
la mère, en dépression, a laissé faire. -
17:32 - 17:35Son père a parlé beaucoup
mais n'exigeait plus rien, dit-elle. -
17:36 - 17:38À 17 ans, elle faisait ce qu'elle voulait.
-
17:39 - 17:43Actuellement, elle vit du RSA
mais soutire de l'argent au père. -
17:44 - 17:49On a déjà repéré qu'elle voulait
lui faire payer l'addition, quand même. -
17:49 - 17:52Ce temps préliminaire
en trois phases logiques a permis -
17:52 - 17:57que se dénude la question à traiter
chez ce sujet, celle de la limite. -
17:57 - 18:01Sa demande ambiguë du petit cadre
se manifeste très vite -
18:01 - 18:03dans ce que nous appelons le transfert.
-
18:03 - 18:06C'est-à-dire, d'abord
elle bouscule le cadre -
18:06 - 18:08en oubliant le deuxième rendez-vous
-
18:08 - 18:11et ensuite en demandant
un traitement d'exception : -
18:12 - 18:16être reçue par celui même dont elle sait
qu'il n'est là que pour la consultation. -
18:19 - 18:23Au fond, la piste de travail
s'impose d'elle-même. -
18:23 - 18:28C'est la question de la limite
qu'il va falloir qu'elle traite. -
18:28 - 18:36Le travail psychique peut s'engager
sur ce petit moment préliminaire -
18:36 - 18:38où on repère trois temps déjà.
-
18:39 - 18:42Pour conclure, je dirais
que nous faisons le pari, -
18:43 - 18:47dans ces temps assez courts
mais qui ont une certaine teneur, -
18:47 - 18:54nous faisons le pari qu'en rencontrant
un fragment de ce qui lui appartient -
18:54 - 18:57mais de ce qui est caché à lui-même,
-
18:57 - 18:59c'est-à-dire au fond,
un fragment de l'inconscient, -
18:59 - 19:02le sujet reparte de la consultation
-
19:02 - 19:05avec l'idée que quelque chose
en lui veut être dit, -
19:05 - 19:11soit le désir de prendre la parole
et d'écorner sa solitude. -
19:12 - 19:13Je vous remercie.
-
19:13 - 19:15(Applaudissements)
- Title:
- Du nouveau dans la psychanalyse au XXIe siècle | Patrick Roux | TEDxToulon 2013
- Description:
-
La psychanalyse est longue, coûteuse, réservée à « un certain milieu », entend-on ici ou là. Le CPCT - sans standards mais pas sans principes - objecte à ces idées reçues. Depuis 2007, il met à la disposition du *tutti quanti* un lieu d'adresse gratuit, à durée limitée (4 mois), pragmatique. Les cliniciens sont orientés par l'enseignement de Lacan. Nous donnerons quelques vignettes cliniques.
Patrick Roux est diplômé d'études approfondies de psychanalyse (Université Paris VIII). Il est enseignant à la Section clinique d'Aix- Marseille et consultant au Centre Psychanalytique de Consultations et Traitement (CPCT) de Marseille-Aubagne. Membre de l'École de la Cause freudienne et de l'Association mondiale de psychanalyse, il est psychanalyste à Toulon. Auteur de « Semblants - usages cliniques d'un concept psychanalytique » Édition Lussaud, 2013.
Cette présentation a été donnée lors d'un événement TEDx local utilisant le format des conférences TED mais organisé indépendamment. En savoir plus: http: //ted. com/tedx
- Video Language:
- French
- Team:
- closed TED
- Project:
- TEDxTalks
- Duration:
- 19:23
Morgane Quilfen approved French subtitles for Du nouveau dans la psychanalyse au XXIe siècle | Patrick Roux | TEDxToulon 2013 | ||
Morgane Quilfen edited French subtitles for Du nouveau dans la psychanalyse au XXIe siècle | Patrick Roux | TEDxToulon 2013 | ||
Claire Ghyselen accepted French subtitles for Du nouveau dans la psychanalyse au XXIe siècle | Patrick Roux | TEDxToulon 2013 | ||
Claire Ghyselen edited French subtitles for Du nouveau dans la psychanalyse au XXIe siècle | Patrick Roux | TEDxToulon 2013 | ||
Claire Ghyselen edited French subtitles for Du nouveau dans la psychanalyse au XXIe siècle | Patrick Roux | TEDxToulon 2013 | ||
Claire Ghyselen edited French subtitles for Du nouveau dans la psychanalyse au XXIe siècle | Patrick Roux | TEDxToulon 2013 | ||
Morgane Quilfen rejected French subtitles for Du nouveau dans la psychanalyse au XXIe siècle | Patrick Roux | TEDxToulon 2013 | ||
Morgane Quilfen edited French subtitles for Du nouveau dans la psychanalyse au XXIe siècle | Patrick Roux | TEDxToulon 2013 |
eric vautier
Bonsoir Anne,
je vous renvoie votre traduction car elle ne respecte pas la règle de 42 caractères par lignes de sous-titres. 16 lignes sont dans ce cas.
Merci de jeter un œil aux recommandations :
http://www.ted.com/participate/translate/guidelines
Bonne soirée
Eric