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Du nouveau dans la psychanalyse au XXIe siècle | Patrick Roux | TEDxToulon 2013

  • 0:05 - 0:09
    Je vais vous parler d'une initiative
    qui me semble importante
  • 0:09 - 0:11
    dans le champ de la psychanalyse
  • 0:11 - 0:16
    qui sont les Centres Psychanalytiques
    de Consultation et de Traitement.
  • 0:17 - 0:22
    Donc, après la réalité virtuelle,
    la réalité psychique,
  • 0:22 - 0:25
    qui nous offre également
    beaucoup de surprises
  • 0:25 - 0:28
    pour autant qu'on y prête l'oreille.
  • 0:29 - 0:31
    J'ai construit un exposé,
    comme nous le faisons
  • 0:31 - 0:34
    dans nos rencontres entre psychanalystes.
  • 0:34 - 0:35
    Je vais vous le présenter.
  • 0:35 - 0:37
    C'est donc un travail construit,
  • 0:37 - 0:44
    que je vais vous lire, qui a le mérite
    d'être publiable et consultable.
  • 0:46 - 0:50
    Les CPCT sont destinés à faciliter
    l'accès à la psychanalyse
  • 0:50 - 0:52
    à des sujets en souffrance psychique,
  • 0:52 - 0:56
    quel que soit leur niveau
    social ou professionnel.
  • 0:56 - 0:57
    C'est l'idée de base.
  • 0:58 - 1:04
    Ce lieu accueille, traite et oriente
    toute personne qui en fait la demande.
  • 1:04 - 1:09
    Les traitements sont gratuits
    et limités à quatre mois,
  • 1:09 - 1:12
    soit 16 séances au maximum.
  • 1:12 - 1:14
    Ça peut s'arrêter avant.
  • 1:15 - 1:17
    Les psychanalystes impliqués,
  • 1:17 - 1:21
    qui sont psychiatres ou psychologues
    de formation, y sont bénévoles.
  • 1:21 - 1:25
    Tous sans exception se réfèrent
    à l'enseignement de Lacan.
  • 1:25 - 1:32
    C'est un point important à souligner,
    pour autant que l'action analytique
  • 1:32 - 1:35
    dépend de la théorie
    à laquelle on se réfère.
  • 1:35 - 1:40
    Même si on n'a pas de théorie,
    on fonctionne avec des a priori au fond.
  • 1:41 - 1:45
    Le concept de CPCT est une initiative
    de l'École de la Cause freudienne
  • 1:45 - 1:48
    qui est une association
    reconnue d'utilité publique.
  • 1:49 - 1:52
    Les CPCT sont implantés
    dans les grandes villes,
  • 1:53 - 1:55
    et en général, subventionnés
  • 1:55 - 1:58
    par les conseils généraux
    ou les municipalités.
  • 1:59 - 2:04
    Ils répondent à trois enjeux
    que je liste rapidement,
  • 2:04 - 2:08
    ensuite, je passerai à une partie
    un peu plus clinique
  • 2:08 - 2:11
    pour que vous ayez
    une idée du travail qui s'y fait.
  • 2:12 - 2:15
    D'abord, des enjeux cliniques :
    plusieurs centaines de patients
  • 2:15 - 2:16
    nous sont adressés chaque année,
  • 2:16 - 2:20
    soit par les structures sociales,
    soit par les structures associatives,
  • 2:21 - 2:23
    donc il y a un partenariat qui se fait.
  • 2:23 - 2:27
    C'est vraiment l'idée d'implanter
    la psychanalyse dans la cité,
  • 2:27 - 2:30
    et non pas la laisser,
    comme souvent on l'imagine,
  • 2:30 - 2:34
    dans une tour d'ivoire
    ou réservée à certains.
  • 2:35 - 2:38
    Premier enjeu, enjeu clinique :
  • 2:38 - 2:41
    mettre la psychanalyse
    à la portée du tutti quanti.
  • 2:41 - 2:46
    Deuxième enjeu : enjeu de recherche.
  • 2:46 - 2:49
    Au fond, la question
    qu'on s'est posée en 2007,
  • 2:49 - 2:54
    c'est : que devient l'acte analytique
    à partir du moment où on fait sauter
  • 2:54 - 2:58
    les standards habituels
    qui sont le paiement et la durée ?
  • 2:58 - 3:02
    La durée qui est posée,
    au départ, comme illimitée,
  • 3:02 - 3:05
    alors que là, on a un traitement
    qui est limité dans le temps.
  • 3:05 - 3:08
    Donc on fait sauter ces deux standards,
  • 3:08 - 3:10
    qu'est-ce qui reste de l'acte analytique ?
  • 3:11 - 3:15
    Ces résultats de recherche
    sont mis régulièrement à ciel ouvert
  • 3:16 - 3:21
    au cours de conférences publiques
    qu'on appelle des rendez-vous cliniques.
  • 3:21 - 3:25
    C'est une façon de restituer
    les produits du travail.
  • 3:26 - 3:32
    Il y a également des enjeux politiques
    dont vous avez peut-être entendu parler,
  • 3:32 - 3:34
    c'est-à-dire dans le débat,
    qui parfois tourne au combat,
  • 3:34 - 3:37
    entre la psychanalyse
    et d'autres méthodes.
  • 3:38 - 3:45
    C'est au fond ne pas déserter
    le terrain des traitements courts.
  • 3:45 - 3:47
    Il y a des enjeux aussi.
  • 3:48 - 3:50
    Le dispositif est le suivant :
  • 3:50 - 3:54
    la personne est reçue par un consultant
    dans un premier temps,
  • 3:54 - 3:56
    pour déterminer
    l'opportunité du traitement
  • 3:56 - 4:00
    et, point important,
    dégager les enjeux d'un travail,
  • 4:00 - 4:03
    ce qu'on ne fait pas
    dans une cure classique.
  • 4:03 - 4:07
    On n'essaye pas de serrer
    une question ou un objectif a priori.
  • 4:10 - 4:14
    Le traitement est ensuite
    assuré par un autre clinicien.
  • 4:15 - 4:18
    Il n'est pas question
    de psychanalyse en modèle réduit,
  • 4:18 - 4:19
    vous l'entendez,
  • 4:19 - 4:22
    il s'agit de sensibiliser
    à la relation analytique
  • 4:22 - 4:27
    en mettant en œuvre de façon preste,
    pragmatique, les concepts.
  • 4:27 - 4:32
    Au fond, on se rend compte que parfois,
    la levée d'un seul refoulement
  • 4:32 - 4:36
    permet au sujet de rebondir
    ou de sortir d'une impasse subjective.
  • 4:36 - 4:42
    Sans engager vraiment un travail de fond,
    ça permet de débloquer les choses.
  • 4:45 - 4:48
    Les deux moments cruciaux de l'analyse,
    vous le savez peut-être,
  • 4:48 - 4:53
    sont, comme aux échecs,
    le début de partie et la fin de partie.
  • 4:54 - 4:58
    J'ai donc choisi de vous faire part
    de quelques entretiens préalables
  • 4:58 - 5:01
    où se repère l'ouverture à l'inconscient.
  • 5:01 - 5:03
    Tous ces sujets dont je vais vous parler -
  • 5:03 - 5:06
    rapidement bien entendu,
    on appelle ça des vignettes cliniques -
  • 5:06 - 5:09
    tous ces sujets sont aux prises,
    vous allez le voir,
  • 5:09 - 5:11
    avec la question de la solitude,
  • 5:11 - 5:14
    mais il y a une vérité cynique
    de la psychanalyse
  • 5:14 - 5:16
    qu'il faut rappeler de façon
    un peu laconique, là :
  • 5:17 - 5:18
    on est seul, au fond,
  • 5:18 - 5:21
    quand on est enfermé
    dans sa prison de fantasmes,
  • 5:21 - 5:24
    de nostalgie, d'ennui, de haine, etc.
  • 5:25 - 5:28
    C'est une solitude psychique d'abord.
  • 5:29 - 5:32
    Derrière tout ça, il y a souvent
    une insatisfaction secrète.
  • 5:33 - 5:37
    Freud espérait que chaque sujet
    puisse traduire dans sa langue
  • 5:37 - 5:43
    cette part secrète, obscure, de l'être,
    pour rentrer dans un lien à l'autre.
  • 5:43 - 5:46
    C'est un peu cette tâche qu'on poursuit.
  • 5:47 - 5:51
    Comment sortir d'abord
    de sa propre solitude ?
  • 5:52 - 5:56
    Voici quelques vignettes assez rapides
    que j'ai construites de façon resserrée
  • 5:57 - 6:01
    puisque je reçois en première intention
    depuis deux ans maintenant.
  • 6:02 - 6:05
    La première vignette
    que j'ai appelée « l'amoureuse ».
  • 6:05 - 6:09
    Avec cette patiente,
    la consultation a été ultra-rapide
  • 6:09 - 6:10
    parce qu'elle était en retard
  • 6:10 - 6:13
    mais surtout parce que
    la teneur de l'entretien
  • 6:13 - 6:17
    a permis de conclure très vite
    et dire oui au traitement.
  • 6:18 - 6:20
    Madame B est une femme de la quarantaine.
  • 6:20 - 6:23
    Elle est, en arrivant, sur un petit nuage.
  • 6:23 - 6:28
    Heureuse, gaie, souriante,
    elle est amoureuse et ravie de l'être.
  • 6:29 - 6:32
    Le problème est que l'homme
    qu'elle aime et dont elle est aimée,
  • 6:32 - 6:35
    n'est pas son mari
    mais un collègue de travail.
  • 6:36 - 6:37
    Elle est dans l'embarras.
  • 6:38 - 6:42
    Nous lui disons : « Vous ne demandez
    tout de même pas au CPCT
  • 6:42 - 6:44
    de vous guérir de l'amour ? »
  • 6:46 - 6:49
    « Eh bien, c'est
    tout à fait ça ! » dit-elle.
  • 6:49 - 6:53
    Elle dépeint l'homme que je crois être
    son amant dans un premier temps,
  • 6:53 - 6:57
    comme l'opposé de son mari :
    il est attentif, il est charmant,
  • 6:57 - 7:01
    il lui fait des compliments
    et surtout, il lui parle beaucoup.
  • 7:02 - 7:07
    Treize ans de vie commune ont usé
    son couple, le désir a disparu.
  • 7:08 - 7:10
    Le mari se doute de quelque chose,
  • 7:10 - 7:12
    il la harcèle,
  • 7:12 - 7:14
    mais quand elle veut parler,
    dit-elle, plus personne.
  • 7:15 - 7:20
    Au fond, elle a son idée sur la manière
    de résoudre le conflit.
  • 7:24 - 7:29
    Quelle est cette façon qu'elle imagine,
  • 7:29 - 7:31
    surprenante, de résoudre les choses ?
  • 7:31 - 7:35
    Il faudrait qu'on l'aide, dit-elle,
    à « transposer » -
  • 7:35 - 7:37
    c'est vraiment son mot -
  • 7:37 - 7:40
    ce nouvel amour sur son mari.
  • 7:41 - 7:44
    Autrement dit, elle voudrait
    faire revenir les couleurs d'origine,
  • 7:44 - 7:46
    comme dit Souchon.
  • 7:46 - 7:49
    Cet amour nouveau lui fait
    du bien mais la rend coupable.
  • 7:50 - 7:54
    Nous lui demandons explicitement
    ce qu'il en est de sa sexualité.
  • 7:56 - 7:59
    Il n'y en a pas,
    la relation est platonique.
  • 8:00 - 8:02
    S'est-elle refusée ?
  • 8:02 - 8:05
    Non, l'homme ne l'a pas proposé.
  • 8:05 - 8:08
    Voudrait-elle de cette aventure ?
  • 8:08 - 8:09
    C'est toujours non.
  • 8:10 - 8:15
    Au fond, avec les deux partenaires,
    elle se prive de l'orgasme.
  • 8:15 - 8:17
    La solitude de ce sujet est sexuelle.
  • 8:18 - 8:23
    L'analyste lui dit :
    « Ces deux hommes que tout oppose
  • 8:23 - 8:27
    ne sont pas si différents pour vous,
    de ce point de vue.
  • 8:27 - 8:29
    Elle n'a jamais vu ça comme ça.
  • 8:30 - 8:33
    La surprise signe
    la mobilisation de l'inconscient
  • 8:33 - 8:36
    et permet l'ouverture
    du travail psychique.
  • 8:37 - 8:40
    Le ton de l'entretien
    n'est plus du tout à la légèreté.
  • 8:40 - 8:44
    Faire surgir le désir,
    fût-ce par son absence,
  • 8:44 - 8:50
    sous le voile trompeur de l'amour -
    ou idéalisant, on peut dire, de l'amour -
  • 8:50 - 8:53
    permet d'arrêter l'entretien
    sur un instant de voir
  • 8:53 - 8:55
    et d'ouvrir le temps du traitement.
  • 8:55 - 8:57
    Sa question est remise à l'endroit.
  • 8:57 - 9:01
    Voilà un petit peu comment
    s'est amorcé pour ce sujet
  • 9:02 - 9:05
    le travail dans un temps très court
    de dix minutes, un quart d'heure.
  • 9:06 - 9:10
    Deuxième vignette, « le chouchou »,
    je l'ai appelé le chouchou.
  • 9:10 - 9:12
    Ce sujet est dans l'urgence.
  • 9:12 - 9:14
    Sans travail depuis deux ans,
  • 9:14 - 9:17
    il voit sa vie de couple
    se dégrader une fois de plus.
  • 9:18 - 9:21
    Il a dégagé le cycle infernal
    dans lequel il est pris.
  • 9:21 - 9:24
    Il met en place des choses
    et ne les assume pas.
  • 9:25 - 9:27
    Il traîne cela depuis l'adolescence.
  • 9:28 - 9:31
    Au lycée, il ne travaillait pas,
    à l'université non plus.
  • 9:32 - 9:35
    Il se plaint de ne pas savoir se battre.
  • 9:35 - 9:37
    Il a beaucoup démissionné de ses emplois
  • 9:37 - 9:40
    et dans sa vie de couple,
    il a toujours fui.
  • 9:42 - 9:45
    Nous remarquons : « C'est embêtant,
  • 9:45 - 9:47
    le CPCT exige un certain travail.
  • 9:48 - 9:52
    Nous ne vous demandons pas d'argent,
    mais un travail psychique. »
  • 9:54 - 9:55
    Quelle est son hypothèse ?
  • 9:55 - 9:57
    Que s'est-il passé à l'adolescence ?
  • 9:58 - 10:01
    Il s'est renfermé, dit-il,
    il faisait la gueule.
  • 10:02 - 10:04
    Sa mère d'ailleurs l'appelait « l'ours ».
  • 10:05 - 10:07
    Ours est le nom de solitude de ce sujet.
  • 10:08 - 10:10
    Il rejetait la société et ses standards :
  • 10:10 - 10:13
    être bon, rapide, performant.
  • 10:14 - 10:16
    Il se sentait décalé
    même avec ses copains.
  • 10:16 - 10:20
    « Rien n'a duré, dit-il,
    et aujourd'hui je suis seul. »
  • 10:20 - 10:23
    Dans cette famille nombreuse,
    il était déjà seul.
  • 10:23 - 10:26
    Et aujourd'hui encore, il n'arrive
    même plus à parler à sa femme.
  • 10:27 - 10:31
    Nous insistons, que s'est-il
    passé à l'adolescence ?
  • 10:32 - 10:38
    « Dans la fratrie des six enfants,
    étonnamment, c'était moi le chouchou.
  • 10:39 - 10:41
    J'ai toujours entendu :
    ''Tu es le plus beau,
  • 10:41 - 10:44
    le plus gentil, le plus intelligent." »
  • 10:45 - 10:47
    Mais c'est un bon début dans la vie, ça !
  • 10:47 - 10:52
    Lui, songeur : « Et j'ai tout fait
    pour gâcher ça. »
  • 10:53 - 10:57
    L'analyste interprète :
    « Non, je ne crois pas.
  • 10:58 - 11:01
    Je pense au contraire que vous faites tout
    pour rester le chouchou.
  • 11:02 - 11:06
    Vous êtes toujours dans cette position,
    l'autre vous doit tout
  • 11:06 - 11:11
    et vous n'avez aucun effort à faire,
    et d'ailleurs, vous n'en faites pas. »
  • 11:12 - 11:14
    Ce renversement de perspective
    le fait sourire,
  • 11:14 - 11:16
    mais ne l'étonne pas vraiment.
  • 11:16 - 11:20
    Nous arrêtons l'entretien ;
    voilà une bonne piste de travail.
  • 11:21 - 11:25
    Ici, le surgissement
    de l'identification au chouchou -
  • 11:25 - 11:28
    identification ancienne
    mais toujours active
  • 11:28 - 11:30
    qui immobilise le sujet,
    vous l'avez entendu,
  • 11:30 - 11:32
    l'autre versant de l'ours -
  • 11:32 - 11:37
    laisse entrevoir le point secret
    de jouissance qui fait sa solitude :
  • 11:37 - 11:41
    il ne travaille pas, il attend
    que l'autre travaille pour lui.
  • 11:42 - 11:45
    C'est le point secret de sa solitude.
  • 11:45 - 11:47
    Vraie ou fausse, l'hypothèse a le mérite
  • 11:47 - 11:51
    d'amorcer le travail psychique
    et de lui donner une orientation.
  • 11:51 - 11:59
    Donc, voilà encore une ouverture
    et un démarrage de travail.
  • 11:59 - 12:03
    Troisième vignette, que j'ai appelée
    « le mari de la sorcière ».
  • 12:04 - 12:07
    Chez ce sujet, au contraire,
    la solitude est inassumée
  • 12:07 - 12:11
    et niée au point de constituer
    une objection au traitement.
  • 12:12 - 12:16
    La consultation produit
    une pseudo-hystérisation
  • 12:16 - 12:19
    mais cela ne suffit pas pour faire
    une demande de traitement recevable.
  • 12:20 - 12:24
    Le sujet sera invité à reprendre
    un rendez-vous ultérieurement,
  • 12:24 - 12:26
    ce qu'il ne fera pas.
  • 12:26 - 12:30
    Le problème est mis en scène
    d'emblée de façon théâtrale
  • 12:30 - 12:31
    chez ce jeune comédien,
  • 12:31 - 12:34
    il commence en disant :
    « J'ai combien de temps ? »
  • 12:35 - 12:37
    Puis il décrit avec force détails
  • 12:37 - 12:42
    de violentes scènes de ménage
    où sa compagne, dépeinte comme une folle,
  • 12:42 - 12:46
    menace de le poignarder,
    menace de se jeter par la fenêtre.
  • 12:47 - 12:50
    Le couple se bat, s'insulte,
    s'envoie des objets à la figure,
  • 12:50 - 12:54
    et tout cela devant
    deux enfants en bas âge.
  • 12:54 - 12:59
    M. M met tout sur le compte
    de la maladie mentale de sa compagne.
  • 12:59 - 13:02
    Il l'a même suivie chez sa psychanalyste
  • 13:02 - 13:06
    qu'il a appelée par la suite pour dénoncer
    les comportements de sa femme
  • 13:06 - 13:08
    et s'assurer qu'elle ait bien dit
    ce qu'il fallait dire.
  • 13:09 - 13:14
    Depuis peu, ayant appris
    qu'elle avait pris rendez-vous au CPCT,
  • 13:14 - 13:16
    il fait au fond la même démarche
  • 13:16 - 13:19
    en espérant qu'on l'aiderait
    à comprendre cette furie.
  • 13:20 - 13:24
    Il méconnaît totalement qu'à se faire
    témoin des crises de cette femme,
  • 13:24 - 13:28
    il alimente une jouissance
    à deux démesurée,
  • 13:28 - 13:31
    jouissance qu'il tente ici
    de faire partager au clinicien.
  • 13:32 - 13:34
    L'analyste finit par lui dire :
  • 13:35 - 13:37
    « C'est un vrai psychodrame,
    votre vie de couple ! »
  • 13:38 - 13:40
    Il ne se démonte pas.
  • 13:41 - 13:44
    « Pourquoi cela vous arrive-t-il à vous ?
  • 13:44 - 13:47
    - C'est une sorcière, » dit-il,
    mais il aime cette femme.
  • 13:48 - 13:53
    Il attend du CPCT l'opération même
    qu'il met en oeuvre dans la consultation -
  • 13:53 - 13:57
    il répète plusieurs fois,
    « il s'agit de vider un trop-plein » -
  • 13:57 - 14:01
    soit se délecter de la narration
    de disputes qui dégénèrent.
  • 14:01 - 14:04
    Entrevoit-il une causalité à tout cela ?
  • 14:04 - 14:07
    C'est parce qu'elle a arrêté
    sa psychothérapie.
  • 14:08 - 14:11
    Nous l'incitons à tenir ses deux enfants
    à l'écart des combats.
  • 14:11 - 14:16
    En revanche, nous estimons qu'il n'est pas
    prêt pour engager un travail de parole.
  • 14:17 - 14:22
    Aucune ouverture ne s'est faite
    pendant ce travail préliminaire,
  • 14:22 - 14:25
    aucun bougé ne s'est avéré possible.
  • 14:25 - 14:29
    Il ne repère pas l'usage de jouissance
    qu'il fait de sa parole.
  • 14:29 - 14:34
    Mieux vaut dire non à son idée
    que le CPCT s'occuperait de son couple.
  • 14:35 - 14:40
    Au fond, il est venu alerter le centre
    de la dangerosité de sa femme
  • 14:40 - 14:44
    comme il l'a fait par téléphone
    avec la psychanalyste de celle-ci.
  • 14:45 - 14:49
    Là, c'est un non, le sujet est invité
    à réfléchir, à reprendre rendez-vous,
  • 14:50 - 14:56
    ça fait une scansion, il n'insistera pas.
  • 14:57 - 15:02
    Dernière petite vignette,
    « la jeune fille au petit cadre ».
  • 15:03 - 15:06
    C'est un cas pour lequel
    j'ai hésité à dire oui au traitement,
  • 15:06 - 15:08
    j'ai donc demandé
    à la patiente de revenir.
  • 15:09 - 15:12
    Il s'agit d'une étudiante
    qui se dit déboussolée.
  • 15:12 - 15:16
    Elle sort d'une relation homosexuelle
    qui a été très dure pour elle.
  • 15:16 - 15:19
    Elle a dépassé ses limites
    pour garder sa partenaire.
  • 15:19 - 15:22
    C'est dans le fil d'une vie décousue
  • 15:22 - 15:25
    qu'elle mène en collant
    à la demande de l'autre.
  • 15:26 - 15:30
    Elle peut rester trois jours
    chez un hôte qui l'a invitée pour un soir
  • 15:30 - 15:33
    sans tenir compte aucun
    de son cursus universitaire.
  • 15:34 - 15:38
    En découvrant peu à peu
    sa pente à la soumission,
  • 15:38 - 15:38
    elle a pris peur,
  • 15:38 - 15:40
    c'est ce qui motive sa demande.
  • 15:41 - 15:44
    Elle est attirée, dit-elle,
    par les grandes méchantes.
  • 15:44 - 15:48
    Avec sa copine, elle se laissait faire
    au point de disparaître.
  • 15:49 - 15:52
    Autre point important, elle a noué
    une relation amoureuse
  • 15:52 - 15:56
    avec sa psychothérapeute quelque temps
    après l'arrêt des séances
  • 15:57 - 16:00
    de sa dernière psychothérapie.
  • 16:00 - 16:04
    Des éléments laissent planer
    un doute sur la gravité du cas :
  • 16:04 - 16:07
    des bizarreries de langage,
    de la confusion,
  • 16:07 - 16:09
    presque rien sur son histoire familiale
  • 16:09 - 16:12
    et une ambiguïté
    sur l'orientation sexuelle.
  • 16:13 - 16:15
    Je décide de la faire revenir.
  • 16:15 - 16:17
    Au second rendez-vous, elle est absente
  • 16:17 - 16:18
    mais elle téléphone :
  • 16:18 - 16:21
    elle s'est endormie, dit-elle,
  • 16:21 - 16:24
    et saisit l'occasion de me questionner,
    un peu suspicieuse,
  • 16:24 - 16:26
    sur la raison de ce deuxième entretien.
  • 16:28 - 16:31
    Je prends le temps au téléphone
    de lui expliquer que j'ai besoin
  • 16:31 - 16:34
    de mieux la connaître pour décider
    d'une orientation de travail.
  • 16:35 - 16:38
    Au deuxième rendez-vous,
    elle est alors beaucoup plus précise,
  • 16:38 - 16:39
    beaucoup plus déterminée
  • 16:39 - 16:43
    et à la fin, me demande
    explicitement de la recevoir,
  • 16:43 - 16:45
    que ce soit moi
    le consultant qui la reçoive.
  • 16:46 - 16:49
    esquissant déjà
    son savoir-y-faire avec l'autre.
  • 16:50 - 16:53
    Son problème, dit-elle, est qu'elle se met
    dans des situations limites.
  • 16:54 - 16:57
    Par exemple, elle est toujours en retard
    et perd énormément de temps.
  • 16:58 - 17:01
    « J'ai besoin
    d'un petit cadre », dira-t-elle.
  • 17:02 - 17:05
    Eh bien au CPCT, vous aurez à faire
    à un petit cadre, justement.
  • 17:06 - 17:12
    Nous lui rappelons rapidement
    le cadre de travail.
  • 17:12 - 17:16
    Enfin, elle amène des éléments
    sur son histoire :
  • 17:16 - 17:20
    un père violent, qui impose
    durement les choses,
  • 17:20 - 17:23
    et qui la lâche brutalement
    à l'âge de 13 ans.
  • 17:23 - 17:27
    Elle séjourne de plus en plus longuement
    chez une grand-mère trop laxiste
  • 17:27 - 17:32
    puis finit par y habiter ;
    la mère, en dépression, a laissé faire.
  • 17:32 - 17:35
    Son père a parlé beaucoup
    mais n'exigeait plus rien, dit-elle.
  • 17:36 - 17:38
    À 17 ans, elle faisait ce qu'elle voulait.
  • 17:39 - 17:43
    Actuellement, elle vit du RSA
    mais soutire de l'argent au père.
  • 17:44 - 17:49
    On a déjà repéré qu'elle voulait
    lui faire payer l'addition, quand même.
  • 17:49 - 17:52
    Ce temps préliminaire
    en trois phases logiques a permis
  • 17:52 - 17:57
    que se dénude la question à traiter
    chez ce sujet, celle de la limite.
  • 17:57 - 18:01
    Sa demande ambiguë du petit cadre
    se manifeste très vite
  • 18:01 - 18:03
    dans ce que nous appelons le transfert.
  • 18:03 - 18:06
    C'est-à-dire, d'abord
    elle bouscule le cadre
  • 18:06 - 18:08
    en oubliant le deuxième rendez-vous
  • 18:08 - 18:11
    et ensuite en demandant
    un traitement d'exception :
  • 18:12 - 18:16
    être reçue par celui même dont elle sait
    qu'il n'est là que pour la consultation.
  • 18:19 - 18:23
    Au fond, la piste de travail
    s'impose d'elle-même.
  • 18:23 - 18:28
    C'est la question de la limite
    qu'il va falloir qu'elle traite.
  • 18:28 - 18:36
    Le travail psychique peut s'engager
    sur ce petit moment préliminaire
  • 18:36 - 18:38
    où on repère trois temps déjà.
  • 18:39 - 18:42
    Pour conclure, je dirais
    que nous faisons le pari,
  • 18:43 - 18:47
    dans ces temps assez courts
    mais qui ont une certaine teneur,
  • 18:47 - 18:54
    nous faisons le pari qu'en rencontrant
    un fragment de ce qui lui appartient
  • 18:54 - 18:57
    mais de ce qui est caché à lui-même,
  • 18:57 - 18:59
    c'est-à-dire au fond,
    un fragment de l'inconscient,
  • 18:59 - 19:02
    le sujet reparte de la consultation
  • 19:02 - 19:05
    avec l'idée que quelque chose
    en lui veut être dit,
  • 19:05 - 19:11
    soit le désir de prendre la parole
    et d'écorner sa solitude.
  • 19:12 - 19:13
    Je vous remercie.
  • 19:13 - 19:15
    (Applaudissements)
Title:
Du nouveau dans la psychanalyse au XXIe siècle | Patrick Roux | TEDxToulon 2013
Description:

La psychanalyse est longue, coûteuse, réservée à « un certain milieu », entend-on ici ou là. Le CPCT - sans standards mais pas sans principes - objecte à ces idées reçues. Depuis 2007, il met à la disposition du *tutti quanti* un lieu d'adresse gratuit, à durée limitée (4 mois), pragmatique. Les cliniciens sont orientés par l'enseignement de Lacan. Nous donnerons quelques vignettes cliniques.

Patrick Roux est diplômé d'études approfondies de psychanalyse (Université Paris VIII). Il est enseignant à la Section clinique d'Aix- Marseille et consultant au Centre Psychanalytique de Consultations et Traitement (CPCT) de Marseille-Aubagne. Membre de l'École de la Cause freudienne et de l'Association mondiale de psychanalyse, il est psychanalyste à Toulon. Auteur de « Semblants - usages cliniques d'un concept psychanalytique » Édition Lussaud, 2013.

Cette présentation a été donnée lors d'un événement TEDx local utilisant le format des conférences TED mais organisé indépendamment. En savoir plus: http: //ted. com/tedx

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Video Language:
French
Team:
closed TED
Project:
TEDxTalks
Duration:
19:23
  • Bonsoir Anne,

    je vous renvoie votre traduction car elle ne respecte pas la règle de 42 caractères par lignes de sous-titres. 16 lignes sont dans ce cas.

    Merci de jeter un œil aux recommandations :
    http://www.ted.com/participate/translate/guidelines

    Bonne soirée
    Eric

French subtitles

Revisions