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(Jean Kohler) Alors bonjour,
Barbara Bianchi
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Nous sommes sur votre stand
au Salon du livre, Lecture et Compagnie.
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Alors si j'ai bien compris,
cette association,
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c'est une toute jeune fille
qui vient d'arriver,
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puisque elle a vingt ans aujourd'hui.
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(Barbara Bianchi) Oui, exactement.
Bonjour.
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L'association Lecture et Compagnie a été
créée, par moi-même, d'ailleurs, en 96
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et là, nous allons fêter au mois de juin
nos 20 ans d'existence, voilà.
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Alors vous voulez que je vous explique
un petit peu comment elle fonctionne?
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(JK) Mais avant,
j'aimerais vous demander...
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J'ai lu sur un des panneaux de votre stand
un texte qui m'a beaucoup frappé:
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"La lecture est une amitié",
de Marcel Proust.
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C'est vous qui avez choisi cette phrase?
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(BB) Effectivement, ce sont des phrases
que nous cherchons régulièrement
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pour essayer de mettre en image
notre activité
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et c'est vrai que la lecture est la partie
la plus importante de notre association,
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puisque c'est notre manière
de rentrer en contact avec les gens
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et de créer des liens par le biais
de la lecture
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des livres, ou bien même des journaux,
des magazines.
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Tout dépend de l'état, entre guillemets,
"intellectuel" de la personne qui..
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(JK) Alors -- pardon -- alors justement,
moi, ce qui m'intéresse de savoir, c'est
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comment est-ce que vous est venue l'idée
de démarrer cette activité?
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(BB) Alors l'idée m'est venue déjà en 94,
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deux ans avant d'avoir créé officiellement
l'association,
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par une amie qui avait 87 ans
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et qui venait de se faire opérer
des deux yeux du glaucome.
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Et ça a été quelque chose
d'assez éprouvant pour elle,
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parce qu'elle était très âgée,
et en même temps,
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comme c'était une personne
assez intellectuelle,
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elle m'a demandé si j'allais déjà
venir la voir, si j'allais avoir le temps.
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Ce que j'ai fait, tout de suite,
mais au bout de deux à trois fois,
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je ne savais plus quoi lui raconter.
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Alors j'ai dit, c'est là que m'est venue
l'idée de lire un livre pour elle,
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à voix haute, donc.
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(JK) Quels sont, aujourd'hui,
avec le recul de ces fameux vingt ans,
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quels sont les types de personnes
que vous rencontrez,
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que vous visitez avec vos collaborateurs
et collaboratrices?
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(BB) Alors ce sont des personnes
de tous les âges,
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qu'elles soient âgées,
qu'elles soient jeunes:
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on a eu parfois des enfants aussi,
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mais ce sont toujours des gens
qui souffrent de solitude,
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qui sont isolés, qui s'ennuient,
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et qui n'ont plus de projet,
ou peu de projets de vie.
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C'est vrai qu'on a des gens
beaucoup plus intellectuels,
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comme vous pouvez le voir
sur les photos ici,
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qui sont... même, on a un philosophe,
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donc quelqu'un qui écrit lui-même
des bouquins de philosophie,
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des bouquins politiques.
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Mais sinon, on a des gens
de tous les niveaux culturels.
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C'est-à-dire, on a des gens
qui peuvent être des personnes
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qui faisaient des métiers manuels,
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comme des personnes qui sont considérées
des intellectuels.
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(JK) Combien de personnes,
ces dernières années, avez-vous visitées?
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(BB) Ouh là! Je ne peux pas
vous dire combien, mais je peux vous dire
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qu'on a beaucoup de personnes qui sont
aujourd'hui décédées, par exemple.
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Donc je veux dire, depuis ving ans,
nous les accompagnons jusqu'au bout,
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même si nous ne faisons pas d'accompagnement
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de personnes en fin de vie,
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si ce sont nos gens à nous, qu'on a suivis
pendant plusieurs années,
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c'est clair qu'on va aller jusqu'au bout
avec eux.
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Ce que je peux vous dire,
c'est qu'actuellement et en moyenne,
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on a 50 auditeurs -- on les appelle
auditeurs --
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qui reçoivent nos lecteurs chez eux
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ou dans les milieux hospitaliers
où ils résident définitivement
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ou provisoirement: si c'est à l'hôpital,
si c'est en clinique,
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ça peut être des séjours provisoires,
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sinon, c'est des lieux de vie,
comme Foyer Handicap,
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comme les hôpitaux aussi:
parfois on n'en sort pas;
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à domicile, beaucoup, et les EMS aussi,
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qui sont des lieux où le gens peuvent
avoir de très belles animations,
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mais ne pas s'y intéresser,
ou pas toujours.
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Et c'est vrai que le fait de recevoir
son lecteur dans sa chambre
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ou dans sa petite pièce, dans
le petit salon de l'EMS, ou chez soi,
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hé bien, c'est un moment privilégié
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qui, en même temps, revalorise
la personne
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et peut l'amener à faire
de nouveaux projets, vous voyez,
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parce qu'on essaie de redonner goût
à la vie ou à la société, à ces personnes.
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(JK) Est-ce que la Ville de Genève,
l'Etat, voue à votre association
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une reconnaissance sociale?
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(BB) Oui, alors nous sommes inscrits
depuis 2003 au budget de la Ville
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et l'Etat de Genève nous a déclarés
d'utilité publique, aussi en 2003.
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Donc, c'est une reconnaissance pour nous,
c'est très important.
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(JK) Alors Barbara, on vous souhaite
un bon succès,
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beaucoup de rencontres
à ce Salon du Livre,
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beaucoup de découvertes, et surtout
beaucoup d'inscriptions
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de gens qui s'engagent et qui viendront
faire des heures de lecture.
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Et puis on vous souhaite un plein succès
dans la continuation
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pour ces jeunes 20 ans
d'une jeune association.
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Au revoir, Barbara, merci.
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(BB) Merci beaucoup.