Pas de villes intelligentes sans tiers lieux libres et opensource ! | Yoann Duriaux | TEDxReims
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0:14 - 0:17La première fois que j'ai vécu
une révolution, j'avais 7 ans. -
0:17 - 0:22C'est lorsqu'on m'a offert cet appareil,
un ordinateur, un TO7 de Thomson. -
0:22 - 0:25Comme vous, j'ignorais à quoi
ça pouvait servir à cette époque, -
0:25 - 0:28mais je n'ai eu aucun problème
pour me l'approprier. -
0:28 - 0:31Je vais vous donner la recette,
c'est assez simple. -
0:31 - 0:34J'ai d'abord appuyé sur le bouton,
j'ai utilisé l'appareil. -
0:34 - 0:38J'étais très fort sur le numéro 3,
régler le crayon optique. -
0:38 - 0:41C'était le plus facile, et quand
on ne comprend pas une technologie, -
0:41 - 0:42il faut faire le plus simple.
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0:42 - 0:47Rapidement, j'ai commencé
à me familiariser avec ce bel outil. -
0:47 - 0:49J'ai commencé à le comprendre,
à voir son fonctionnement. -
0:49 - 0:52J'ai commencé à interagir avec la machine.
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0:52 - 0:55Je n'en suis pas resté là,
j'ai voulu l'améliorer. -
0:55 - 0:59On pouvait commander un clavier,
ça faisait plus « ordinateur », -
0:59 - 1:02c'était le côté culturel.
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1:02 - 1:04C'est devenu le TO 7-70.
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1:04 - 1:06Bien sûr, ce qui m'a beaucoup
passionné aussi, -
1:06 - 1:09c'est de commencer à contribuer,
fabriquer mes jeux, -
1:09 - 1:11ou participer aux jeux de mes copains,
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1:11 - 1:13qu'on se partageait à l'école
sur des disquettes. -
1:14 - 1:16Pourquoi était-ce une révolution ?
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1:16 - 1:19Parce que pour la première fois,
j'ai compris ce qu'était la liberté, -
1:19 - 1:22ce qui formera le socle
de ma culture tout au long de ma vie. -
1:22 - 1:28La liberté est avant tout la possibilité
d'utiliser, de modifier, de distribuer, -
1:28 - 1:30et surtout la possibilité de comprendre.
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1:32 - 1:35On ne peut pas parler de technologie
sans les légendes et mythes qui vont avec, -
1:35 - 1:38puisqu'une technologie
devient évidente pour tous -
1:38 - 1:40à partir du moment où
on a des mythes et des légendes. -
1:40 - 1:44J'ai découvert WarGames, le hacking,
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1:44 - 1:46où ce jeune déboulait
sur le réseau Arpanet, -
1:46 - 1:50se connectait à un jeu et, croyant jouer,
déclenchait une guerre thermo-nucléaire. -
1:50 - 1:53Ouah, effet magnifique !
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1:53 - 1:56Paradoxalement, la personne
qui m'avait offert l'ordinateur - -
1:56 - 1:59un signe, peut-être -
m'a emmené voir un film, -
1:59 - 2:02« 2001, l'odyssée de l'espace »,
de Stanley Kubrick, -
2:02 - 2:03dans lequel un ordinateur, HAL,
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2:03 - 2:06commence à prendre
le contrôle du vaisseau. -
2:06 - 2:08Ça fait peur, et évidemment,
on me freinait. -
2:08 - 2:12Je ne connaissais pas la technologie
que déjà on m'avait mis des freins. -
2:12 - 2:16Ce qui s'est passé alors,
c'est que je suis d'une génération -
2:16 - 2:18où on a mis la technologie
en haut de la pyramide. -
2:18 - 2:21Elle nous a donné
des légendes et des mythes, -
2:21 - 2:22et ça a fait ma culture.
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2:22 - 2:25J'ai cru longtemps que l'évolution,
c'était la technologie, -
2:25 - 2:28peut-être comme certains dans la salle.
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2:28 - 2:30Voilà à peu près l'effet que ça m'a fait.
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2:30 - 2:34Je vous rassure, la techno,
le geek, c'est vite passé à côté. -
2:34 - 2:37Comme on nous l'a dit à l'accueil,
on vivait nos crises à notre manière, -
2:38 - 2:41le chômage, les problèmes
dans le monde, etc. -
2:42 - 2:46Tout ça s'est bien déroulé
jusqu'en 2004. -
2:46 - 2:48Peut-être, à la naissance
de mon deuxième enfant, -
2:48 - 2:52j'ai pris conscience
que le monde n'allait pas très bien, -
2:52 - 2:57et j'ai voulu faire des choses, m'engager
dans des associations, des collectifs. -
2:58 - 3:02En mettant le numérique et ma culture
geek au cœur de tout ça, -
3:02 - 3:06je me suis dit : « C'est bizarre, on peut
faire beaucoup avec le numérique, -
3:06 - 3:09et Jaurès, Diderot, d'Alembert,
l'aurait utilisé dans leurs œuvres, -
3:09 - 3:11mais aujourd'hui, non. »
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3:11 - 3:15Ici au milieu, c'est une bibliothèque
en France, il y a quatre ans. -
3:15 - 3:17Voilà le niveau de considération
du numérique. -
3:17 - 3:21Je me suis intéressé à plein de sujets :
les problèmes d'inondation, d'eau, -
3:21 - 3:24l'empreinte écologique dont
certains ont entendu parler. -
3:24 - 3:27Lorsque je me suis intéressé au sujet,
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3:27 - 3:31les ressources de la planète étaient
consommées au mois d'octobre. -
3:31 - 3:34Cet été, elles l'ont été le 19 août.
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3:34 - 3:36Tout ça pour dire qu'en m'engageant,
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3:36 - 3:39je n'avais plus de famille
ou d'amis, plus rien. -
3:39 - 3:42J'étais tout le temps dans
des associations, des collectifs. -
3:43 - 3:47Et puis, j'allumais la télé,
la radio, et rien ne s'améliorait. -
3:47 - 3:49Ça, c'était ma méthode.
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3:49 - 3:52Soyons un peu auto-critique,
reconnaissons pourquoi ça ne marche pas. -
3:52 - 3:55J'avais ce tempérament,
peut-être de forain - -
3:55 - 3:57mon père l'était, j'ai connu
cette aventure des marchés - -
3:58 - 3:59et beaucoup de confiance en moi.
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3:59 - 4:03Ça me paraissait évident, donc j'avais
une méthode de passage en force. -
4:03 - 4:05Je suis de la génération Internet,
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4:05 - 4:08donc il y a les choses qu'on fait
dans sa rue, son immeuble, -
4:08 - 4:10et celles qu'on vit en ligne.
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4:10 - 4:12Je n'arrêtais pas de faire le yoyo.
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4:12 - 4:14Je m'investissais beaucoup en ligne,
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4:14 - 4:18et mes copains en bas me disaient :
« T'es trop perché, hors sol », -
4:18 - 4:19alors j'allais sur le terrain,
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4:19 - 4:22et là on me disait :
« T'es bouseux, terre-à-terre. » -
4:22 - 4:24Je n'arrêtais pas
de faire cet aller-retour. -
4:24 - 4:29En fait, j'ai compris qu'on avait
un vrai problème : la confiance. -
4:29 - 4:33Nous sommes actuellement dans
une société qui ne se fait plus confiance. -
4:33 - 4:37Même quand on se fait confiance, le
problème suivant, c'est la bienveillance. -
4:37 - 4:39La confiance doit durer.
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4:39 - 4:42Avec ces allers-retours
entre le hors sol et le in vivo, -
4:42 - 4:45derrière vous, des choses se désagrègent.
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4:45 - 4:47C'est peut-être pour ça -
sans tirer de conclusion - -
4:47 - 4:50que notre monde associatif
se porte si mal, -
4:50 - 4:54que l'économie sociale et solidaire
peine encore à créer des emplois, -
4:55 - 4:58à régler les choses qui vont mal
dans le monde, etc. -
4:59 - 5:03On pourrait se dire :
« Il est rentré chez lui, il a arrêté », -
5:03 - 5:05mais non, pas du tout,
j'ai commencé à m'intéresser -
5:05 - 5:08à ce qu'on voyait entre
le hors-ligne et le en-ligne. -
5:08 - 5:10Et là, j'ai découvert les tiers lieux,
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5:10 - 5:15d'abord par un sociologue qui avait écrit
une étude pour Starbucks Coffee -
5:15 - 5:18où il expliquait qu'il y avait
des tiers espaces. -
5:18 - 5:23Là, j'ai compris que contrairement
à ce qu'on m'avait appris, -
5:23 - 5:26la technologie revenait
à sa vraie place d'outil, -
5:26 - 5:30et que ce sont les gens qui poussaient
des cultures et des mythes - -
5:30 - 5:32très important !
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5:32 - 5:34Qu'est-ce qu'un tiers lieu ?
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5:34 - 5:38Je pourrais vous en parler des heures,
je suis un passionné. -
5:38 - 5:42C'est d'abord un endroit
où on vient travailler pour soi. -
5:42 - 5:45Ce n'est jamais un lieu qui est
trop ou pas assez animé. -
5:45 - 5:47On vient pour soi,
on ouvre son ordinateur - -
5:47 - 5:49et ça concerne tous
ces travailleurs nomades -
5:49 - 5:54qui utilisent de plus en plus
les ordinateurs - et on se connecte. -
5:54 - 5:56Et ça, ça a donné le télétravail.
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5:56 - 5:59Rapidement, c'est l'ennui, donc
on a voulu travailler avec d'autres, -
5:59 - 6:01et ça a donné le coworking,
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6:01 - 6:03un mouvement américain
qui est arrivé en Europe, -
6:03 - 6:07et on mélange le travail
seul ou à plusieurs. -
6:08 - 6:11Ces gens qui travaillent différemment
vivent différemment, -
6:11 - 6:15que ce soit dans leurs amplitudes horaires
ou leurs modes de consommation. -
6:15 - 6:18Au lieu de se vendre, on se donne,
on se prête, on se loue. -
6:18 - 6:21Puis sont arrivées les imprimantes 3D,
dont vous avez entendu parler. -
6:21 - 6:24On n'en est pas à la révolution
industrielle de Rifkin, -
6:24 - 6:27mais on commence à en avoir
dans tous ces tiers lieux, -
6:27 - 6:31et on peut réparer la télécommande,
prototyper un objet qu'on n'a pas, -
6:32 - 6:34imprimer une pièce d'une armoire IKEA.
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6:34 - 6:36On vit donc un peu différemment.
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6:36 - 6:39Ce qui me passionne, c'est que ce sont
des gens qui entreprennent autrement, -
6:39 - 6:43qui se sont réappropriés
le mot « entreprendre » si galvaudé, -
6:43 - 6:47et qui peut-être ne plaisait pas à l'ESS,
à l'éducation populaire. -
6:47 - 6:49Revenons sur le mot « entreprendre ».
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6:49 - 6:52C'est tout simplement
faire à plusieurs, faire ensemble. -
6:52 - 6:55Rémunéré ou pas,
j'ai entrepris une œuvre. -
6:55 - 6:58Et ces tiers lieux ont une autre
façon d'entreprendre. -
6:58 - 7:01Si dans ce travailler, vivre
et entreprendre autrement, -
7:01 - 7:05vous ne parlez plus de rôles, grades,
chefs, argent ou pas d'argent, -
7:05 - 7:08mais de rôles et postures,
vous remettez de la poésie. -
7:08 - 7:10C'est ce que j'aime dans les tiers lieux,
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7:10 - 7:12on parle de concierges,
veilleuses, jardiniers, -
7:12 - 7:14ce qui change beaucoup de choses.
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7:14 - 7:18Ne cherchez pas un tiers lieux,
pas besoin de militantisme, -
7:19 - 7:20on le vit, point barre.
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7:20 - 7:23Il faut le vivre : vous venez
une, deux fois. -
7:23 - 7:27Vous en visitez un, deux, et là
vous comprendrez l'ADN des tiers lieux. -
7:27 - 7:30Le Comptoir Numérique, c'est
une bande de crapauds fous, à St-Étienne, -
7:30 - 7:34qui avaient envie de mélanger
médiation numérique, coworking -
7:34 - 7:38et hacker-space de façon spontanée.
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7:38 - 7:41On a appris en marchant
et ça a donné le Comptoir. -
7:41 - 7:43Derrière, on a rencontré plein de gens,
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7:43 - 7:47et on a créé la Communauté
Francophone des tiers lieux. -
7:47 - 7:50On a démarré à six, et on est,
actuellement, 1 700-1 800 en francophonie. -
7:50 - 7:52C'était il y a à peu près trois ans.
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7:52 - 7:54On en n'est pas restés là,
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7:54 - 7:57et on s'est dit que,
quitte à faire un tiers lieu, -
7:57 - 8:01il faut partager la recette, donc
on a créé une méthodologie, Movilab, -
8:01 - 8:05et on a commencé à documenter
tout ce que nous faisions. -
8:05 - 8:08Très important : il ne faut pas rester
juste derrière son ordinateur, -
8:08 - 8:12rien ne remplacera une petite bière
bue à Lille avec mes amis lillois, -
8:12 - 8:14ou un repas entre midi et deux.
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8:15 - 8:18Et c'est comme ça qu'on apprend
comment les autres font, c'est important. -
8:18 - 8:20Étant entrepreneur,
j'ai besoin de travailler, -
8:21 - 8:24donc le matin, je fais du coworking,
et l'après-midi du slow tourisme, -
8:24 - 8:27c'est-à-dire que ce que je vis fait partie
intégrante de mon travail. -
8:27 - 8:31C'est ça la magie, se laisser aller, dans
une société où on contrôle un peu tout. -
8:31 - 8:33À côté de ça, avec quelques amis,
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8:33 - 8:37on a décidé d'organiser le 1er Tour de
France du Télétravail et des Tiers lieux, -
8:37 - 8:41qui est un peu le réceptacle de tout ça,
et on a fait entre 20 et 30 villes. -
8:41 - 8:44C'est maintenant la 2e année
de ce tour de France, -
8:44 - 8:48et c'est passionnant car on rencontre
des gens relativement brillants. -
8:48 - 8:50Voilà, vous savez à peu près
tout sur les tiers lieux. -
8:50 - 8:53Il s'en crée tous les jours
en bas de chez vous. -
8:53 - 8:55Ce sont des lieux
qui se revendiquent tiers lieux, -
8:55 - 8:59pas de bâtiment,
de grues, ni d'ouvriers, -
8:59 - 9:02mais des gens qui font,
qui essaient de changer la société, -
9:02 - 9:05en étant moins dans le dogme
ou le prêche, que dans le faire. -
9:05 - 9:07Ils font, tout simplement.
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9:07 - 9:09Quelqu'un m'a mis ce livre dans les mains,
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9:09 - 9:12pendant mon voyage
de « co-wo-slow tourisme », -
9:12 - 9:14et m'a dit : « Tu devrais regarder ça. »
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9:14 - 9:16Et là, ça a été un gros bouleversement.
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9:16 - 9:22À chaque page, je lisais la page
de garde, en pensant : « C'est nous. » -
9:22 - 9:26J'avais l'impression de voir les gens
que j'avais vus à Paris, à Lille, etc. -
9:26 - 9:29Pourquoi ? Parce qu'on
y rencontre des gens fabuleux. -
9:29 - 9:33On en a parlé, ce soir, sur Steve Jobs,
etc. qui veut changer la société. -
9:33 - 9:35On se réfère à ceux
qui ont eu des réussites. -
9:35 - 9:39Des Steve Jobs, des grands inventeurs,
vous en voyez tous les jours -
9:39 - 9:41dans ces tiers lieux,
et c'est passionnant. -
9:41 - 9:45En termes de technologie, même si j'ai
une culture geek, j'ai arrêté assez tôt. -
9:45 - 9:47Vous m'avez vu à 17 ans,
ce n'était plus vraiment ça. -
9:48 - 9:50Mais je côtoie des
technologies tous les jours, -
9:50 - 9:52quand je travaille pour moi
sur mon ordinateur. -
9:52 - 9:56Un Raspberry, un Arduino, je ne
savais pas ce que c'était il y a un an. -
9:56 - 9:58Aujourd'hui, je les maîtrise.
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9:58 - 10:02Et tout ça, sans formation, j'ai
simplement vu comment ils s'utilisaient. -
10:03 - 10:05Troisième point de comparaison
-
10:05 - 10:08avec ces premiers geeks
et hackers, ce sont les lieux. -
10:08 - 10:11Vous voyez là le premier
ordinateur de la société IBM -
10:11 - 10:15qui n'aurait pas pu être une des trois
sociétés mondiales les plus importantes, -
10:15 - 10:19si le jour, les ingénieurs n'étaient
pas venus fabriquer les ordinateurs, -
10:19 - 10:21et la nuit, les hackers,
les petits jeunes du 3e, -
10:21 - 10:25n'étaient pas montés et corrigeaient
les erreurs des spécialistes. -
10:25 - 10:27C'est tout ça qui a fait
-
10:27 - 10:30qu'on a eu le succès de l'informatique
que l'on connaît aujourd'hui. -
10:30 - 10:34C'est très chouette
les technologies qu'ils ont sorties, -
10:34 - 10:38mais ce sont peut-être les garages
dans lesquels ils les ont fabriquées -
10:38 - 10:40sur lesquels on aurait
dû se fixer à l'époque. -
10:42 - 10:44Je suis persuadé
que plein de gens doutent, -
10:44 - 10:47mais vous êtes déjà dans une
société 2.0, là, dans votre poche. -
10:47 - 10:50Vous pouvez ouvrir vos
smartphones ou vos ordinateurs, -
10:50 - 10:52que vous ayez 20 ans ou 80 ans,
-
10:52 - 10:57comme ma grand-mère
qui a Facebook et Twitter, -
10:57 - 10:59voilà ce que ça a donné.
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11:00 - 11:02Pourquoi avez-vous cette société 2.0
dans votre poche ? -
11:02 - 11:05Eh bien, parce qu'on a fait
des choix - simplicité, design - -
11:05 - 11:09et aujourd'hui, pas une entreprise
ou structure ne travaille sans ordinateur. -
11:10 - 11:12Le développement de ces
technologies n'a pas empêché -
11:12 - 11:14celui de nouvelles
activités professionnelles. -
11:14 - 11:17À ma connaissance,
tout le monde utilise ces outils. -
11:17 - 11:19Une chose m'a beaucoup plu,
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11:19 - 11:23c'est le petit troisième, dont on parle
moins, mais qui pourtant est libre, -
11:23 - 11:25c'est le fameux GnuLinux.
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11:25 - 11:28Ici personne n'utilise GnuLinux.
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11:28 - 11:32Non, vous n'utilisez pas GnuLinux
mais une distribution, -
11:32 - 11:33et c'est ça qui est fabuleux :
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11:33 - 11:36le capital informationnel commun
à l'intérieur de ce logiciel -
11:36 - 11:38appartient à tout le monde.
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11:38 - 11:41À partir de lui, vous pouvez
fabriquer votre distribution, -
11:42 - 11:45qui s'appellera Ubuntu, Fedora, Mint,
et ce sont eux que vous utilisez. -
11:46 - 11:49GnuLinux est simplement
un patrimoine informationnel commun. -
11:49 - 11:52L'avantage de travailler
sur un patrimoine commun, -
11:52 - 11:54c'est qu'on ne fait pas
que de la technologie, -
11:54 - 11:57mais on permet aussi d'influencer
de grands mouvements, -
11:57 - 12:03en l'occurrence Wikipedia, OpenStreetMap,
le projet de cartographie libre -
12:03 - 12:05dont je ne pourrais pas me passer.
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12:05 - 12:07Voilà l'avantage du libre
par rapport au propriétaire. -
12:07 - 12:10Il est parfois moins simple, moins design,
-
12:10 - 12:12mais il vous permet de faire
beaucoup plus de choses. -
12:13 - 12:15Alors ça m'a paru évident,
-
12:15 - 12:17mais il y a un an ou deux,
je n'arrivais plus à dormir, -
12:17 - 12:21persuadé que nous avions inventé
l'ordinateur du XXIe siècle. -
12:21 - 12:23Si on compare nos tiers lieux,
-
12:23 - 12:25ce sont bien des lieux,
des espaces, tous différents, -
12:25 - 12:30comme vos ordinateurs, HP, IBM:
vos coquilles sont différentes. -
12:30 - 12:32À l'intérieur, il y a
un système d'exploitation. -
12:32 - 12:35Que vous ayez choisi
le simple, le design, le libre, -
12:35 - 12:38ce système est un langage qui
permet à la machine de tourner. -
12:38 - 12:40Puis vous avez des logiciels.
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12:40 - 12:44Pourquoi ne pas réfléchir
à Disco Soupe, Ouishare, Makesense, -
12:44 - 12:48ces mouvements qui dans le hors sol
emmènent des tas de gens. -
12:48 - 12:54Ouishare a réuni, en un an, 46 pays
sur la consommation collaborative. -
12:55 - 12:58Et si on y réfléchissait en terme
de logiciel pour nos tiers lieux ? -
12:58 - 13:01On aurait moins besoin
de parler et on pourrait agir. -
13:01 - 13:04Enfin, dernier point,
les groupes d'utilisateurs, -
13:04 - 13:07comme ceux qui ont amélioré
le GnuLinux de l'époque. -
13:09 - 13:11C'est toujours trop court
pour parler d'une passion, -
13:11 - 13:14et si certains pensent
que je ne suis pas concret, -
13:14 - 13:16on va être très concret pour finir.
-
13:16 - 13:20La concrétude est un mal
dont nous souffrons tous en ce moment. -
13:20 - 13:23Dès que vous dites quelque chose
de différent, on demande d'être concret. -
13:23 - 13:25C'est une injure car la concrétude,
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13:25 - 13:29pour un chômeur, c'est toucher
son salaire en fin de mois, -
13:29 - 13:31pour quelqu'un à la rue, c'est dormir,
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13:31 - 13:35pour un grand patron, c'est d'éviter que
10 000 personnes se retrouvent au chômage. -
13:35 - 13:37Chacun a sa façon d'être concret.
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13:37 - 13:40Si vous voulez qu'on le soit,
ça va être simple : -
13:40 - 13:43aujourd'hui, il se crée des tiers lieux
partout, tous les jours, chez nous. -
13:43 - 13:46Et ce sont des jeunes, des vieux,
des gens qui travaillent, -
13:46 - 13:49des gens cherchant
à entreprendre, qui les créent. -
13:49 - 13:51Ils n'ont pas besoin de faire des TEDx.
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13:51 - 13:54Par contre, ils ont envie de vous aider,
de nous aider globalement, -
13:54 - 13:58et ils aimeraient que cette façon de
travailler, vivre, entreprendre autrement, -
13:58 - 14:01ils puissent la partager comme
un réseau internet avec d'autres, -
14:01 - 14:03car chacun se spécialise
dans une particularité. -
14:04 - 14:07Certains sont très bons en mobilité,
ils ont réfléchi aux nouvelles façons -
14:07 - 14:12de se prêter des vélos, des voitures
ou de les louer entre particuliers. -
14:12 - 14:15D'autres sont très bons
sur l'éducation, d'autres sur l'emploi. -
14:15 - 14:16Tout va dépendre.
-
14:16 - 14:19On a une envie de les connecter ensemble.
-
14:19 - 14:24Pour ça, il faut que ces tiers lieux
aient un patrimoine informationnel commun. -
14:24 - 14:26On veut y mettre des labels,
ce qui est très français, -
14:27 - 14:31et c'est pour ça que nous redemandons
du libre et de l'opensource, sans label, -
14:31 - 14:33puisque depuis des années,
on nous colle des labels, -
14:33 - 14:36récemment « French Tech » ou « Fablab ».
-
14:36 - 14:40Là où il y avait de la coopération,
ces labels ont mis de la compétition, -
14:40 - 14:42et du coup, ça ne marche plus.
-
14:42 - 14:44Donc notre envie, c'est de nous connecter,
-
14:44 - 14:48notre besoin, c'est de fabriquer
un patrimoine informationnel commun. -
14:48 - 14:52Je fais appel aux designers :
si vous n'êtes pas complètement convaincus -
14:52 - 14:54qu'on a inventé
l'ordinateur du XXIe siècle, -
14:54 - 14:57venez nous aider, car il ne manque
plus qu'une interface design, -
14:58 - 15:01et, après çà, les tiers lieux,
faites-les vous-mêmes ! -
15:01 - 15:02Merci.
-
15:02 - 15:05(Applaudissements)
- Title:
- Pas de villes intelligentes sans tiers lieux libres et opensource ! | Yoann Duriaux | TEDxReims
- Description:
-
Des lieux à la pointe de l'innovation émergent partout en France pour que des initiatives puissent être appropriées par tous et répliquées partout. C'est l'esprit opensource. Certains les considèrent comme la clé de voûte des villes durables et intelligentes.
Yoann Duriaux est le co-fondateur de la méthodologie MoviLab qui permet de transformer des actions locales en savoir universel. Il a participé à la création de la communauté francophone des Tiers Lieux Libres et Opensource (Tilios) qui permet d’appliquer localement cette méthodologie. Il travaille actuellement à la création d’une fondation d’utilité publique visant à soutenir le développement de modes de vies et de production durables.
Cette présentation a été donnée lors d'un événement TEDx local utilisant le format des conférences TED, mais organisé indépendamment. Pour en savoir plus : http://ted.com/tedx
- Video Language:
- French
- Team:
- closed TED
- Project:
- TEDxTalks
- Duration:
- 15:09