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Le point final du journaliste

  • 0:00 - 0:07
    (Thierry Fischer) 23 journalistes,
    5 graphistes,2 iconographes, 1 correctrice
  • 0:07 - 0:11
    1 comptable, 1 secrétaire,
    3 employés du marketing.
  • 0:12 - 0:17
    Jeudi dernier la Société des rédacteurs
    et du personnel de RIngier/Axel Springer
  • 0:17 - 0:18
    a diffusé son communiqué,
  • 0:18 - 0:23
    une information qui précise le nombre
    de collaborateurs congédiés
  • 0:23 - 0:28
    après la décision de l'éditeur germano
    -suisse de supprimer la publication
  • 0:28 - 0:31
    du magazine romand L'Hebdo.
  • 0:31 - 0:32
    Michel Danthe, bonjour.
  • 0:32 - 0:34
    (Michel Danthe) Bonjour, Thierry Fischer.
  • 0:34 - 0:36
    (TF) Merci beaucoup d'être en direct
    dans Médialogues ce matin,
  • 0:36 - 0:39
    (MD) Oui, il y a cette - on sort
    de trois longues semaines.
  • 0:39 - 0:43
    Si vous me demandez comment je vais,
    je vous dirai que j'ai très mal dormi
  • 0:43 - 0:44
    ces derniers temps.
  • 0:44 - 0:47
    On va rassurer nos auditeurs:
    lorsqu'on a posé la même question
  • 0:47 - 0:52
    à Ralph Büchi qui est notre
    directeur général, qui est rentré
  • 0:52 - 0:56
    de ses vacances ensoleillées à Verbier
    mercredi pour nous annoncer
  • 0:56 - 0:59
    la triste nouvelle avant un peu
    tout le monde,
  • 0:59 - 1:01
    il nous a confié, lui,
    qu'il dormait très bien,
  • 1:01 - 1:05
    il s'est un peu excusé d'être
    aussi bronzé, mais voilà:
  • 1:05 - 1:10
    il nous a annoncé cette nouvelle et depuis
    je pense qu'il n'y a pas seulement
  • 1:10 - 1:12
    l'équipe de négociation et l'équipe des--
  • 1:12 - 1:16
    la société des rédacteurs
    qui dort très mal, mais également
  • 1:16 - 1:19
    toutes les personnes qui ont vu
    brutalement mettre fin
  • 1:19 - 1:23
    à leur carrière professionnelle
    dans les journaux qu'ils ont aimés,
  • 1:23 - 1:24
    dans les journaux qu'ils ont défendus
  • 1:24 - 1:29
    dans les journaux qu'ils ont vraiment
    habité de leur présence, de leur plume,
  • 1:29 - 1:30
    de leur intelligence.
  • 1:30 - 1:33
    Ça fait quand même 36 personnes,
  • 1:33 - 1:38
    36 personnes qui sont touchées dans
    leur destin professionnel.
  • 1:38 - 1:42
    Alors voilà, c'est effectivement une --
    des semaines assez tristes.
  • 1:43 - 1:47
    Ça arrive après une longue préparation,
    on va dire que nous avons un éditeur
  • 1:48 - 1:50
    qui est un spécialiste
    de la cuisson lente
  • 1:50 - 1:55
    et qui nous avait déjà laissé entendre
    en septembre de l'année dernière
  • 1:55 - 1:57
    qu'il y allait avoir des choses.
  • 1:57 - 2:02
    Ces choses, elles ont nourri ensuite,
    évidemment, l'anxiété des collaborateurs,
  • 2:02 - 2:06
    l'anxiété de tous ceux et celles
    qui se battaient pour que L'Hebdo survive,
  • 2:06 - 2:09
    pour que Le Temps, également,
    puisse défendre sa place
  • 2:09 - 2:11
    dans ce paysage médiatique suisse romand.
  • 2:12 - 2:15
    Donc de longs mois d'attente,
    de longs mois d'angoisse.
  • 2:15 - 2:20
    Et puis, bien, cette angoisse
    et cette attente ont culminé,
  • 2:20 - 2:23
    si j'ose dire, une première fois
    le 23 janvier,
  • 2:23 - 2:25
    lorsqu'on est venu nous annoncer
  • 2:25 - 2:28
    qu'il fallait faire l'économie
    de 37 postes.
  • 2:28 - 2:33
    Après quoi notre éditeur s'est lancé
    dans une Blitzkrieg, un peu.
  • 2:33 - 2:36
    C'est un peu les divisions Guderian
    qui débarquent sur la Pologne,
  • 2:36 - 2:38
    si j'ose dire.
  • 2:38 - 2:43
    Ils nous ont laissé 10 jours pour réagir
    à cet état de fait:
  • 2:43 - 2:49
    37 postes à économiser, à supprimer,
    10 jours pour réfléchir,
  • 2:49 - 2:52
    10 jours pour constituer
    une équipe de négociaiton.
  • 2:52 - 3:00
    10 jours pour consulter, rendre notre avis
    et nos mesures alternatives d'économie.
  • 3:00 - 3:02
    C'est ce qu'on a fait la semaine passée.
  • 3:02 - 3:06
    En 5 jours la direction s'est prononcée
    sur ces mesures alternatives,
  • 3:06 - 3:09
    elle les a toutes refusées et déclinées.
  • 3:09 - 3:13
    Elles consistaient, pour mémoire,
    si les gens ne le savent pas,
  • 3:13 - 3:21
    à envoyer à la retraite anticipée le cadre
    qui avait mené à une telle catastrophe,
  • 3:21 - 3:28
    le directeur de Ringier Romandie et un
    des rédacteurs en chef de cette newsroom,
  • 3:28 - 3:30
    de cette armée mexicaine qui a --
  • 3:30 - 3:33
    (TF) Daniel Pillard et Alain Jeannet,
    respectivement.
  • 3:34 - 3:35
    (MD) Voilà, oui.
  • 3:36 - 3:38
    Economiser également sur les locaux,
  • 3:38 - 3:40
    parce qu'on a des locaux extrêmement
    bling-bling,
  • 3:40 - 3:42
    des locaux qui sont un peu pour la montre,
  • 3:42 - 3:47
    pour pouvoir exposer les oeuvres d'art de
    la collection Michael Ringier.
  • 3:47 - 3:53
    Et donc, on proposait de se serrer
    un peu plus pour économiser de l'argent,
  • 3:53 - 3:55
    de se serrer un peu plus
    pour sauver des postes.
  • 3:55 - 3:59
    Tout cela a été refusé et aujourd'hui,
    on est devant ce désastre.
  • 4:00 - 4:01
    (TF) Comment allez-vous --
  • 4:01 - 4:05
    c'est précisément la question que j'allais
    vous poser, vous m'avez devancé,
  • 4:05 - 4:08
    Michel Danthe, on sent
    dans votre témoignage,
  • 4:08 - 4:10
    et je vous remercie d'être venu
    dans notre studio ce matin,
  • 4:10 - 4:15
    on sent évidemment dans votre
    témoignage qu'il est chargé.
  • 4:15 - 4:17
    On va rentrer dans les détails
    de ce qui s'est déroulé
  • 4:17 - 4:19
    durant les 3 semaines précédentes,
    juste avant ça.
  • 4:20 - 4:23
    Evidemment, le public romand,
    les lecteurs romands
  • 4:23 - 4:25
    ont croisé votre signature,
    inévitablement,
  • 4:25 - 4:27
    parce que vous avez une longue expérience,
  • 4:27 - 4:30
    vous faites partie des journalistes
    qui comptent en Suisse romande,
  • 4:30 - 4:33
    vous êtes journaliste depuis
    près de 40 ans
  • 4:34 - 4:36
    au sein de nombreuses rédactions romandes.
  • 4:36 - 4:39
    Formation au Journal de Genève,
  • 4:39 - 4:42
    aujourd'hui licencié de la rédaction
    du Temps,
  • 4:42 - 4:47
    entre les deux et en vrac, Le Courrier,
    Le Nouveau Quotidien,
  • 4:47 - 4:48
    vous avez été rédacteur en chef
    du Matin Dimanche --
  • 4:48 - 4:50
    (MD) Alors au Courrier, je n'ai jamais
    travaillé au Courrier,
  • 4:50 - 4:51
    mais par contre à La Suisse, oui.
  • 4:51 - 4:55
    (TF) Voilà, j'ai lu un de vos articles
    publié aujourd'hui sur le site du Courrier.
  • 4:56 - 4:58
    (MD) Oui, ça, c'est quand j'étais
    au chômage, je --
  • 4:58 - 5:01
    parce que j'ai été au chômage dans ma vie
    et donc une fois, effectivement,
  • 5:01 - 5:02
    j'ai écrit un article en freelance
  • 5:02 - 5:05
    que, entre autres, Le Courrier,
    par syndication, a repris.
  • 5:05 - 5:07
    Et donc aussi La Liberté, je crois.
  • 5:07 - 5:09
    (TF) Voilà, ce qui --
  • 5:09 - 5:10
    (MD) Ce qui ne manque pas non plus
    d'ailleurs de piquant
  • 5:10 - 5:13
    parce que je ne suis pas connu
    pour être un journaliste de gauche,
  • 5:13 - 5:16
    je suis plutôt du camp, on va dire,
    opposé.
  • 5:16 - 5:19
    (TF) Vous avez participé au lancement
    du Matin Bleu,
  • 5:19 - 5:22
    pris aussi le train
    des nouvelles technologies, puisque
  • 5:22 - 5:24
    vous vous êtes lancé dans une formation,
  • 5:24 - 5:27
    vous avez été chef de la rubrique
    Opinions et débats au Temps:
  • 5:27 - 5:31
    responsabilités donc diverses, on le voit,
    responsabilités rédactionnelles,
  • 5:31 - 5:33
    responsabilités d'encadrement,
    aujourd'hui encore,
  • 5:33 - 5:37
    président de la Société des rédacteurs et
    du personnel de Ringier / Axel Springer.
  • 5:37 - 5:40
    Dans votre communiqué,
    vous n'y allez pas de main morte,
  • 5:40 - 5:42
    vous parlez de carnage.
  • 5:42 - 5:43
    (MD) Oui, c'est un carnage,
  • 5:43 - 5:45
    parce qu'il faut savoir
    le carnage au Temps.
  • 5:45 - 5:48
    D'abord, c'est un enterrement définitif
    de l'Hebdo,
  • 5:48 - 5:54
    dont l'équipe rédactionnelle a été,
    j'allais dire, quasiment éradiquée
  • 5:54 - 5:58
    à l'exception de son rédacteur en chef
    et de quelques autres rédacteurs
  • 5:58 - 6:02
    qui travaillaient déjà en pool
    dans la rédaction du Temps.
  • 6:03 - 6:08
    Mais ce qu'a fort bien communiqué
    de son point de vue, bien entendu,
  • 6:08 - 6:12
    l'éditeur le 23 janvier,
    c'est que 37 postes disparaissaient,
  • 6:12 - 6:14
    dû à la suppression de L'Hebdo.
  • 6:14 - 6:16
    Ce sont de pures calembredaines,
    bien entendu.
  • 6:16 - 6:22
    37 postes disparaissent, mais on ne
    faisait pas L'Hebdo avec 37 personnes.
  • 6:22 - 6:24
    On faisait L'Hebdo
    avec beaucoup moins de personnes.
  • 6:24 - 6:26
    Où sont les autres?
  • 6:26 - 6:28
    Hé bien les autres, elle sont
    dans la rédaction du Temps,
  • 6:28 - 6:32
    rédaction du Temps qui aujourd'hui,
    est amputée d'un quart de ses effectifs.
  • 6:33 - 6:38
    Il faut savoir que c'est la sixième
    restructuration depuis que Le Temps existe,
  • 6:38 - 6:42
    que l'avant-dernière avait eu lieu en 2015
    et qu'elle avait touché 15 personnes,
  • 6:42 - 6:45
    que l'avant-avant-dernière
    avait eu lieu en 2012
  • 6:45 - 6:47
    et qu'elle avait touché
    une dizaine de personnes.
  • 6:47 - 6:51
    Vous pouvez donc vous imaginer aujourd'hui
    quel est l'état, si vous voulez,
  • 6:51 - 6:57
    de la rédaction de ce "quality paper" que
    l'éditeur aimait à qualifier auparavant
  • 6:57 - 7:00
    de journal de référence - il n'utilise
    plus aujourd'hui ce "claim",
  • 7:00 - 7:01
    comme on dit en anglais.
  • 7:02 - 7:05
    On est évidemment,
    comme dit le cliché journalistique
  • 7:05 - 7:07
    que je conseille
    à tous les jeunes journalistes d'éviter
  • 7:07 - 7:10
    lorsqu'ils font des titres, mais
    on va le réutiliser aujourd'hui.
  • 7:10 - 7:14
    Quand on est très ému, c'est
    les clichés qui viennent à la bouche:
  • 7:14 - 7:19
    on est évidemment sous le choc, atterrés
    et fort en colère.
  • 7:19 - 7:22
    C'est 25% de l'effectif du Temps
    qui aujourd'hui,
  • 7:22 - 7:25
    en plus de la suppression de L'Hebdo,
    disparaissent.
  • 7:25 - 7:29
    C'est vous dire qu'à partir de lundi,
    à partir des mois qui viennent,
  • 7:29 - 7:32
    c'est d'un autre Temps
    dont on devra parler.
  • 7:32 - 7:33
    (TF) Qu'est-ce qui vous met
    le plus en colère?
  • 7:33 - 7:35
    (MD) Mais ce qui me met
    le plus en colère, c'est que
  • 7:36 - 7:41
    on ait été menés, si vous voulez,
    dans cette, dans ce désastre
  • 7:41 - 7:47
    par des gens qui, aujourd'hui, n'ont plus
    l'énergie de se battre --
  • 7:47 - 7:50
    (TF) Mais les titres, il faut bien
    les rentabiliser, Michel Danthe!
  • 7:50 - 7:51
    (MD) Bien sûr qu'il faut
    rentabiliser les titres.
  • 7:51 - 7:53
    Mais pour rentabiliser les titres,
    il ne faut pas mettre
  • 7:53 - 7:56
    à leur direction générale des gens
    qui attendent leur retraite anti...
  • 7:56 - 8:00
    qui attendent leur retraite et
    sauver leurs fesses,
  • 8:00 - 8:04
    et qui n'ont plus aucune énergie
    ni aucune niaque
  • 8:04 - 8:06
    pour essayer de défendre cette affaire!
  • 8:06 - 8:07
    (TF) Vous avez été trahis?
  • 8:07 - 8:10
    (MD) J'ai le sentiment, en tout cas
    l'équipe a sans doute le sentiment --
  • 8:10 - 8:14
    je ne veux pas parler pour elle, mais
    si je peux interpréter son sentiment,
  • 8:14 - 8:16
    d'avoir étés effectivement trahis.
  • 8:16 - 8:19
    Il faut savoir que lorsque Le Temps
    a été repris par Ringier,
  • 8:19 - 8:21
    il y avait des propositions alternatives,
  • 8:21 - 8:23
    des propositions, par exemple,
    d'un groupe d'investisseurs
  • 8:23 - 8:25
    qui étaient prêts à s'engager
    pour Le Temps,
  • 8:25 - 8:30
    des propositions de son management
    pour racheter le titre et pour le défendre
  • 8:30 - 8:33
    dans des petites structures
    adaptées à la Suisse romande.
  • 8:33 - 8:35
    On a été repris par un mastodonte
  • 8:35 - 8:41
    qui a ensuite été se mettre en bouche
    avec un mastodonte encore plus grand.
  • 8:41 - 8:44
    Nous sommes une espèce
    de petite entité suisse romande
  • 8:44 - 8:50
    qui ne fait aucun sens dans un pareil,
    si vous voulez, cimetière de dinosaures.
  • 8:50 - 8:52
    Que voulez-vous que je vous dise?
  • 8:52 - 8:54
    On ne peut avoir que de la colère
    lorsqu'on constate cela.
  • 8:54 - 8:56
    (TF) Ce lieu commun dont on parle,
    à savoir --
  • 8:56 - 8:57
    (MD) Être sous le choc?
  • 8:57 - 9:01
    (TF) l'arrogance alémanique,
    l'arrogance des centres de décision
  • 9:01 - 9:03
    à l'égard d'un pays
    comme la Suisse romande,
  • 9:03 - 9:07
    pour en arriver à supprimer l'Hebdo et
    à amputer la rédaction du Temps,
  • 9:07 - 9:09
    c'est approprié?
  • 9:10 - 9:13
    (MD) Écoutez, des gens disent l'arrogance,
  • 9:13 - 9:16
    ce sont des gens
    qui défendent leur logique.
  • 9:16 - 9:20
    Ce que je critique aujourd'hui, c'est
    le fait que connaissant leur logique,
  • 9:20 - 9:24
    ils aient racheté,
    ils se soient emparés du Temps
  • 9:24 - 9:26
    qui fonctionnait
    dans une toute autre logique.
  • 9:27 - 9:31
    Alors, si vous voulez, si un mastodonte
    décide de racheter un tout petit,
  • 9:31 - 9:34
    une toute petite entité qui aurait
    très bien pu se défendre,
  • 9:34 - 9:37
    en Suisse Romande,
    avec des moyens appropriés,
  • 9:37 - 9:38
    hé bien, j'ai de la peine à le comprendre.
  • 9:38 - 9:41
    Alors, appelez ça de l'arrogance,
    appelez ça de l'inconscience,
  • 9:41 - 9:42
    appelez ça du cynisme,
  • 9:43 - 9:46
    moi, je n'ai pas de mot pour qualifier ça,
    j'hésite entre les trois,
  • 9:46 - 9:50
    et ma colère est nourrie
    de ces trois qualificatifs.
  • 9:50 - 9:53
    (TF) Michel Danthe, le journalisme,
    c'est votre vie.
  • 9:53 - 9:55
    Qu’est-ce qui disparaît, aujourd'hui?
  • 9:55 - 9:57
    (MD) Mais aujourd'hui disparaît
    une certaine idée
  • 9:57 - 9:59
    qu'on pouvait se faire du journalisme.
  • 9:59 - 10:02
    Je ne suis pas quelqu'un qui va vous dire:
    "C'était mieux avant."
  • 10:02 - 10:04
    (TF) Mais pour vous,
    qu'est-ce qui disparaît?
  • 10:04 - 10:07
    (MD) Disparaît, si vous voulez,
    une manière de faire du journalisme
  • 10:07 - 10:10
    comme on a pu le faire jusque dans
    les années 2000,
  • 10:10 - 10:13
    avant qu'interviennent massivement,
    si vous voulez, l'arrivée de l'internet
  • 10:13 - 10:15
    et l'arrivée de la dé...
  • 10:15 - 10:19
    si vous voulez, du fait qu'on peut
    parfaitement aujourd'hui, finan...
  • 10:19 - 10:22
    on ne peut plus financer les journaux
    aujourd'hui comme on les a financés
  • 10:22 - 10:27
    de 1848, l'arrivée d’Émile Girardin
    qui a inventé l'annonce
  • 10:27 - 10:32
    pour pouvoir financer les journaux,
    de 1848 à peu près aux années 2000.
  • 10:32 - 10:34
    On est dans un nouveau paradigme.
  • 10:34 - 10:38
    Je ne vais pas nier ce nouveau paradigme,
    ce que je regrette, si vous voulez,
  • 10:38 - 10:42
    c'est que les éditeurs aient si peu
    préparé leurs équipes,
  • 10:42 - 10:46
    aient si peu éduqué leurs équipes
    à survire dans un monde
  • 10:46 - 10:47
    qu'ils nous préparent aujourd'hui.
  • 10:47 - 10:50
    Ils sont un peu,
    si vous me permettez l'expression,
  • 10:50 - 10:55
    comme les généraux chinois qui,
    lorsqu'ils bâtissaient leur marine,
  • 10:55 - 11:00
    n'apprenaient surtout pas aux marins
    à nager, parce qu'ils se disaient:
  • 11:00 - 11:01
    "Comme ça ils vont se battre jusqu'au bout
  • 11:01 - 11:04
    et quand le navire coulera,
    ils couleront avec."
  • 11:04 - 11:05
    Voilà le sentiment que j'ai,
    si vous voulez,
  • 11:05 - 11:09
    lorsque je regarde comment les éditeurs
    ont préparé leurs équipes:
  • 11:09 - 11:14
    fort mal, avec beaucoup de mesquinerie,
    et ça, je le regrette infiniment.
  • 11:14 - 11:16
    (TF) C'est le deuil d'un idéal?
  • 11:16 - 11:17
    (MD) Bien sûr que c'est
    le deuil d'un idéal.
  • 11:18 - 11:21
    Mais vous savez, c'est le deuil d'un idéal
    avec un sentiment raisonnable,
  • 11:21 - 11:24
    et ce sentiment raisonnable et
    l'espoir que j'ai aujourd'hui,
  • 11:24 - 11:28
    c'est que des titres comme Le Temps,
    des titres comparables à L'Hebdo,
  • 11:28 - 11:31
    parce que comme dit Jacques Pillet,
    on ne va pas ressusciter un mort,
  • 11:31 - 11:35
    mais que des titres comparables à L'Hebdo,
    des titres comme Le Temps
  • 11:35 - 11:38
    puissent vivre demain
    de leurs propres ailes
  • 11:38 - 11:42
    avec les moyens qui seront les leurs
    dans un paysage suisse romand
  • 11:42 - 11:45
    où on n'aura pas besoin d'en référer
    à Berlin, à Zurich,
  • 11:45 - 11:48
    pour savoir si on peut ou non
    engager des forces
  • 11:48 - 11:50
    et engager son enthousiasme
    dans la bonne direction.
  • 11:50 - 11:53
    (TF) Pendant trois semaines, vous avez été
    totalement investi,
  • 11:53 - 11:55
    c'est trois semaines absolument douloureuses,
  • 11:55 - 11:59
    depuis l'annonce de la suppression
    de la publication de L'Hebdo
  • 11:59 - 12:00
    jusqu'à aujourd'hui, ce matin --
  • 12:00 - 12:03
    (MD) Oui, on est drainés, c'est le moins
    qu'on puisse dire.
  • 12:03 - 12:05
    (TF) -- dans Médialogues, qu'est-ce qui
    a été le plus difficile, Michel Danthe?
  • 12:05 - 12:08
    (MD) Écoutez, le plus difficile, pour moi,
    ça a été d'accompagner,
  • 12:09 - 12:11
    je le dis
    avec une certaine forme d'émotion,
  • 12:11 - 12:15
    accompagner des collègues qui,
    parce qu'on a accompagné
  • 12:15 - 12:21
    certains de nos collègues licenciés,
    des gens qui ont pleuré, si vous voulez,
  • 12:21 - 12:30
    qui ont pleuré un idéal qui disparaissait.
    Je suis très ému, donc, voilà.
  • 12:31 - 12:37
    (TF) Michel Danthe, je vous remercie
    beaucoup de venir apporter de l'émotion
  • 12:37 - 12:40
    en ce qui concerne le déroulement
    des faits qui se sont déroulés
  • 12:40 - 12:43
    à l'intérieur de vos rédactions.
  • 12:43 - 12:49
    On va, je crois que tout le monde
    a compris que ça a été des jours
  • 12:49 - 12:52
    et des semaines difficiles, et
    Médialogues ne peut que témoigner
  • 12:52 - 12:57
    sa solidarité en tout cas à l'égard des
    journalistes qui ont perdu leur travail.
  • 12:57 - 12:58
    Je vous laisse poursuiver.
  • 12:58 - 13:02
    (MD) On ne va pas finir sur une note,
    j'allais dire, presque sentimentale.
  • 13:02 - 13:05
    Je pense qu'aujourd'hui,
    ce qu'il faut souhaiter,
  • 13:05 - 13:10
    c'est que les équipes du Temps
    puissent reprendre leur destin en main
  • 13:10 - 13:12
    et que tous les talents qui y restent,
    qui survivent,
  • 13:12 - 13:15
    parce qu'il faut aussi penser à ceux qui
    restent et qui survivent,
  • 13:15 - 13:17
    puissent aujourd'hui
    donner le meilleur d'eux-mêmes
  • 13:17 - 13:19
    pour que ce journal survive.
  • 13:20 - 13:21
    (TF) Qu’est-ce qui vous ferait plaisir,
    à l'avenir?
  • 13:22 - 13:25
    (MD) Que je puisse lire Le Temps
    jusqu'à ma mort.
  • 13:27 - 13:31
    (TF) Michel Danthe, vous avez
    une certaine autorité dans le métier,
  • 13:31 - 13:35
    en raison même de votre expérience.
  • 13:35 - 13:40
    On constate, mois après mois que
    certaines rédactions,
  • 13:40 - 13:43
    nombreuses en Suisse romande, partent
    en déliquescence.
  • 13:44 - 13:47
    On a préparé ensemble une partie
    de cet entretien
  • 13:47 - 13:50
    et je vous avais proposé de dire:
  • 13:50 - 13:54
    "Voilà, au regard de ce délitement des
    rédactions romandes
  • 13:54 - 13:58
    et de ce qu'on considère comme essentiel
    pour la marche démocratique,
  • 13:58 - 14:03
    la bonne marche de la démocratie,
    que faire, quelles solutions?"
  • 14:03 - 14:07
    La semaine dernière, Géraldine Savary,
    conseillère aux États vaudoise, socialiste,
  • 14:07 - 14:09
    disait: "Il faut changer la constitution."
  • 14:10 - 14:15
    Fathi Derder, PLR, conseiller national,
    disait: "Il faut utiliser,
  • 14:15 - 14:20
    pour le développement des nouveaux médias,
    il faut utiliser un budget favorable
  • 14:20 - 14:22
    et qui soutient l'innovation."
  • 14:23 - 14:26
    Vous avez la parole, vous avez
    quelque chose à proposer.
  • 14:26 - 14:27
    Qu'est-ce que vous proposez?
  • 14:27 - 14:30
    (MD) Moi, je pense qu'il faut
    qu'on redéfinisse, si vous voulez,
  • 14:30 - 14:32
    à la fois le rôle des médias
    et leur financement,
  • 14:32 - 14:35
    en faisant table rase du passé
    et en discutant,
  • 14:35 - 14:38
    de manière non dogmatique et pragmatique.
  • 14:38 - 14:40
    Tout le monde est persuadé aujourd'hui,
  • 14:40 - 14:43
    y compris les gens qui nous gouvernent
    à Berlin et à Zurich
  • 14:43 - 14:47
    que le journalisme et son financement
    tel qu'on l'a connu, son financement,
  • 14:47 - 14:53
    son business model, si vous me permettez
    l'expression anglo-saxonne, ont vécu.
  • 14:53 - 14:55
    Il faut trouver des nouvelles formes
    de financement,
  • 14:55 - 14:58
    il faut trouver des nouvelles formes
    d'engagement financier
  • 14:58 - 15:02
    pour pouvoir permettre
    à ce Quatrième Pouvoir d'exister.
  • 15:02 - 15:04
    Et donc, aujourd'hui, je pense
    qu'il faut vraiment,
  • 15:04 - 15:08
    de manière extrêmement non dogmatique,
    se mettre à table et discuter.
  • 15:08 - 15:11
    Il y a des gens qui sont très effrayés
    lorsqu'on dit:
  • 15:11 - 15:13
    "L’État pourrait subventionner les médias."
  • 15:13 - 15:16
    Peut-être que l’État
    ne subventionnera pas des médias,
  • 15:16 - 15:19
    mais l’État pourrait par exemple
    "subventionner" entre guillemets
  • 15:19 - 15:21
    la formation des journalistes,
    si vous voulez.
  • 15:21 - 15:26
    Actuellement, c'est une formation qui est
    bipartite, avec l'employeur l'employé,
  • 15:27 - 15:30
    les gens ont toutes les peines du monde
    à trouver un stage etc.
  • 15:30 - 15:32
    Peut-être que ça serait une forme,
    si vous voulez,
  • 15:32 - 15:37
    de formation qui pourrait être fournie
    par l’État.
  • 15:37 - 15:42
    On pourrait également imaginer
    qu'on puisse créer des fondations
  • 15:42 - 15:46
    qui réuniraient un certain nombre de gens
    intéressés à avoir une presse de qualité
  • 15:46 - 15:50
    en Suisse romande ou en Suisse,
    de manière à lui permettre de vivre.
  • 15:50 - 15:56
    Je pense que vraiment, aujourd'hui,
    de manière pragmatique, non dogmatique,
  • 15:56 - 15:59
    non clivée idéologiquement, avec toujours
    les mêmes slogans --
  • 15:59 - 16:00
    (TF) Mais vous demandez quoi, finalement?
    Concrètement, c'est quoi?
  • 16:00 - 16:03
    Un engagement beaucoup plus fort
    de la part des politiques,
  • 16:03 - 16:06
    parce que pour le moment, beaucoup
    de déclarations d'intention,
  • 16:06 - 16:10
    notamment Pascal Broulis
    et Monsieur Maillard
  • 16:10 - 16:11
    témoignent leur empathie,
  • 16:11 - 16:14
    mais en ce qui concerne les solutions,
    il n'y en a pas beaucoup.
  • 16:14 - 16:16
    Donc finalement,
    qu'est-ce que vous demandez,
  • 16:16 - 16:17
    qu'est-ce que vous demandez
    d'une manière très concrète?
  • 16:17 - 16:20
    Une mobilisation généralisée
    des politiciens?
  • 16:20 - 16:25
    (MD) Mais par exemple, qu'on investisse
    et qu'on utilise de manière pragmatique
  • 16:25 - 16:30
    beaucoup plus d'argent pour assurer
    la métamorphose numérique
  • 16:30 - 16:31
    de toute cette profession.
  • 16:32 - 16:38
    Assurer l'enseignement ou si vous voulez,
    la formation de tous ces journalistes
  • 16:38 - 16:40
    qui, aujourd'hui,
    ne se rendent pas encore compte
  • 16:40 - 16:43
    que leur métier va changer
    de fond en comble.
  • 16:43 - 16:48
    Ça serait déjà une immense chose,
    une sensibilisation à ce niveau-là,
  • 16:48 - 16:52
    et puis ensuite, proposer
    des moyens de financement
  • 16:52 - 16:56
    avec peut-être une fiscalisation
    un tout petit peu plus favorable,
  • 16:56 - 17:00
    de manière à ce que des fondations,
    de manière à ce que des investisseurs,
  • 17:00 - 17:04
    en ayant évidemment établi
    le Chinese Wall, c'est-à-dire le mur
  • 17:04 - 17:08
    qui leur interdira de prendre
    de l'influence, si vous voulez,
  • 17:08 - 17:13
    politique ou idéologique sur les journaux
    qu'ils financeraient via ces fondations,
  • 17:13 - 17:17
    que ces choses-là puissent émerger,
    exister, et voilà: c'est ça que je demande.
  • 17:17 - 17:20
    C'est qu'on redéfinisse maintenant
    de fond en comble
  • 17:20 - 17:24
    le business model et le financement
    de cette presse Quatrième Pouvoir.
  • 17:24 - 17:26
    Aujourd'hui, on peut plus penser
    comme hier.
  • 17:26 - 17:29
    (TF) L'enjeu, c'est lequel?
    C'est corporatiste?
  • 17:29 - 17:30
    (MD) Mais ce n'est pas du tout
    un enjeu corporatiste!
  • 17:30 - 17:32
    C'est un enjeu démocratique et citoyen.
  • 17:32 - 17:35
    Si vous n'avez plus,
    aujourd'hui et demain,
  • 17:35 - 17:39
    une presse qui peut faire contre-pouvoir
    à tout ce que l'on voit.
  • 17:39 - 17:40
    On a beaucoup parlé aujourd'hui,
    par exemple,
  • 17:40 - 17:44
    beaucoup de mes collègues m'ont dit:
    "C'est quand même incroyable de penser
  • 17:44 - 17:47
    qu'on décime aujourd'hui un journal
  • 17:47 - 17:53
    qui s'était engagé dans la voie des
    quality papers etc.,
  • 17:53 - 17:57
    le jour où arrive au pouvoir
    Donald Trump et ses fake news,
  • 17:57 - 18:00
    arrivera peut-être au pouvoir
    Marine Le Pen, arrive... etc.
  • 18:00 - 18:02
    C'est quand même très paradoxal de penser
  • 18:02 - 18:04
    que ces choses-là
    arrivent au même moment."
  • 18:04 - 18:07
    Donc, il faut repenser à nouveaux frais
    ce financement,
  • 18:07 - 18:12
    afin de permettre à cette presse-là
    de subsister dans l'avenir.
  • 18:12 - 18:15
    Elle ne peut pas, à mon avis, subsister
    dans des grands groupes
  • 18:15 - 18:18
    qui ont des objectifs de rentabilité
    tout à fait fantaisistes
  • 18:18 - 18:23
    par rapport à ce que peut aujourd'hui,
    in se per se, rapporter l'information.
  • 18:23 - 18:27
    Aujourd'hui, vous faites votre blé
    avec les petites annonces,
  • 18:27 - 18:29
    vous faites votre blé avec
    les petites annonces érotques,
  • 18:29 - 18:32
    vous faites votre blé avec
    les petites annonces d'autos, etc.
  • 18:32 - 18:36
    Les éditeurs n'ont plus besoin d'accoler
    à ces produits-là
  • 18:36 - 18:37
    des contenus journalistiques.
  • 18:37 - 18:40
    Ils l'ont parfaitement compris et
    ils désinvestissent dans ce domaine.
  • 18:40 - 18:44
    Il faut donc séparer maintenant,
    si vous voulez,
  • 18:44 - 18:47
    la fonction informative de ces
    grands groupes de presse
  • 18:47 - 18:50
    qui, de toute façon,
    n'y voient plus clair.
  • 18:50 - 18:53
    (TF) Pourquoi ne pas avoir lancé
    ce cri d'alarme plus tôt, Michel Danthe?
  • 18:53 - 18:57
    Avec la conviction que vous témoignez
    ce matin?
  • 18:57 - 19:01
    (MD) Thierry Fischer, il n'est jamais
    trop tard pour voir en face de soi
  • 19:01 - 19:03
    la triste réalité.
  • 19:03 - 19:04
    Nous avons été sans doute aveuglés,
  • 19:04 - 19:06
    nous avons sans doute
    effectivement été aveuglés
  • 19:06 - 19:08
    par le confort dans lequel nous étions,
  • 19:08 - 19:12
    nous avons sans doute été aveuglés par
    les succès qu'on a pu avoir.
  • 19:12 - 19:15
    Vous savez, quand on a eu du succès
    dans un certain nombre de domaines
  • 19:15 - 19:18
    de par le passé -- moi, j'ai été
    rédacteur en chef d'un journal
  • 19:18 - 19:22
    dont le principal souci -- c'était
    Le Matin Dimanche à la belle époque --
  • 19:22 - 19:24
    c'était de créer
    des contenus rédactionnels
  • 19:24 - 19:28
    parce qu'on n'arrivait pas à absorber
    toutes les publicités
  • 19:28 - 19:30
    qui nous sautaient contre.
  • 19:30 - 19:32
    Vous voyez, donc j'avais un éditeur
    qui m'avait dit:
  • 19:32 - 19:35
    "Écoutez, Michel Danthe, démerdez-vous,
    faites des cahiers en plus
  • 19:35 - 19:37
    parce qu'on a tellement de publicité
    qu'on ne sait plus où la mettre."
  • 19:38 - 19:41
    Quand on a été nourri dans cet univers-là,
  • 19:41 - 19:44
    hé bien le retour à la réalité d'aujourd'hui
    est difficile.
  • 19:45 - 19:48
    Je bats ma coulpe,
    je bats vraiment ma coulpe,
  • 19:48 - 19:52
    mais voilà: aujourd'hui, on commence
    à y voir très clair, et c'est là --
  • 19:52 - 19:56
    donc notre cri a deux fois plus
    de profondeur.
  • 19:57 - 20:00
    (TF) Michel Danthe, président de
    la Société des rédacteurs et du personnel
  • 20:00 - 20:05
    de RIngier / Axel Springer,
    lundi commence un dernier volet,
  • 20:05 - 20:06
    on va conclure avec ça,
  • 20:06 - 20:08
    c'est la discussion autour
    des plans sociaux,
  • 20:08 - 20:13
    car de nombreux journalistes
    sont licenciés,
  • 20:13 - 20:16
    il n'en restera plus que 16
    dans la rédaction du Temps --
  • 20:16 - 20:18
    (MD) Non, il n'en restera pas
    plus que 16 dans la rédaction du Temps,
  • 20:18 - 20:20
    il en restera un certain nombre, mais --
  • 20:20 - 20:22
    (TF) 16 journalistes
    (MD) Non, 25 journalistes,
  • 20:22 - 20:25
    il ne va pas rester 16 journalistes,
    il va en rester quand même un peu plus.
  • 20:25 - 20:29
    (TF) Oui, le Temps perd 16 journalistes.
    (MD) Oui, le temps a 78 journalistes
  • 20:29 - 20:35
    mais il en perd environ... (TF) un tiers,
    (MD) 20.... 16, 16.
  • 20:36 - 20:37
    On parle de journalistes-journalistes,
  • 20:37 - 20:39
    on n'a pas compté les graphistes,
    on n'a pas compté les iconos,.
  • 20:39 - 20:44
    Oui, hé bien il va y avoir évidemment
    la redéfinition du projet du Temps,
  • 20:44 - 20:48
    Thierry Fischer, qui va se faire lundi,
    et puis il y a négociation du plan social.
  • 20:48 - 20:54
    Alors effectivement, la négociation
    du plan social, on a commencé à la faire
  • 20:54 - 20:58
    mercredi, en ouvrant ce que l'on appelle,
    en termes militaires,
  • 20:58 - 21:01
    c'est l'ancien officier qui parle,
    un tir d'artillerie sur ...
  • 21:01 - 21:03
    une préparation d'artillerie
    sur nos éditeurs,
  • 21:03 - 21:07
    afin qu'ils soient
    un tout petit peu plus généreux
  • 21:07 - 21:10
    que ce qu'ils ont compté être
    aujourd'hui
  • 21:10 - 21:15
    afin que ces 36 licenciés puissent, dans
    un marché du travail en déliquescence
  • 21:15 - 21:17
    et en décomposition, aller,
    aux âges qu'ils ont,
  • 21:17 - 21:19
    parce que ce n'est pas des petits jeunes
    qu'on a licenciés,
  • 21:19 - 21:26
    c'est en majorité des gens qui ont entre
    la cinquantaine et 61, 62 et même 64 ans,
  • 21:26 - 21:29
    que ces gens là puissent partir dignement
  • 21:29 - 21:35
    et avec un package qui soit un package
    honorable, fair play
  • 21:36 - 21:39
    et à la mesure du carnage
    qui a été opéré.
  • 21:39 - 21:44
    (TF) Michel Danthe, on va conclure avec
    cette question en guise de point final:
  • 21:44 - 21:48
    Je suppose votre réponse, mais
    je vous la pose quand même:
  • 21:48 - 21:54
    Faut-il laisser aux seuls éditeurs le soin
    d'avoir le droit de vie ou de mort
  • 21:54 - 21:58
    sur des publications que l'on considère
    indispensables pour la démocratie?
  • 21:58 - 22:02
    (MD) Bien sûr que non, moi je suis
    pleinement de l'avis de Klaus Schwab,
  • 22:02 - 22:05
    ça va surprendre tout le monde, mais il a
    développé la théorie des stakeholders,
  • 22:05 - 22:07
    les parties prenantes.
  • 22:07 - 22:10
    L'éditeur n'est qu'une partie prenante,
    les autres parties prenantes, ce sont
  • 22:10 - 22:13
    les citoyens, les lecteurs,
    les journalistes,
  • 22:13 - 22:15
    les gens qui vivent de cette information,
  • 22:15 - 22:17
    et il n'y a pas que les journalistes
    qui vivent de cette information,
  • 22:17 - 22:20
    il y a également les lecteurs,
    il y a également les politiciens.
  • 22:20 - 22:24
    Et je pense que c'est à ces gens là,
    à ces stakeholders là, aujourd'hui,
  • 22:24 - 22:26
    de prendre leur destin en main.
  • 22:26 - 22:31
    (TF) MIchel Danthe, journaliste
    d'expérience, depuis près de 40 ans
  • 22:31 - 22:35
    dans le journalisme, dans de nombreuses
    rédactions de Suisse romande,
  • 22:35 - 22:40
    aujourd'hui licencié du groupe
    Ringier / Axel Springer et surtout
  • 22:40 - 22:43
    encore président de la Société
    des rédacteurs et du personnel
  • 22:43 - 22:45
    de Ringier / Axel Springer,
  • 22:45 - 22:49
    Médialogues vous souhaite pleine réussite
    dans votre toute prochaine négociation,
  • 22:49 - 22:52
    Médialogues vous remercie également
    d'être venu en direct
  • 22:52 - 22:55
    pour témoigner de votre passion,
    de votre idéal.
  • 22:55 - 22:57
    (MD) Merci, Thierry Fischer.
  • 22:57 - 22:59
    (Jingle) Médialogues.
Title:
Le point final du journaliste
Description:

RTS Médialoigues, 28 février 2017, https://www.rts.ch/play/radio/medialogues/audio/le-point-final-du-journaliste?id=8367771 :

"Trente-six postes supprimés parmi les équipes du Temps et de feu L'Hebdo à Lausanne. Un journaliste qui figure au nombre des personnes licenciées après la disparition de lʹHebdo témoigne.
Avec :
Michel Danthe, journaliste, ex représentant de la société des rédacteurs et des personnels de la newsroom Ringier Axel Springer. "

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Video Language:
French
Team:
Captions Requested
Duration:
23:04

French subtitles

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